Victimes collatérales de la pandémie de Covid-19, les médecins de montagne sont aujourd’hui au repos forcé. Faute de patients à soigner dans leurs cabinets en altitude. Une situation qui risque de s’aggraver avec la fermeture probable des stations des Alpes jusqu’à la fin de la saison. Alors que l’Etat tarde à réagir, Laurent Wauquiez, président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, s’est engagé à apporter une aide rapide sous forme de prêts garantis.
Alors que la campagne de vaccination tarde à produire ses effets, la fermeture des stations de ski depuis le début de la saison, et probablement jusqu’à la fin de l’hiver, met toute l’économie de montagne sur le flanc. Les commerçants, restaurateurs, hôteliers, résidents à temps plein ou saisonniers, font grise mine. Autre profession directement impacté par les mesures gouvernementales, les médecins de montagne. Dans un communiqué, l’URPS Médecins libéraux Auvergne-Rhône-Alpes demande “des mesures urgentes pour les médecins de montagne” de la région.
Trois cents médecins de montagne en situation très précaire
Cette préconisation concernait environ 300 professionnels de santé. Des praticiens tenus par une obligation de service publique. “Une station ne peut pas ouvrir si elle n’a pas un médecin de montagne“, précise le docteur Pierre-Jean Ternamian, président de l’URPS. Ce dernier site l’exemple d’un cabinet implanté à Avoriaz. En période hivernale, ce cabinet tourne en moyenne à 110 visites par jour. Actuellement, avec la Covid-19 et la fermeture des remontées mécaniques, il n’enregistre que cinq pauvres visites quotidiennes. Et encore, la plupart de ces consultations concernent la réalisation d’un test PCR.
“L’annonce de la poursuite de la fermeture des remontées mécaniques dans les stations de ski met en péril la survie de nombreux cabinets médicaux. Il en est de même pour les autres professions de santé avec qui les médecins collaborent (kinésithérapeutes, infirmiers…)“, s’inquiète l’union régionale.
De nombreux cabinets en station risquent de fermer définitivement
De fait, la plupart des cabinets médicaux sont des petites entreprises à taille humaine avec des salariés permanents et intérimaires. Ces cabinets prennent en charge les habitants de leur commune mais souvent aussi ceux des vallées environnantes. “Par leur activité, ils déchargent les hôpitaux situés sur ces territoires. Par exemple, ils prennent en charge 95% des victimes de traumatismes en station et évitent ainsi leur hospitalisation“.
Selon l’URPS Médecins Libéraux Auvergne-Rhône-Alpes, “sans mesures urgentes, de nombreux cabinets médicaux vont devoir fermer, ne pouvant plus assumer le fonctionnement de leur entreprise, faute d’activité. Avec toutes les conséquences en chaîne que subiront le personnel, les communes mais aussi la région à cause de l’effondrement de l’activité touristique“.
Laurent Wauquiez au chevet des médecins de montagne
Dans ce contexte sanitaire inédit, l’URPS Médecins libéraux Auvergne-Rhône-Alpes demande donc à l’Etat et aux collectivités locales, des mesures urgentes et conséquentes pour les médecins libéraux de montagne des Alpes et d’Auvergne. “Il en va de leur survie mais aussi de la survie économique de nos territoires de montagne“, conclut le communiqué de l’URPS.
Un sentiment confirmé par le docteur Pierre-Jean Ternamian. Ce dernier regrette qu’à la différence des commerçants par exemple, les médecins de montagne ne bénéficient d’aucune aide de l’Etat. “Or, ils ont autant de charges“.
Dans ce contexte d’urgence, une réunion en visioconférence a été organisée mercredi entre la direction de l’URPS Médecins Libéraux Auvergne-Rhône-Alpes et Laurent Wauquiez. Dans un premier temps, le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes s’est engagé à proposer des prêts à taux zéro garantis par la Région.
Une réflexion est également en cours pour changer le statut des cabinets médicaux de montagne. Objectif : transformer ses cabinets de montagne en entreprise à part entière afin de pouvoir bénéficier du fonds de solidarité et des aides de l’Etat. Affaire à suivre…
A SAVOIR
Les médecins de montagne ne figurent pas sur les listes S1 ou S1bis du fonds de solidarité, catégories concernant les entreprises frappées directement ou pas par la crise.