Une tasse qui se remplit de décaféiné.
L'Agence Européenne pour la Sécurité des Aliments (EFSA) recommande de ne pas dépasser 400 mg de caféine par jour pour un adulte en bonne santé, soit l'équivalent de 3 tasses de café par jour. © Freepik

Plus doux, moins excitant, parfois bio… Le café décaféiné, ou “déca”, a tout pour séduire les amateurs de petit noir qui veulent éviter les insomnies et les palpitations. Mais derrière cette alternative au café classique, beaucoup de consommateurs s’interrogent : que cache vraiment le déca ? Est-il aussi sain qu’on le dit, ou présente-t-il des risques méconnus ? Décryptage.

Contrairement à une idée reçue, le décaféiné n’est jamais totalement dépourvu de caféine. La réglementation européenne fixe un seuil. Pour qu’un café soit estampillé « décaféiné », il doit contenir moins de 0,1 % de caféine dans le produit sec. Cela représente en moyenne 2 à 5 mg par tasse de 240 ml, alors qu’un café filtre en contient 80 à 120 mg.

En clair, pour ressentir l’effet excitant équivalent à une tasse de café classique, il faudrait boire entre 5 et 10 tasses de décaféiné. Mais attention, chez les personnes sensibles (femmes enceintes, personnes cardiaques ou insomniaques), même cette petite dose résiduelle peut suffire à provoquer nervosité, palpitations ou troubles du sommeil.

La question n’est pas tant « faut-il boire du décaféiné ? » que « comment a-t-il été décaféiné ? ». Trois grandes méthodes coexistent aujourd’hui :

  • La méthode à l’eau : les grains de café sont immergés dans de l’eau chaude. La caféine est dissoute puis filtrée grâce à un charbon actif. Cette méthode, appelée « Swiss Water », est 100 % naturelle, sans produits chimiques. Elle est privilégiée par les cafés bio.
  • La méthode au CO₂ supercritique : ici, on utilise du dioxyde de carbone sous pression pour capturer la caféine. Jusqu’à 97 à 99 % de caféine éliminée, avec des arômes bien conservés. C’est une technique moderne, efficace, mais plus coûteuse.
  • La méthode aux solvants chimiques : c’est la plus répandue dans l’industrie car elle est moins chère. Des solvants comme le dichlorométhane ou l’acétate d’éthyle sont utilisés pour dissoudre la caféine. Ensuite, les grains sont chauffés pour évaporer les résidus.

Ce dernier procédé inquiète souvent. Mais la législation européenne est stricte : la directive 2009/32/CE limite les résidus de dichlorométhane à 2 mg/kg dans le café torréfié. À titre de comparaison, c’est un niveau jugé sans danger, des dizaines de fois inférieur aux seuils considérés comme problématiques par les agences de santé. De plus, la torréfaction à plus de 200 °C détruit la majorité des résidus.

Les bénéfices santé du déca

On pourrait croire qu’en retirant la caféine, on retire aussi les bienfaits du café. Faux. Le décaféiné garde une bonne partie de ses propriétés intéressantes.

  • Des antioxydants en quantité : le décaféiné contient encore des polyphénols, de l’acide chlorogénique et des lignanes. Ces composés jouent un rôle clé contre le stress oxydatif, ralentissent le vieillissement cellulaire et participent à la régulation du glucose.
  • Un allié contre le diabète : une méta-analyse regroupant 28 études a montré qu’une tasse de décaféiné par jour réduisait le risque de diabète de type 2 de 6 %. Le café classique fait un peu mieux (9 %), mais l’effet reste significatif.
  • Une protection du foie: comme le café normal, le décaféiné contient du kahweol et du cafestol, deux molécules qui stimulent la production de glutathion, un puissant antioxydant naturel. Cela protège le foie contre certaines toxines, comme l’aflatoxine.

Les risques et inconvénients à connaître

Le café décaféiné n’est pas parfait. Certaines précautions s’imposent.

  • Des troubles digestifs possibles : le déca reste acide. Consommé à jeun ou en excès, il peut irriter la muqueuse de l’estomac, entraînant brûlures, reflux ou ballonnements.
  • Un impact sur le cholestérol : certaines études suggèrent une légère augmentation du LDL, le « mauvais cholestérol », chez les grands consommateurs de décaféiné, notamment selon la méthode de décaféination utilisée.
  • Une perte de calcium : comme le café classique, le déca diminue légèrement l’absorption du calcium. Une tasse ferait perdre environ 4 à 6 mg de calcium, ce qui reste modeste mais peut être problématique pour les personnes sujettes à l’ostéoporose.
  • Un reste de caféine : même si la quantité est faible, elle n’est pas nulle. Pour une femme enceinte, par exemple, l’Agence européenne de sécurité alimentaire (EFSA) recommande de ne pas dépasser 200 mg de caféine par jour. Le décaféiné peut donc s’intégrer dans cette limite, mais ne doit pas être considéré comme totalement neutre.

Oui, sans hésiter. Tout dépend du procédé de décaféination. Si vous voulez un café plus sûr :

  • Choisissez du bio : la certification garantit l’absence de solvants chimiques.
  • Vérifiez l’étiquette : les mentions « décaféiné à l’eau » ou « au CO₂ » sont les meilleures garanties.
  • Faites confiance aux torréfacteurs transparents : en France, des marques comme Malongo ou Café Michel proposent des décas bio décaféinés à l’eau, sans solvants.

Alors, le décaféiné est-il mauvais pour la santé ? La réponse est claire : non, il ne l’est pas. Bien au contraire, il conserve une bonne partie des bénéfices du café classique (antioxydants, protection cardiovasculaire, prévention du diabète) tout en évitant les excès de caféine.

Mais attention, il n’est pas non plus un produit « magique » ou totalement neutre. Les procédés aux solvants, même très encadrés en Europe, laissent planer un doute. Et son acidité peut gêner les estomacs fragiles.

À SAVOIR 

En France, selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES), environ 30 % des adultes dépassent les seuils de caféine susceptibles de générer de l’anxiété, et près de 7 % atteignent des niveaux associés à des risques chroniques (impact sur la santé osseuse ou cardiovasculaire, fertilité, cancer…).

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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