Bronchiolite, asthme, bronchite… Face à des pathologies respiratoires en hausse chez les nourrissons, la kinésithérapie respiratoire vient apporter une réponse efficace en favorisant le désencombrement des bronches. Le décryptage de Laure Mazzocco, masseur-kinésithérapeute à Vernaison (Rhône) spécialisée en pédiatrie.
Pourquoi un tel regain d’intérêt pour la kinésithérapie respiratoire ?
La kiné respiratoire, qui permet d’évacuer les sécrétions présentes dans l’arbre bronchique, existe depuis plus de 40 ans. Mais l’augmentation des pathologies respiratoires chez l’enfant, du fait des pollutions atmosphériques et industrielles, du tabagisme, des incidences génétiques ou encore de l’environnement de l’enfant (crèche, famille nombreuse…), contribue nettement à son essor.
A qui s’adresse-t-elle ?
Elle est principalement recommandée pour les personnes trop faibles pour se désencombrer seules : les personnes âgées, les personnes atteintes de pathologies respiratoires chroniques, et bien sûr les tous petits. Avant la marche, les enfants sont la plupart du temps en position allongée. Ils ventilent moins et leur arbre bronchique n’est pas encore mature. Une affection des voies respiratoires peut donc être plus grave. Les pédiatres et médecins généralistes la prescrivent de plus en plus pour les bébés de moins de 2 ans.
Utile pour toute infection respiratoire
Quelles sont les pathologies concernées ?
Si son rôle diffère selon la pathologie, et en fonction de l’état de gravité, elle est recommandée pour soulager l’enfant et contribuer au traitement de l’asthme du nourrisson, de la bronchite, de la trachéite, de la rhinopharyngite, de la rhinorrhée ou encore, comme c’est beaucoup le cas en cette période de pic épidémique, de la bronchiole. On y a aussi recours pour des pathologies chroniques comme la mucoviscidose.
Les techniques ont-elles beaucoup évolué ?
Le clapping, qui consistait à taper dans le dos de l’enfant la tête en bas, c’est clairement du passé. De nos jours, la séance commence par un drainage des voies aériennes supérieures pour faire renifler l’enfant, installé sur le dos. On traite ensuite les voies aériennes basses, avec des techniques d’expiration des flux lente ou, dans certains cas moins fréquents, rapide. C’est cette dernière technique qui, ressemblant à un massage cardiaque, est la plus impressionnante. Une fois les sécrétions remontées, il faut ensuite faire tousser l’enfant pour les expulser.
Kiné respiratoire, désagréable mais sans danger
La kiné respiratoire est-elle douloureuse ?
Elle est désagréable, mais pas douloureuse. Nous imposons un rythme de respiration à l’enfant, qui ne nous connaît pas. C’est oppressant pour lui, d’où des pleurs chez la majorité d’entre eux.
Le risque de côtes cassées ou d’effets indésirables, comme des vomissements, n’ont-ils pas alimenté une polémique, il y a quelques années ?
L’étude responsable de la polémique portait sur des cas d’enfants souffrant de bronchiolite aiguë, déjà hospitalisés et en état de léthargie. La kiné respiratoire, éprouvante et fatigante pour l’enfant, n’est dans ce cas précis pas recommandée. Mais cela ne correspond qu’à 5% des enfants hospitalisés, soit un nombre de cas restreint. La controverse est née d’une mauvaise lecture de l’étude. On a depuis clairement démontré l’utilité de la kinésithérapie respiratoire. Les effets indésirables sont quasi nuls, et je sais qu’au Centre de Kinésithérapie Respiratoire et Fonctionnelle de Lyon, qui traite des dizaines d’enfants par jour, on n’a jamais constaté, à ma connaissance, de côte cassée…
Les kinésithérapeutes sont-ils tous autorisés à traiter des enfants ?
Tout masseur kinésithérapeute diplômé d’État est habilité. Mais ceux qui se spécialisent dans la kiné pédiatrique sont rares. C’est une activité contraignante, du fait d’un planning continuellement en mouvement, mobilisant 7 jours sur 7… Dans le sud-ouest lyonnais, nous sommes peu à exercer. Il y a pourtant de l’activité à revendre, notamment en période de grosse épidémie de bronchiolite. Cette année, j’ai très vite été débordée.
Une prise en charge intégrale
Quel est le rythme moyen des séances ?
Passée la première séance, on renouvelle les rendez-vous en fonction de l’état de l’enfant, jusqu’à ce qu’il aille mieux. On adapte également la fréquence à la manière dont l’enfant supporte la maladie. S’il dort mal, s’il a des difficultés à s’alimenter, on accentue l’accompagnement pour le soulager. Une séance suffit rarement : la plupart du temps, l’enfant se réencombre, d’où la répétition des séances, d’une fois tous les deux jours jusqu’à une fois par semaine.
Combien coûte une séance de kiné respiratoire ?
Une séance de kiné respiratoire est prise en charge par la sécurité sociale. Les tarifs sont réglementés. Une séance coûte 17,20€, et 19,70€ lorsqu’elle est effectuée à domicile. En fonction des exigences de lieu et de temps, il peut y avoir des dépassements d’honoraires. Le samedi après-midi, le dimanche et les jours fériés, la séance, toujours intégralement remboursée, coûte 7,62€ de plus. Et pour la nuit, la majoration est de 9,15€.
Consultez la liste des masseurs-kinésithérapeutes dans votre région sur le site du conseil de l’ordre.
A savoir
Contrairement à d’autres professionnels para-médicaux, un masseur-kinésithérapeute (ou physiothérapeute) ne peut pas exercer sans diplôme reconnu par l’État et validé par le Conseil national de l’Ordre qui régit la profession depuis 2004. Le cursus universitaire, qui débute par le concours de première année de médecine, a évolué en 2015, passant de 4 à 5 années d’études. Une évolution qui a favorisé une revalorisation du statut de masseur-kinésithérapeute.