Oui, certains d’entre nous ne ressentent aucun désir sexuel, sans que cela n’ait forcément de rapport avec leur partenaire ou leur mode de vie. L’asexualité, en réalité, est une orientation sexuelle à part entière, qui fait peu à peu sa place dans un monde hypersexualisé et peu compréhensif avec le manque d’attirance. Les explications de notre consultante beauté et bien-être Ma Santé Anaïs Peresson, à l’heure où la question des très controversées thérapies de conversion s’invite enfin au Sénat.
Dans une société hypersexualisée où le sexe est la norme, l’asexualité est souvent perçue comme une lubie, voire un trouble psychologique dans l’opinion publique. Pourtant, les personnes concernées la revendiquent comme une véritable orientation sexuelle à part entière.
Zoom sur un concept social encore méconnu du grand public, avec la collaboration d’Estance Delclaux-Hammon, membre de l’Association pour la Visibilité Asexuelle (AVA) et Pauline Carlier, sexologue basée à Lyon.
Comment se définit l’asexualité ?
L’asexualité est une orientation sexuelle au même titre que les autres. Être asexuel signifie ne ressentir aucun désir pour personne. Une personne asexuelle ne ressent pas (ou peu) d’attirance sexuelle.
C’est la définition utilisée par la majorité des groupes de personnes asexuelles. Mais gardons à l’esprit que le mot « asexualité » est un spectre qui englobe une pluralité de vécus et de sens.
Quelle est la différence avec l’abstinence ?
L’abstinence désigne le fait pour une personne de choisir de ne pas avoir de relations sexuelles pour différentes raisons (religieuses, personnelles, culturelles…). A contrario, on ne choisit pas d’être asexuel. L’asexualité est une orientation sexuelle, c’est une identité et pas un comportement.
Un asexuel a-t-il des relations sexuelles ?
Cela dépend des asexuels. Certains ont une profonde aversion pour les organes sexuels ou par l’idée même d’avoir des relations sexuelles, d’autres y seront indifférents, d’autres encore y seront favorables pour diverses raisons : par curiosité, dans l’intérêt d’un partenaire ou pour ressentir une certaine connexion (tendresse, sensualité…), certaines sensations…
Un asexuel peut-il avoir un orgasme ?
Oui, mais encore une fois, cela dépend de chacun. L’asexualité est marquée par l’absence d’attirance sexuelle. L’orientation sexuelle d’une personne n’est pas corrélée par sa libido. Être asexuel n’empêche pas de ressentir du plaisir. Même si l’esprit est « déconnecté » de l’acte, cela n’empêche pas le corps de réagir mécaniquement.
Asexualité : une place difficile dans notre société
Asexualité et sentiments amoureux sont-ils incompatibles ?
Un asexuel peut tout à fait ressentir de l’attirance romantique et donc avoir des béguins et tomber amoureux. Il est également possible de ne pas ressentir d’attirance romantique, c’est ce que l’on appelle l’aromantisme (mais toutes les personnes aromantiques ne sont pas asexuelles et vice-versa). L’asexualité n’empêche d’ailleurs pas d’être en couple, ni d’avoir des enfants. Rappelons que, certes, la plupart des couples ont des relations sexuelles, mais cela ne veut pas dire que c’est la norme. Il n’est pas nécessaire d’avoir des relations sexuelles pour être une personne épanouie et former un couple heureux. Chaque couple décide de la vie sexuelle qui lui convient.
Le mépris social envers l’asexualité
Notre société hypersexualisée éprouve une certaine difficulté à considérer l’asexualité comme une orientation sexuelle à part entière. On peut même constater un certain mépris au sein de l’opinion publique, qui s’exprime notamment à travers les médias. Cela dénote une étroitesse d’esprit expliquée en partie par un cruel manque d’éducation sexuelle, qui se perpétue malheureusement de génération en génération. Ainsi, lorsqu’elles ne sont pas invisibilisées, les personnes asexuelles font régulièrement l’objet de railleries et pressions sexuelles. L’asexualité est même perçue par certains comme une pathologie, un trouble psychologique…
Mais au fait, que dit la science ?
L’asexualité ne figure dans aucun classement des pathologies psychiatriques. Peu d’études existent actuellement sur l’asexualité. La communauté scientifique n’a établi aucune cause, génétique ou sociale permettant d’expliquer l’orientation sexuelle d’une personne, quelle qu’elle soit. Dans l’état actuel de la recherche, il est considéré que l’orientation sexuelle d’une personne fait partie des variations naturelles du vivant, aucune orientation sexuelle n’est une maladie. Par ailleurs, les sexologues s’accordent en majeure partie à reconnaitre l’asexualité comme une véritable orientation sexuelle, puisque la personne asexuelle ne renonce à rien, elle n’a simplement pas d’élan pour le sexe, pas de chemin de désir intérieur.
Une personne asexuelle peut donc tout à fait s’épanouir telle qu’elle est, bien que cela puisse se révéler être une véritable épreuve dans notre société ; car, si être asexuel n’a pas de conséquence sur la santé, en revanche, se voir constamment infliger l’incompréhension, la pression, la stigmatisation et la violence d’autrui en raison de son orientation sexuelle peut en avoir…
Anaïs Peresson, consultante beauté & bien-être Ma Santé, partage conseils et bons plans sur son blog mots errants.
À SAVOIR
Les thérapies de conversion ne font actuellement l’objet d’aucun délit spécifique dans le Code Pénal français. Rappelons qu’il s’agit d’un ensemble de pratiques ayant pour objectif de modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne, pouvant entrainer de graves conséquences physiques et psychologiques pour les victimes. L’ONU assimile d’ailleurs ces pratiques à des actes de torture. Malgré tout, ces prétendues thérapies continuent de faire de nombreuses victimes en France. En trois ans, le collectif “Rien à guérir” a recensé à elle seule plus d’une centaine de victimes. Une proposition de loi pour interdire les thérapies de conversion est étudiée le 7 décembre 2021 par le Sénat.
Merci pour cet article!
Merci beaucoup pour cet article, qui donne de la visibilité aux asexuel.le.s (et aux aromantiques), même si ce n’est qu’un article parmi d’autres, en restant compréhensif.ve.s et respectueux.se.s ! J’aime particulièrement la conclusion, qui ne résume que trop ce que certain.e.s vivent au quotidien…