L'insomnie, l'autre mal du siècle... © jcomp sur Freepik

Vous avec du mal à vous endormir ? Votre nuit est agitée ? Vous-vous réveillez fréquemment ? Peut-être souffrez-vous de troubles du sommeil. Neurologue à Lyon, spécialiste des troubles du sommeil, le Dr Sophie Cespuglio Gehin répond à vos questions sur cette pathologie qui touche un Français sur deux.

Qu’est-ce que l’insomnie ?

L’insomnie se traduit par des difficultés à s’endormir ou des éveils nocturnes anormalement longs avec des difficultés à se rendormir. Ces troubles vont générer une fatigue la journée et un retentissement sur l’état général du patient.

Existe-t-il plusieurs formes d’insomnie ?

Oui, il y a l’insomnie aigüe qui intervient de manière brutale et assez brève (de l’ordre de quelques semaines) dans un contexte émotionnel douloureux, que ce soit consécutivement à un deuil, une perte d’emploi ou une séparation par exemple. Si les difficultés à dormir durent plus de trois mois, on parle d’insomnie chronique.

Spécialiste des troubles du sommeil, Sophie Cespuglio Gehin consulte à la Clinique du Tonkin et à la Clinique du Parc
Le docteur Sophie Cespuglio Gehin, neurologue à Lyon ©P.Auclair

L’insomnie est-elle fréquente ?

Oui, on estime qu’environ un adulte sur deux souffre ou souffrira d’insomnie dans sa vie. Par ailleurs, les statistiques démontrent que les femmes sont deux fois plus touchées que les hommes. Dans tous les cas, l’essentiel est que la phase d’insomnie aigüe ne bascule pas ensuite sur une insomnie chronique.

Les enfants sont-ils aussi sujets à l’insomnie ?

Oui, bien sûr. Dans la plupart des cas, on est confronté chez l’enfant à des problèmes d’endormissement liés au stress, les éveils nocturnes précoces étant plus rares.

Traite-t-on l’insomnie chronique comme l’insomnie aigüe ?

Non. L’insomnie aigüe se traite par des conseils de comportement mais aussi par des traitements médicamenteux qui évitent parfois de tomber dans l’insomnie chronique. Malheureusement, je me retrouve souvent face à des patients qui souffrent d’insomnie chronique alors qu’ils sont sous médicaments depuis plusieurs années… La priorité est d’écouter le patient pour comprendre l’origine de son insomnie, connaître ses douleurs, ses souffrances émotionnelles qui vont l’empêcher de lâcher prise et déclencher les signaux d’alerte l’empêchant de plonger dans le sommeil.

Les médecines douces sont-elles efficaces pour traiter l’insomnie ?

Bien sûr. Il peut s’agir de la sophrologie, de l’hypnose ou d’autres techniques qui vont permettre à l’insomniaque de lâcher prise, lui fournir des outils pour apaiser les structures de l’éveil.

Et les produits à base de plantes ?

Comme pour les “vrais” médicaments, ils constituent une façon de proposer au patient une solution “miracle” à ses troubles du sommeil, une sorte de bouée de sauvetage à laquelle il va s’accrocher durant un temps. Mais cela ne règle pas le problème de fond.

Comment, alors, traiter l’insomnie sur le fond ?

En redonnant confiance dans sa capacité à s’endormir, en diminuant son état d’hyper éveil et d’alerte et en réinstallant les signaux du sommeil.

Quel est le danger qui guette l’insomniaque ?

Tomber dans le cercle vicieux de l’insomnie: moins je dors, moins j’ai confiance dans ma capacité à m’endormir, plus je me stresse et plus les signaux d’alerte de l’éveil sont puissants et bloquent les structures du sommeil.

Comment casser ce cercle vicieux ?

En introduisant chez le patient la notion de pression de sommeil. Dans ce cas, la restriction du temps passé au lit constitue la technique comportementale la plus efficace. En effet, on constate que bien souvent, les patients passent trop de temps dans leur lit, parfois jusqu’à 10 ou 12 heures pour seulement 4 ou 5 heures de sommeil. Ils anticipent leur besoin en sommeil avec, au final, l’effet inverse. On va donc étudier leur agenda de sommeil, se caler sur leur horloge biologique et leur demander de se coucher quand ils ont vraiment sommeil et de se lever tôt et à heure fixe.

Et pour les problèmes d’éveil nocturne ?

On va demander au patient de se relever plutôt que de tourner dans son lit, de sortir de sa chambre et de pratiquer une activité positive, calme, tranquille jusqu’à ce que le sommeil revienne. Cela aide le cerveau à rester positif et à se déconditionner de pensées stressantes.

À SAVOIR

L’insomnie a un retentissant sur la vie quotidienne à court mais aussi à long terme. Des études ont ainsi démontré qu’une insomnie chronique pouvait constituer un facteur aggravant voire déclenchant dans la survenue d’une dépression. L’insomnie chronique ferait aussi  courir un risque accrue d’hypertension artérielle, de diabète de type 2, d’infarctus du myocarde et autres insuffisantes cardiaques.

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Enfant des radios locales, aujourd'hui homme de médias, il fait partager son expertise de la santé sur les supports print, web et TV du groupe Ma Santé AuRA.

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