L’Insee Auvergne-Rhône-Alpes publie une étude sur la mortalité dans la région. En Auvergne-Rhône-Alpes, 67 100 personnes sont décédées en 2016. La mortalité avant 65 ans est la plus faible des régions françaises, avec l’Île-de-France. Au-delà de cet âge, le taux de mortalité est également inférieur à la moyenne nationale, mais il subsiste de fortes différences entre les départements. Comme au niveau national, les tumeurs sont les premières causes de décès dans la région.
En Auvergne-Rhône-Alpes, il fait bon vivre. C’est le principal enseignement de l’étude que viennent de publier les experts de l’INSEE Analyses. L’an dernier, 67 100 habitants de la région Auvergne-Rhône-Alpes sont décédés, soit 11 % des 591 700 décès survenus en France. Bref, Auvergne-Rhône-Alpes est l’une des régions françaises où l’on meurt le plus tard. Elle présente en particulier un taux de mortalité avant 65 ans de 1,6 ‰, le plus faible avec l’Île-de-France. Pour les plus de 65 ans, le taux de mortalité reste également bien inférieur à la moyenne nationale (37,5 ‰ contre 38,4 ‰), le Rhône figurant parmi les départements français où l’on vit le plus vieux.
Un taux de mortalité plus élevé dans le Cantal que dans le Rhône
Comme au niveau national, les tumeurs sont la première cause de décès (30 % des décès), suivies des maladies de l’appareil circulatoire (25 %). Viennent ensuite les maladies du système nerveux, les causes externes de blessure ou d’empoisonnement et les maladies de l’appareil respiratoire, chacune responsable de 6 % à 7 % des décès.
Autre enseignement de l’étude de l’INSEE, le nombre de décès par rapport au nombre d’habitants est très variable en fonction des départements. Le Cantal est le département de la région Auvergne-Rhône-Alpes où ce ratio est le plus élevé. Une proportion qui n’a rien d’illogique, le Cantal figurant parmi les départements où la moyenne d’âge est très élevée. Cela étant, globalement, le taux de décès se révèle beaucoup plus élevé dans la partie Ouest de la région Auvergne-Rhône-Alpes, qu’il s’agisse de la Haute-Loire, du Puy-de-Dôme ou de l’Allier. A l’inverse, on vit plus vieux sur toute la façade Est du pays, qu’il s’agisse des deux Savoies, de l’Isère, de l’Ain ou du Rhône. Chez les plus de 65 ans, ce dernier département affiche même le plus faible taux des départements français avec la Haute-Garonne, l’Isère et la Haute-Savoie figurant aussi en bonne place dans ce classement de la sous-mortalité.
“Tous âges confondus, les zones géographiques concentrant davantage de cadres et professions intellectuelles supérieures ont des taux de décès inférieurs. En revanche, les départements où les ouvriers sont les plus présents ont souvent des taux de mortalité élevés“, notent les experts de l’INSEE, qui précisent que “les taux de décès prématurés (avant 65 ans) sont moins élevés dans les départements où la part des professions intermédiaires est importante, à l’image du Rhône. Ceci peut s’expliquer par une moindre exposition aux risques professionnels et aux substances polluantes“.
On vit de plus en plus vieux en Auvergne-Rhône-Alpes
Autre constat des analystes de l’INSEE, on vit de plus en plus vieux en France, notamment en Auvergne-Rhône-Apes. “Les décès surviennent de plus en plus tardivement. De plus, l’écart d’âge au décès se réduit entre les hommes et les femmes. En 2016, un quart des décès concernent des personnes de 90 ans ou plus, contre 16 % en 1996. La moitié des hommes de la région Auvergne-Rhône-Alpes décèdent aujourd’hui avant 79 ans, et la moitié des femmes avant 87 ans. Vingt ans plus tôt, cet âge médian au décès était de 74 ans pour les hommes et 84 ans pour les femmes“.
Grâce aux progrès de la médecine et à notre mode de vie, le nombre de décès précoces a baissé de 17% en vingt ans dans la région, alors que dans le même temps, la population des moins de 65 ans augmenté de 10%. “Les décès par accident de transport, cancer des voies respiratoires ainsi que les morts violentes sont très majoritairement masculins. C’est le cas en Auvergne-Rhône- Alpes comme au niveau national“, insistent les experts de l’INSEE.
En Auvergne-Rhône-Alpes, des décès en hausse… malgré tout
Seule ombre au tableau, depuis la seconde moitié des années 2000, le nombre de décès augmente dans la région comme en France. En 2016, en Auvergne-Rhône-Alpes, on a ainsi enregistré 67 100 décès, chiffre rarement atteint depuis l’après-guerre, alors qu’il oscillait autour de 60 000 entre 1990 et 2010.
“En 2050, les plus de 75 ans pourraient représenter 15 % de la population et avoisiner 1,5 million de personnes, soit le double d’aujourd’hui. Cette croissance attendue est directement liée au vieillissement des générations nombreuses du baby-boom. Celles-ci arriveront aux portes du grand âge autour de 2025, voire, pour les plus jeunes, entre 2050 et 2060. L’augmentation du nombre de décès devrait donc elle aussi perdurer au moins jusque-là“, soulignent les analystes de l’INSEE., pour qui “aux tendances de moyen ou long terme s’ajoutent des fluctuations conjoncturelles, souvent liées à des conditions météorologiques défavorables, comme les canicules ou des vagues de froid, et aux épidémies.
Ainsi, le pic de décès observé en 2015 (67 400 dans la région) s’explique essentiellement par la longue épidémie de grippe de l’hiver 2015, particulièrement virulente chez les personnes âgées. Dans la région comme au niveau national, les décès sont plus nombreux en hiver. Ils concernent surtout les personnes âgées, qui meurent davantage à cette période de l’année, de suites de maladies respiratoires ou de chutes. Les moins de 30 ans décèdent plus fréquemment en juillet et août, principalement de morts violentes et en particulier d’accidents“.
La mort frappe d’abord à l’hôpital
Enfin, l’étude de l’INSEE note que plus de la moitié des décès ont eu en milieu hospitalisé. Concrètement, 53 % des décès constatés dans la région en 2016 se sont produits à l’hôpital ou dans une clinique. Seuls 21 % des défunts sont décédés chez eux, une part inférieure de 2,8 points à la moyenne nationale. Par ailleurs, 15 % des décès se produisent en maison de retraite, soit 2,5 points de plus qu’en France.
Assez logiquement les lieux de décès diffèrent selon l’âge des défunts. Les décès de jeunes enfants surviennent très fréquemment en milieu hospitalier et, plus rarement, au domicile. Les adolescents et les jeunes adultes, généralement frappés par des morts violentes, décèdent presque aussi souvent sur la voie publique qu’en milieu médicalisé.
Passé 30 ans, la proportion de décès en milieu hospitalier remonte sensiblement, puis décroît ensuite fortement après 80 ans. Les décès en maison de retraite prennent la seconde place au-delà de 85 ans. “Dans la région, en 2016, 49 % des femmes sont décédées dans un établissement de santé contre 57 % des hommes. En revanche, 10 % des décès masculins et 20 % des décès féminins ont lieu en maison de retraite“.
Ces différences s’expliquent par plusieurs facteurs. L’espérance de vie plus élevée des femmes les conduit d’abord à être davantage présentes dans les maisons de retraite. Mais à âge égal, elles subissent un taux de perte d’autonomie plus important que les hommes. Elles résident aussi plus souvent seules, en raison du décès des conjoints masculins, souvent plus précoces. La différence d’âge encore fréquente au sein des couples dans ces générations accentue le phénomène. “Or, le fait d’avoir un conjoint est un facteur de maintien à domicile, car il est souvent le premier aidant en cas de perte d’autonomie. Les hommes passent donc plus fréquemment du domicile à l’hôpital avant de décéder, tandis que les femmes résident plus souvent en maison de retraite“.
Celles-ci étant pour la plupart médicalisées, elles offrent les conditions d’accom
pagnement nécessaires jusqu’à la fin de vie, sans toujours nécessiter le recours à une hospitalisation. La part des décès survenant au domicile est en revanche similaire pour les deux sexes, autour de 20 % du total régional.
A SAVOIR
Changer de lieu de résidence est plus fréquent pour les personnes de catégories socio-professionnelles supérieures et de niveau de diplôme ou de revenu élevé (pour en savoir plus). Les départements de l’est de la région Auvergne-Arhône-Alpes sont particulièrement attractifs pour ces catégories socio-professionnelles plus mobiles, sur le plan professionnel (Rhône, Isère) mais aussi résidentiel (Ain, Haute-Savoie). Ainsi, moins de la moitié des personnes décédées dans ces départements en 2016 y étaient également nées.