Christine Martinez fibromyalgie
Christine Martinez, atteinte de fibromyalgie qui s'est lancée le challenge de gravir le Mont Blanc.

Après des années à se battre contre une douleur silencieuse, Christine Martinez va tenter en juin prochain de gravir le Mont Blanc. Pour se prouver à elle-même, comme aux milliers de fibromyalgiques, que la maladie peut être dominée, et qu’une vie de souffrances quotidiennes n’empêche pas, à force de courage et de volonté, d’aller au bout de ses rêves. Un témoignage porteur d’espoir.

Le défi, chez certains patients atteints de fibromyalgie, consiste parfois à mettre un simple pied devant l’autre. Celui de Christine Martinez se dresse à 4807 mètres de haut. Cette ancienne grande sportive ne parvenait plus à grimper ses propres escaliers. La voilà face au Mont Blanc, qu’elle escaladera en juin pour prouver, à elle-même comme à tous les fibromyalgiques, combien l’espoir peut contribuer à soigner les maux du corps comme de l’esprit. « J’espère pouvoir montrer que l’on peut aller au bout de ses rêves malgré la maladie », résume celle qui a vu sa vie basculer en pleine force de l’âge, en 2010.

Fibromyalgie : les symptômes d’un mal invisible

Tout juste quadragénaire, Christine sent son corps la lâcher, sans raison aucune : « c’était en fin d’année. Je me suis sentie très fatiguée, je n’avais plus le moral ». Les jours passent, sans que l’état de cette dynamique jeune femme ne s’améliore : « j’avais tout le temps envie de faire la sieste, je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. Je travaillais comme secrétaire comptable dans le garage de mon mari, près de Béziers, dans un cadre de vie parfaitement apaisé depuis notre départ de la région parisienne »

Tout aussi inexplicables, d’autres symptômes apparaissent : « des douleurs, du plomb dans les jambes, comme une grippe sans fièvre, des maux de tête, des boursouflures sur la peau… »

Fibromyalgie : quand l’impossible diagnostic tombe

Le diagnostic de la fibromyalgie est encore loin. Il n’aboutit que bien plus tard, au terme d’une période de mal-être, d’incompréhension et de douleurs que le regard des autres n’aide pas à atténuer. « Les gens ne comprennent pas, et j’en ai vraiment souffert. Je suis notamment allée consulter un gastroentérologue pour un syndrome du côlon irritable. Quand j’ai parlé de fibromyalgie, il s’est totalement fermé ».

Christine a la chance de consulter une généraliste plus ouverte à la question. « On a longtemps cherché. Elle m’a fait faire des analyses, des prises de sang pour chercher une éventuelle sclérose en plaques. Mais on ne mettait pas de mots sur ces symptômes… Elle m’a finalement adressée à un de ses confrères de l’hôpital de Béziers, qui après de nombreux examens et par élimination fut le premier à parler de fibromyalgie ».

Bouger pour dominer les douleurs

Christine Martinez fibromyalgie 2
Christine Martinez, fibromyalgique et randonneuse. ©GroupeMaSante

Le diagnostic est une délivrance, même s’il ouvre une porte vers l’inconnu. « Cela m’a fait du bien, mais j’ai vite déchanté face à l’absence de traitements. Je souffrais alors énormément, je dormais mal, je me réveillais avec de terribles douleurs à la mâchoire tant je l’avais serrée pendant la nuit, j’avais d’incessants maux de tête, je n’arrivais plus à exprimer mes idées… C’est à quatre pattes que je terminais la montée de mes escaliers et j’avais arrêté tous mes loisirs. Mon médecin m’a alors prévenue que je serais mon pire ennemi, et que je n’accepterai ma maladie qu’en continuant à vivre et à bouger, en ignorant mes douleurs ».

C’est pourtant bien ce qui a sauvé Christine, à défaut de la soigner. Car on ne guérit pas d’une fibromyalgie, on apprend à vivre avec. Cette épreuve, qui s’est alourdie à la mort accidentelle de son mari, en 2013, cette mère de deux enfants a su la surmonter à sa manière, en recourant à des remèdes naturels. « Je suis anti-médicaments, je n’ai donc pas voulu prendre d’antidouleurs. Mais j’ai suivi des conseils relatifs à mon hygiène de vie. J’ai supprimé le gluten de mon alimentation, et j’ai senti en quelques semaines que j’allais mieux. Une naturopathe m’a conseillé d’arrêter les laitages, et mon état s’est encore amélioré. La fatigue était moins omniprésente et j’arrivais à monter mes escaliers ! » La Biterroise, depuis, a appris à dominer ses souffrances, entre étirements et exercices de respiration antidouleur.

L’aventure d’une vie

Entretemps, elle a passé son diplôme d’éducateur canin et donné un nouveau sens à sa vie, s’impliquant notamment de manière active au sein de l’association Fibromyalgie France. Jusqu’à en devenir l’une des ambassadrices. « Le Mont Blanc, je voulais le gravir avant d’être malade. C’est donc à 53 ans, alors que j’ai réussi à apprivoiser ma maladie, que je vais réaliser ce rêve ».

Depuis un an, suivie entre autres par un pneumologue et un kiné, elle s’entraîne sans relâche pour y parvenir, consciente de partir de plus loin qu’un alpiniste valide. « Comment mes jambes douloureuses vont-elles réagir ? Quels seront les effets de l’altitude sur mes maux de tête ? Vais-je réussir à me reposer durant les nuits en refuge ? » Les réponses se cachent dans les neiges éternelles du toit de l’Europe. Mais le tandem qu’elle formera avec un guide de Chamonix du 14 au 18 juin prochain a déjà remporté la victoire. Celle d’une femme qui n’a « jamais baissé les bras », face au scepticisme généré par une maladie longtemps considérée comme imaginaire. Et, surtout, face à sa propre souffrance.

Par le message qu’elle transmet aux innombrables fibromyalgiques, c’est peut-être elle, finalement, le vrai guide de cette cordée de l’espoir.

À SAVOIR

Christine Martinez est soutenue dans son défi par Fibromyalgie France. L’association milite depuis 2001 pour la connaissance et la reconnaissance d’une maladie officiellement identifiée par l’OMS depuis 1992. Selon l’Assurance Maladie, plus d’un million de Français (1,6% de la population) en souffriraient, dont plus de huit sur dix sont des femmes.

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Journaliste expert santé / Rédacteur en chef adjoint du Groupe Ma Santé. Journaliste depuis 25 ans, Philippe Frieh a évolué dans la presse quotidienne régionale avant de rejoindre la presse magazine pour mettre son savoir-faire éditorial au service de l'un de ses domaines de prédilection, la santé, forme et bien-être. Très attaché à la rigueur éditoriale, à la pertinence de l'investigation et au respect de la langue française, il façonne des écrits aux vertus résolument préventives et pédagogiques, accessibles à tous les lecteurs.

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