BD Covid HCL
Le Dr Lejeune, invité de l'émission Votre Santé. ©DR

Alors que les professionnels de santé sont en première ligne de l’épidémie du coronavirus, certains émettent le besoin d’exprimer ce qu’ils ressentent durant cette période sanitaire inédite. C’est le cas du docteur Olivier Lejeune, addictologue aux Hospices Civils de Lyon, qui a présenté dans l’émission Votre Santé, sur BFM Lyon, son témoignage de l’impact de la première vague dans les hôpitaux lyonnais. En bande dessinée !

Les vagues du Covid s’enchaînent et laissent des marques profondes sur leur passage. Pour surmonter cette période difficile, il faut parfois mettre des mots ou plutôt des images sur la situation actuelle. C’est ce qu’à fait Olivier Lejeune, addictologue aux Hospices Civils de Lyon, en dessinant sa première BD intitulée « La Vague, au cœur de la tempête ». Il raconte ainsi les différentes étapes de la crise sanitaire au sein d’un service débordé par la pandémie. Une jolie histoire présentée en direct sur BFM TV Lyon dans l’émission Votre Santé sur BFM Lyon, animée par Elodie Poyade et Pascal Auclair.

Une BD qui témoigne de la réalité

Comment vous est venu l’idée de faire cette bande dessinée ? 

Une vague sur la plage, l’image du départ. ©DR

Olivier Lejeune : Tout est parti d’un dessin, celui qui se trouve à la page 10 de la BD qui correspond au dessin de la vague. Lorsque l’on s’est retrouvé sans plus aucun patient dans les services car ils avaient été déprogrammés. On avait l’impression d’être sur une plage avec le reflux de la marée. On entendait le bruit de la vague qui arrivait avec le bruit des médias et leurs informations.

Donc, dans un premier temps, j’ai dessiné cette page puis tout s’est rapidement enchaîné. Cela a beaucoup plu à mes collègues, à mes amis à qui j’envoyais mes dessins sur les réseaux sociaux. Puis, il y a eu une proposition d’édition.

C’est votre histoire que l’on retrouve dans cette BD ?

Il s’agit de personnages agglomérés. On retrouve des morceaux d’un peu tout le monde que j’ai mélangé. Je ne voulais pas que des gens se reconnaissent dans la BD.

Vous avez eu ce besoin de témoigner de ce quotidien avec cette vague qui a déferlé sur vous ?

Les gens me parlent souvent de témoignage mais, sur le coup, c’était plus une façon de garder la main sur ce qu’il m’arrivait. Tout nous était imposé. C’est une façon de réinterpréter la partition complètement cacophonique du Covid. Il faut quand même avoir envie d’y aller tous les matins pour s’occuper des patients !

Un personnel hospitalier submergé par la crise sanitaire

Vous racontez cette urgence dans laquelle vous avez dû vous adapter, vous l’addictologue. Vous avez été complètement submergé par ce qu’il s’est passé ?

Oui, car en parallèle, il y avait tous les autres patients dont on avait la charge. Tous nos patients d’addictologie dont on ne pouvait plus s’occuper. Les consultations se faisaient à distance, nous n’étions pas vraiment habitués à cela. Le service était également fermé. En ce moment, on rattrape encore les gens qui ont rechuté sur le premier confinement. Ils vivent ça de manière extrêmement douloureuse. C’est pour eux une catastrophe.

On évoque souvent la lassitude du personnel hospitalier. Avez-vous du personnel soignant, autour de vous, au bord de la crise de nerfs ?

Il n’y a pas de crise de nerfs. Cependant, le plus compliqué pour nous, c’est de changer de configuration toutes les semaines. On ouvre puis on ferme. La dernière image de la bande dessinée, où l’affreux Covid joue de l’accordéon, illustre parfaitement cette situation. Nous avons l’impression d’être à l’intérieur de l’accordéon. Je pense que nous arrivons à tenir car nous nous entendons tous très bien.

“Il y a une forme de convivialité à la relève”

Avez-vous une image qui résumerait parfaitement vos propos et qui expliquerait le quotidien d’un personnel hospitalier en période de crise sanitaire ?

Au moment où l’on se retrouve tous, c’est-à-dire à la relève, on va pouvoir transmettre nos informations et échanger. Il y a une forme de convivialité à la relève, alors que la convivialité est une chose un peu difficile à avoir en ce moment. On retrouve une vraie convivialité sans forcément boire ou manger. C’est un moment important. On peut se faire des blagues, raconter des histoires…

C’est faire un petit pas de côté à chaque fois. C’est un peu ce que je faisais avec les planches de bande dessinée. Les gens venaient me voir en me disant qu’ils avaient une idée et demandaient si je pouvais la dessiner.  En ce moment, ça continue un peu même si je ne fais plus de planches. Je continue seulement à faire quelques dessins sur mon compte Instagram.

Est-ce que vous pensiez un jour vivre une période aussi inédite et angoissante ?

Je n’en avais aucune d’idée. Mais ce qui est assez drôle, c’est que d’habitude, je fais plus des histoires de science-fiction. Si j’avais fait cette histoire, il y a deux ans, cela aurait été une magnifique histoire de science-fiction. Je ne l’avais pas imaginé et j’espère que cela va s’arrêter rapidement.

Une épidémie loin d’être terminée

Même si les chiffres ont baissé, la tension est réelle dans les hôpitaux. La tension est-elle un peu retombée dans votre service ? Avez-vous encore des patients Covid ?

Non, nos derniers patients Covid sont partis à la fin de l’année. Les deux premières vagues ont été très différentes. Lors de la première vague, on avait plus de temps, d’espace, on avait annulé toutes nos consultations. Contrairement à maintenant où l’on mène tout de front. Il faut assurer à la fois le service normal et on regarde tous les jours les indicateurs. Nous avons des réunions Covid très régulièrement pour savoir par exemple quelle unité va réouvrir, avec combien de lits, etc. Chaque semaine, on ne s’est pas comment la semaine d’après va se dérouler. La pression est plutôt de ce côté-là.

Avec les variants et les chiffres qui ne cessent de remonter, vous vous dites que ce n’est pas fini dans votre service ?

Je ne sens pas la fin du tout. J’ai l’impression que le Covid a signé pour une troisième vague. Évidemment, j’espère que ça sera la dernière.

En tant que professionnel de santé, que pensez-vous des décisions qui sont prises actuellement ? Etes-vous favorable à un reconfinement ?

Pour mes patients, le confinement serait une catastrophe. Après, il y a la réalité sanitaire. Je suis ni infectiologue, ni épidémiologiste donc je n’ai pas les éléments de jugement pour prendre les décisions. Il y aura forcément des conséquences terribles mais ces décisions restent difficiles à prendre.

Pour voir l’émission Votre Santé du 28 janvier en replay sur BFM Lyon.

À SAVOIR

La bande dessinée “La vague, au coeur de la tempête” est parue le 21 janvier 2021 aux éditions Humensciences (12€). Il raconte avec humour le quotidien d’un étudiant en médecine mobilisé dans un grand hôpital pour lutter contre la pandémie de Covid-19. Son auteur, Olivier Luge, est le Dr Olivier Lejeune, addictologue au CHU de la Croix-Rousse.

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