Le phénomène de dénutrition touche les séniors aussi bien à domicile qu'en milieu hospitalier ou en Ehpad. ©Shutterstock

« Maigrir c’est mourir ». Ce cri d’alarme, lancé par le professeur Eric Fontaine, responsable de l’unité de nutrition artificielle du CHU de Grenoble et ancien président de la Société francophone nutrition clinique et métabolisme (SFNEP), vise à alerter les professionnels de santé, les pouvoirs publics et l’opinion publique sur les dangers de la dénutrition. « On parle […]

« Maigrir c’est mourir ». Ce cri d’alarme, lancé par le professeur Eric Fontaine, responsable de l’unité de nutrition artificielle du CHU de Grenoble et ancien président de la Société francophone nutrition clinique et métabolisme (SFNEP), vise à alerter les professionnels de santé, les pouvoirs publics et l’opinion publique sur les dangers de la dénutrition. « On parle beaucoup de l’obésité comme étant le mal du siècle, mais elle tue après des dizaines d’années d’évolution alors qu’il ne faut que quelques semaines pour mourir de dénutrition », constate le professeur Fontaine.

Dénutrition : une vraie maladie… sous-estimée

Malgré les chiffres alarmants, la gravité de la situation semble largement sous-estimée par les pouvoirs publics. En effet, la dénutrition touche plus de 2 millions de personnes en France, particulièrement les personnes âgées (30% des personnes âgées institutionnalisées et jusqu’à 60% des seniors hospitalisés).
« Le problème, insiste le médecin, c’est que cette pathologie est généralement associée à d’autres maladies qui coupent la faim. Du coup, elle est considérée comme un simple symptôme alors qu’il s’agit bien d’une maladie à part entière. » Or la dénutrition entraîne une diminution des défenses immunitaires du malade et un dysfonctionnement des organes vitaux susceptibles d’aggraver une pathologie pré-existante ou d’accélérer une maladie incurable.
Pourtant, à condition d’être dépistée et prise en charge tôt, des solutions techniques efficaces (compléments nutritionnels ou nutrition artificielle) pour la traiter existent. « En revanche, si l’on prend en compte le problème trop tard, il sera très difficile d’enrayer le processus », met en garde Eric Fontaine. « Comme pour la prise en charge de la douleur en son temps, il faut que les patients et leurs familles revendiquent auprès des pouvoirs publics une prise en charge nutritionnelle de tous les malades et un dépistage systématique de la dénutrition chez toutes les personnes à risque »

La mobilisation s’organise

En janvier 2016, le professeur Fontaine a créé un collectif de lutte contre la dénutrition (CLD) regroupant des professionnels de santé, des usagers, des aidants, des sociologues, des personnalités religieuses et politiques, des économistes. La réflexion citoyenne et politique sur les moyens de lutter contre la dénutrition a abouti à un manifeste signé par près de 6 000 personnes. Cette année, le CLD a lancé une nouvelle pétition demandant que l’augmentation de 2 € du forfait hospitalier (passé de 18 à 20 €) soit affectée à améliorer la qualité des repas à l’hôpital.

Collectif de lutte contre la dénutrition

A SAVOIR

La dénutrition se définit par un IMC inférieur à 18,5 chez l’adulte ou 21 chez les personnes de plus de 70 ans, ou à une perte de poids involontaire de plus de 5 % en 1 mois ou de plus de 10 % en 6 mois.

 

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici