Un patient Covid-19 pris en charge à l'hôpital de la Croix-Rousse, à Lyon, durant la première vague de l'épidémie au printemps 2020.
Les capacités d'accueil en soins critique (ici l'hôpital de la Croix-Rousse au printemps 2020) vont être augmentées pour faire face à un afflux massif de malades de la Covid-19. ©Lionel de Souza

À deux jours de la Fête des Lumières et de son traditionnel brassage de population, Lyon et le Rhône voient le taux d’incidence de la Covid-19 dépasser les 600 cas pour 100 000 habitants. Face à l’urgence, les Hospices Civils de Lyon ont décidé d’activer leur plan blanc et commencé à déprogrammer certaines activités non urgentes pour permettre aux hôpitaux lyonnais d’anticiper une flambée des cas. Une situation alarmiste qui tranche avec la nature plutôt tempérée des mesures annoncées aujourd’hui par le gouvernement.

La cinquième vague de Covid-19, alimentée par l’arrivée du variant Omicron, se fait chaque jour plus menaçante en Auvergne-Rhône-Alpes. Faut-il vraiment s’alarmer de la dégradation de la situation sanitaire dans Lyon et sa région ? Au vu de la flambée du taux d’incidence, oui. Dans le Rhône, il vient de dépasser les 600 cas pour 100 000 habitants. Ce qui va au-delà des pics des deux vagues précédentes et tend à se rapprocher de ceux de la deuxième vague (automne 2020), quand les taux d’incidence s’affolaient dans la région, jusqu’à dépasser les 1000 cas/100 000 habitants dans certains territoires de la région, comme à Saint-Étienne.

D’un autre côté, presque comme si de rien n’était, Lyon s’apprête à vivre sa traditionnelle Fête des Lumières, l’un des plus grands rassemblements festifs du pays. Son organisation, dans ce contexte sanitaire tendu, fait pourtant l’objet de toutes les attentions. Un dispositif de sécurité renforcé, dont le détail sera livré ce mardi 7 décembre, sera ainsi mis en place.

Priorité aux patients Covid-19 : les activités non urgentes déprogrammées

En attendant, la hausse rapide du taux d’incidence (il n’était “que” de 421/100 000 la semaine précédente) a déjà des conséquences directes. Les Hospices Civils de Lyon viennent en effet de déclencher leur plan blanc, ce qui n’a rien d’anodin. En début de semaine dernière, Raymond Le Moign, le directeur général des HCL, faisait déjà part de ses inquiétudes. En activant ce dispositif, qui consiste principalement à déprogrammer des activités non essentielles, les hôpitaux lyonnais anticipent la flambée des cas à venir.

“Malgré l’atténuation de l’impact hospitalier permise par la vaccination d’une part importante de la population, le nombre de patients hospitalisés en raison d’un diagnostic de Covid-19 a crû fortement au cours des deux dernières semaines”, indiquent les HCL. “Ce lundi 6 décembre, 168 patients atteints de Covid-19 sont hospitalisés sur les différents sites des Hospices Civils de Lyon (contre 51 le 17 novembre dernier), dont 52 dans des unités de soins critiques. Sur le territoire couvrant le département du Rhône et le Nord de l’Isère, ce sont 463 patients qui sont hospitalisés, dont 98 en soins critiques”. Le plan blanc doit permettre de dégager les ressources nécessaires à la prise en charge des patients admis dans le cadre des urgences et des soins non programmés. Les capacités d’accueil en soins critiques vont aussi être progressivement augmentées.

Les HCL plombées par “les difficultés de recrutement”

Outre l’afflux de nouveaux malades de la Covid-19, les Hospices Civils paient ici la pénurie de personnel qui touche l’intégralité du monde hospitalier français. “À cette activité croissante de patients atteints de la Covid-19, s’ajoute un flux important de patients se présentant aux urgences pour d’autres raisons, et nécessitant une hospitalisation non programmée. Cette concomitance des deux flux, s’ajoutant à des difficultés de fonctionnement générées par des difficultés de recrutement, provoquent une tension importante dans le fonctionnement du CHU”.

Covid-19 : de nouvelles mesures sans restrictions majeures

L’hôpital sera-t-il en capacité d’encaisser le choc d’une cinquième vague trop violente ? C’est là toute l’inquiétude affichée par les HCL. Et elle tranche avec la légèreté relative des nouvelles mesures prises par le gouvernement suite au conseil de défense organisé ce lundi matin. Alors que le pays a enregistré 42 250 nouveaux cas ce dimanche et que la barre des 11 000 patients hospitalisés a été franchie pour la première fois depuis le mois d’août, aucune décision restrictive (confinement, couvre-feu, jauges limitées, fermeture des bars et des restaurants…) n’est pour l’instant étudiée. Le premier ministre Jean Castex et le ministre de la santé Olivier Véran ont tout de même indiqué ce soir que les discothèques fermaient pour quatre semaines, dès ce vendredi.

Outre un appel au renforcement du télétravail, la principale mesure concerne l’école. Il n’y aura pas d’avancement des vacances scolaires, comme ce sera le cas en Belgique. En revanche, le protocole va être renforcé dans les écoles élémentaires, où le port du masque redeviendra obligatoire à l’intérieur comme à l’extérieur. Examinée, la question de la vaccination des 5-11 ans avance. Jean Castex a indiqué qu’elle serait ouverte aux “enfants les plus fragiles” dès “le 15 décembre”. Et pour tous les autres que la décision suivrait “les avis scientifiques”

À SAVOIR

Les HCL ont également déclenché le niveau 3 du plan local hivernal à l’Hôpital Femme Mère Enfant de Lyon-Bron. “Les tensions sont également particulièrement importantes dans les secteurs pédiatriques”, précise l’institution. “Ce niveau d’alerte permet l’armement de lits de réanimation pédiatrique supplémentaires, au prix d’une déprogrammation de l’activité médicale et chirurgicale pédiatriques, hors urgence”.

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Journaliste expert santé / Rédacteur en chef adjoint du Groupe Ma Santé. Journaliste depuis 25 ans, Philippe Frieh a évolué dans la presse quotidienne régionale avant de rejoindre la presse magazine pour mettre son savoir-faire éditorial au service de l'un de ses domaines de prédilection, la santé, forme et bien-être. Très attaché à la rigueur éditoriale, à la pertinence de l'investigation et au respect de la langue française, il façonne des écrits aux vertus résolument préventives et pédagogiques, accessibles à tous les lecteurs.

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