Le paracétamol, présent dans le Doliprane et le Dafalgan, est l’un des médicaments les plus consommés en France. Il est aussi, en principe, le seul antidouleur autorisé pour les femmes enceintes. Mais la récente déclaration de Donald Trump, affirmant qu’il pourrait provoquer l’autisme chez l’enfant, a relancé les inquiétudes. Alors, que disent vraiment les faits scientifiques ?
Le 23 septembre 2025, Donald Trump a lancé une bombe médiatique en affirmant que la prise de paracétamol pendant la grossesse pourrait rendre les enfants autistes.
La réaction du corps médical a été immédiate. Comme l’a rappelé Le Monde, il s’agit d’« une affirmation sans preuve ». L’Organisation mondiale de la santé a tenu à clarifier la situation dès le lendemain. Les données scientifiques existantes ne permettent pas d’affirmer un lien de causalité.
Le paracétamol, un médicament incontournable
En France, le paracétamol est l’antalgique et antipyrétique de référence, prescrit aussi bien pour soulager une migraine que pour faire baisser une fièvre. Pendant la grossesse, il reste le seul médicament recommandé pour traiter la douleur et la fièvre, les alternatives comme l’ibuprofène ou l’aspirine étant déconseillées dès le deuxième trimestre.
L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) rappelle toutefois un principe de précaution, l’utiliser « à la dose efficace la plus faible et sur la durée la plus courte possible ». Cette règle vise à limiter tout risque, même hypothétique, tout en permettant de traiter des symptômes qui, eux, peuvent avoir des conséquences bien réelles sur le fœtus. Une fièvre non traitée, par exemple, augmente certains risques obstétricaux.
Autisme et paracétamol : mais d’où vient vient ce lien ?
L’origine des soupçons autour de l’autisme
L’idée d’un lien entre paracétamol prénatal et autisme n’est pas apparue avec Donald Trump. Depuis plus d’une décennie, plusieurs études observationnelles ont exploré la question. Certaines ont suggéré une corrélation, constatant que les enfants exposés in utero semblaient présenter un risque légèrement accru de troubles du spectre autistique ou de déficit de l’attention.
Mais ces travaux présentent des biais importants. Ils reposent souvent sur des questionnaires remplis par les mères après la naissance, exposés à des biais de mémoire. Ils ne parviennent pas toujours à neutraliser des facteurs confondants majeurs, comme la présence de fièvre pendant la grossesse, qui elle-même peut affecter le développement cérébral du fœtus.
À l’inverse, les études les plus solides ne retrouvent pas ce lien. En 2024, une équipe suédoise a publié dans JAMA Psychiatry une vaste analyse portant sur 2,4 millions de naissances. En comparant les enfants d’une même fratrie, certains exposés au paracétamol et d’autres non, les chercheurs n’ont trouvé aucune association causale significative avec l’autisme ou le TDAH.
Ce type d’étude, qui réduit les biais familiaux et génétiques, est considéré comme particulièrement robuste.
La position des autorités de santé
Aujourd’hui, le consensus est clair. L’OMS insiste, les données disponibles sont « inconsistantes » et ne justifient pas de modifier les recommandations. Le Collège américain des gynécologues et obstétriciens (ACOG) confirme que le paracétamol garde un rapport bénéfices/risques favorable pendant la grossesse. En France, l’ANSM et la Haute Autorité de Santé (HAS) tiennent le même discours. Il peut être utilisé, mais toujours avec modération.
Autrement dit, aucune instance scientifique ne déconseille aujourd’hui le paracétamol aux femmes enceintes. Le message reste simple, mieux vaut traiter une douleur ou une fièvre avec prudence que de laisser ces symptômes évoluer.
L’autre actualité : un traitement ciblé contre certaines formes d’autisme
Pendant que la polémique sur le paracétamol enflait, les États-Unis annonçaient l’approbation d’un traitement, le leucovorin (acide folinique), destiné à des formes très spécifiques liées à une déficience en folates cérébraux.
Ces cas particuliers peuvent présenter des symptômes proches de l’autisme. Il ne s’agit pas d’un « remède universel », mais d’un pas en avant pour un sous-groupe ciblé de patients.
À SAVOIR
La sortie de Donald Trump a également relancé une vieille rumeur, celle du lien supposé entre vaccination et autisme. Là encore, les données sont catégoriques. Une étude danoise publiée en 2019, qui a suivi plus de 650 000 enfants, a confirmé l’absence totale de lien entre vaccination, y compris le vaccin ROR, et développement d’un trouble du spectre autistique.