Le risque de développer un diabète de type 2 avec deux parents diabétiques serait de… 60%. Si d’autres facteurs entrent en ligne de compte, l’hérédité influence donc bel et bien la survenue de la maladie, comme le confirment plusieurs études épidémiologiques. Un élément déterminant mais trop souvent ignoré, selon la Fédération Française des Diabétiques, qui en a fait le coeur de sa sensibilisation à l’occasion de la Semaine Nationale de Prévention 2025. Décryptage.
“Ma mère est diabétique, est-ce que ça veut dire que je vais l’être aussi ?” Voilà une question qui revient souvent dans les cabinets médicaux. Et pour cause, le diabète touche plus de 4 millions de personnes en France, dont 92 % sont atteintes de diabète de type 2.
Face à ces chiffres, l’idée d’un “diabète héréditaire” interroge, inquiète… et parfois pousse à l’inaction, comme si l’affaire était pliée dès la naissance. Alors qu’en réalité, comme l’explique le Pr Jean-François Gautier, “le diabète est une maladie multigénique, multifactorielle et hétérogène”. Autrement dit, l’héritage génétique existe, mais ce n’est qu’une pièce du puzzle.
L’hérédité dans le diabète : un poids non négligeable
Le diabète de type 2 : héréditaire ou pas ?
Le professeur Gautier, membre du Conseil des Sages de la Société Francophone du Diabète, ne mâche pas ses mots : “Le diabète de type 2 est une maladie à forte composante génétique.” Alors, oui, le diabète est bel et bien influencé par des facteurs génétiques et les études épidémiologiques montrent des chiffres sans appel :
- Si un parent est atteint de diabète de type 2, votre risque personnel grimpe à 40 %.
- Si les deux parents sont diabétiques, ce risque bondit à 60 %.
- Chez des jumeaux monozygotes, ce taux dépasse 90 % !
Depuis 2007, les études de génétique ont permis d’identifier plus de 500 loci associés au diabète de type 2. Mais, nuance importante, comme le souligne le Pr Jean-François Gautier : “Ces variantes n’expliquent que moins de 20 % de l’héritabilité.” Le reste est à chercher du côté de l’environnement, des habitudes de vie et d’alimentation et d’autres déclencheurs métaboliques.
Diabète de type 1 : une autre partition génétique
Moins courant mais plus connu du grand public, le diabète de type 1 obéit à d’autres règles. Il est également influencé par l’hérédité, mais avec un poids génétique différent :
- Si votre père est atteint : 7 % de risque
- Si votre mère est atteinte : 3 %
- Chez les jumeaux homozygotes : 30 à 60 %
Ce type de diabète, lié à une réaction auto-immune, combine génétique et déclencheurs environnementaux (virus, infections…).
Diabète héréditaire : un risque réel, mais modifiable
Prédisposé n’est pas condamné
Emmanuelle Lecornet-Sokol, présidente de la Fédération Française des Endocrino-Diabétologues (FENAREDIAM), rappelle que “l’hérédité n’est pas une condamnation mais un signal d’alerte”. Et c’est bien là tout l’enjeu. Connaître ses antécédents familiaux, c’est justement ce qui permet d’agir en amont. C’est ce que veut marteler la campagne de prévention 2025 : savoir, c’est pouvoir et surtout prévenir.
D’ailleurs, pour les personnes à risque, des dispositifs simples existent. Le test FINDRISC, par exemple, validé par la Haute Autorité de Santé (HAS) et promu par la Fédération, permet en quelques minutes de mesurer sa probabilité de développer un diabète de type 2 dans les 10 ans. Un outil “simple, rapide, reconnu”, comme le rappelle Audrey Namur, responsable de la stratégie prévention à la Fédération Française des Diabétiques.
Un mode de vie sain en prévention
Avoir un terrain génétique “diabétique” n’est pas une fatalité. De nombreuses études ont montré qu’un mode de vie sain peut repousser, voire empêcher, l’apparition du diabète, même chez les personnes à haut risque.
Parmi les leviers exposés :
- activité physique régulière (30 min/jour)
- alimentation riche en fibres, légumes, céréales complètes
- réduction des sucres rapides
- perte de poids si besoin
- arrêt du tabac
- surveillance régulière de la glycémie
Quand l’hérédité commence in utero
L’hérédité ne s’arrête pas aux chromosomes transmis par papa et maman. Elle commence parfois dès la grossesse. Lorsqu’une femme est atteinte de diabète gestationnel, son enfant court un risque nettement plus élevé de développer un diabète à son tour. Le chiffre avancé par la Fédération est sans appel : “risque multiplié par 8”.
Et ce risque ne s’explique pas uniquement par le patrimoine génétique. Comme l’explique Emmanuelle Lecornet-Sokol, “le méthylome maternel modifie le méthylome des enfants, ce qui pourrait influencer leur métabolisme à long terme”. Autrement dit, certaines “empreintes” biologiques posées pendant la grossesse peuvent conditionner le futur métabolique de l’enfant. On parle ici d’épigénétique.
À SAVOIR
Pour la 14ᵉ Semaine Nationale de Prévention du Diabète, la Fédération Française des Diabétiques met en avant un aspect encore trop peu connu : la génétique. Du 1er au 8 juin 2025, une série d’événements, de webinaires et de temps forts seront déployés à travers la France pour informer et prévenir.