Un jeune homme heureux d'enlever son masque anti Covid-19.
De nouvelles mesures sanitaires se lèvent au 1er février : gare, toutefois, à ne pas se réjouir trop vite de la fin de l'épidémie de Covid-19... ©Freepik

Plus d’isolement en cas d’infection, fin des tests pour les cas contact et des arrêts de travail dérogatoires… Face à la réduction flagrante du nombre de cas de Covid-19, la France réduit ses mesures sanitaires en mettant fin notamment au fameux “tester, tracer, isoler” en vigueur depuis trois ans. Si les Français ont appris à vivre avec la maladie, cela signifie-t-il pour autant la fin réelle de la pandémie ? Le point sur ce qui change au 1er février et sur l’appel à la vigilance lancé par la communauté scientifique.

L’épidémie de Covid-19, après trois ans de crise, de confinements et de mesures drastiques, est-elle vraiment derrière nous ? Tout concoure à renforcer ce sentiment : moins de 5000 cas par jour “seulement”, des vagues épidémiques dont on a perdu le compte, une contagion moindre, un battage médiatique en berne… Et, surtout, des mesures qui s’allègent.

Qu’est ce qui change au 1er février ?

À compter de ce 1er février, de nombreuses mesures anti-Covid, en vigueur depuis plus de deux ans, vont prendre fin. Le gouvernement a en effet annoncé la fin du repérage systématique des cas de Covid-19. En abandonnant la stratégie du “tester, tracer, isoler”, le ministère de la Santé ne fait qu’officialiser un état de fait, tant le nombre de signalements avait déjà baissé.

Concrètement, un cas positif ne sera plus tenu de s’isoler durant cinq jours. En cas de test positif, il ne sera plus délivré d’arrêt de travail dérogatoire systématique. Celui-ci sera désormais délivré par le médecin traitant, comme pour toute autre maladie. Enfin, l’obligation du test de dépistage pour les cas contacts est également abrogée. Le service “Contact Covid” de l’Assurance maladie a donc de fait cessé de fonctionner.

Le Covid-19 entre en phase endémique

Les autorités sanitaires desserrent la vis. Mais cela signifie-t-il pour autant que le virus a totalement disparu ? Pas forcément. Le Pr Antoine Flahault, épidémiologiste à Genêve, a déclaré à nos confrères de La Dépèche que le virus “reste l’un des tout premiers tueurs dans le monde, mais un tueur qui a enfin cessé de saturer nos hôpitaux et nos morgues”. En somme, un virus avec lequel nous avons enfin appris à vivre, comme l’espérait de longue date l’infectiologue lyonnais Bruno Lina. Une page se tourne, et la phase dite “pandémique” laisse la place à une phase “endémique”, avec une maladie durablement installée dans notre quotidien.

Face à l’épidémie, nous sommes donc passés de l’obligation à la recommandation. “Comme pour toute maladie à infection respiratoire aiguë, il reste fortement recommandé aux personnes testées positives au Covid-19, ainsi qu’aux personnes ayant été exposées à une personne contagieuse et susceptible de développer la maladie, de respecter les gestes barrière, de se faire tester et d’éviter le contact avec les personnes fragiles”, rappelle la Direction générale de la Santé. Inquiétant, lorsque l’on sait tout le mal des Français à appliquer de simples recommandations ?

Pour l’OMS, il ne faut pas “sous-estimer le virus”

La communauté scientifique, dans cette atmosphère de fin de pandémie, continue en effet de jouer la carte de la vigilance. Elle s’inquiète de la disparition, à compter de ce 1er février, de la stratégie de contact tracing, qui permettait de surveiller l’évolution et la propagation du virus. “Ce n’est pas parce qu’on arrête de le suivre que le virus est terminé”, confirmait ainsi l’infectiologue Benjamin Davido au micro de BFM TV.

La France n’est pas à l’abri d’une nouvelle vague et/ou de l’émergence d’un super-variant. Nul ne peut dire avec certitude de quelle manière l’épidémie va évoluer en Chine, où la levée des mesures sanitaires a semé le chaos. Et comment interpréter aussi, au milieu de cette ambiance ultra positive, la décision de l’OMS, ce lundi 30 janvier, de maintenir son niveau d’alerte maximal ?

Selon l’Organisation Mondiale de la santé, l’épidémie de Covid-19, qui a déjà frappé 752 millions de personnes à travers le monde depuis janvier 2020 et causé 7 millions de décès, est en phase de “transition”. “Nous entrons dans la quatrième année de pandémie et il ne fait aucun doute que nous sommes dans une bien meilleure situation qu’il y a un an, quand la vague Omicron était à son apogée”, reconnaît son directeur général, Tedros Ghebreyesus. Mais “au cours des huit dernières semaines, plus de 170 000 personnes ont encore perdu la vie”, dont la moitié en Chine.

Le 24 janvier dernier, le patron de l’OMS résumait ainsi son inquiétude lors d’une conférence de presse à Genève : “ne sous-estimez pas ce virus ! Il nous a surpris et continuera de nous surprendre. Et il continuera de tuer, à moins que nous ne fassions plus pour fournir les moyens sanitaires aux personnes qui en ont besoin et pour lutter contre la désinformation à l’échelle mondiale”.

À SAVOIR

La circulation du virus du Covid-19 s’est profondément ralentie ces dernières semaines. Au 31 janvier, le taux d’incidence national est tombé en dessous du seuil d’alerte de 50 cas pour 100 000 habitants. On recense en -moyenne 4462 cas quotidiens, soit 5% de moins que la semaine précédente. La pression hospitalière s’est également considérablement amoindrie, avec 17,1% de lits de soins critiques occupés par des malades du Covid-19 et 29 nouvelles admissions par jour (-18% par rapport à la semaine précédente).

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Ma Santé

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Journaliste expert santé / Rédacteur en chef adjoint du Groupe Ma Santé. Journaliste depuis 25 ans, Philippe Frieh a évolué dans la presse quotidienne régionale avant de rejoindre la presse magazine pour mettre son savoir-faire éditorial au service de l'un de ses domaines de prédilection, la santé, forme et bien-être. Très attaché à la rigueur éditoriale, à la pertinence de l'investigation et au respect de la langue française, il façonne des écrits aux vertus résolument préventives et pédagogiques, accessibles à tous les lecteurs.

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