L’AVC fait une victime toutes les 4 minutes en France. L’un de ses effets secondaires est l’inflammation post-AVC, qui accentue ses séquelles. Une étude lyonnaise vouée à en déterminer les causes et en améliorer le traitement est actuellement en cours à l’hôpital neurologique de Lyon.
Avec plus de 150 000 cas en France, l’accident vasculaire cérébral (AVC) est la première cause de mortalité chez les femmes et troisième chez les hommes. Il peut également être à l’origine de lourdes incidences. Il s’agit même de la première cause de handicap chez l’adulte. En effet, si les traitements locaux permettent de contrôler la nécrose cervicale, les lésions cérébrales qui affectent la bonne marche du cerveau provoquent chez 40% des patients des séquelles graves et irréversibles.
L’inflammation post-AVC : un menace progressive
Un autre phénomène joue un rôle aggravant : l’inflammation corporelle déclenchée lors de l’AVC. Cette inflammation qui persiste même après le traitement de la nécrose est susceptible d’aggraver les lésions cervicales du patient et d’alourdir ainsi progressivement son handicap.
À Lyon, une étude est actuellement en cours pour tenter de mieux expliquer la cause et les effets de l’inflammation post-AVC. Une praticienne des HCL, le Dr Laura Mechtouff, de l’unité neurovasculaire de l’hôpital Pierre Wertheimer travaille en collaboration avec le laboratoire lyonnais Carmen, spécialisé en recherche en cardiovasculaire. Elle s’est donnée pour ambition de comprendre ce phénomène d’inflammation post-AVC pour permettre de le réduire. Un objectif louable qui lui a valu cette année, le prix Casden 2018 du jeune chercheur, qui se traduit par un financement de 16 000 euros dédié à ses recherches.
AVC : une prise en charge insuffisante
La région Auvergne-Rhône-Alpes compte chaque année 12 000 personnes victimes d’un AVC. Pour 85 % des cas, il s’agit d’ischémies soit d’infarctus cérébraux qui interviennent soudainement chez la victime (déficits moteurs et sensitifs, troubles, cécité…).
L’offre de soin reste cependant insuffisante face à l’augmentation du nombre de patients souffrant d’AVC. Bertrand Cazelles, directeur du groupement hospitalier Est des HCL, assure « une augmentation des effectifs de praticiens et une amélioration de la durée de prise en charge des patients victimes d’AVC » dans le cadre du projet Pulsation 2023.
En effet, plus un patient est soigné tôt, moins le risque de séquelles est élevé. Crucial…
HCL : une seule unité pour le traitement par thrombectomie
Il existe actuellement deux formes de traitement de l’AVC ischémique. La thrombolyse intraveineuse, la plus courante, consiste à injecter une solution médicamenteuse pour dissoudre le caillot qui bouche l’artère du cerveau nécrosée. Elle doit être administrée entre 3 et 4h30 après la survenue de l’AVC.
Depuis 2015, une seconde thérapie, la thrombectomie mécanique, a montré une efficacité dans la réduction du risque de handicap. Cette technique, complémentaire à la thrombolyse intraveineuse, permet de retirer mécaniquement le caillot nécrosé du cerveau. Selon le Dr. Laura Mechtouff : « autour de Lyon, l’unité vasculaire lyonnaise de l’hôpital neurologique des HCL est la seule à pouvoir réaliser ce type d’intervention. Les unités neurovasculaires situées à Vienne et à Villefranche ne possèdent pas d’équipes pouvant prendre en charge la thrombectomie.»
Réduire l’inflammation post-AVC : une recherche ambitieuse
Malgré une rapide prise en charge des lésions cérébrales, celles-ci peuvent continuer à s’étendre et à s’aggraver à cause de l’inflammation provoquée par l’AVC. Les risques de récidives et d’aggravation du handicap sont alors grandissant chez les patients. Bien que l’enjeu soit conséquent, peu de recherches portent sur cette thématique en France.
Dans la région, le Dr. Laura Mechtouff et son équipe, sont les seuls à s’y intéresser d’aussi près. Depuis 2016, 120 patients Auverhônalpins ont ainsi été suivis afin de définir les facteurs de l’inflammation post-AVC. L’ambition est grande : développer à terme des traitements permettant de lutter contre cette inflammation et améliorer la condition des patients.
À SAVOIR
Le prix Casden du jeune chercheur est né il y a une dizaine d’années d’un partenariat entre la Banque coopérative de la Fonction publique, Casden Banque Populaire, et de la Fondation de l’Avenir, qui soutient la recherche médicale. Un chèque pour la participation au financement des recherches est attribué aux lauréats. Pour l’année 2018, plus d’une quarantaine de projets ont été proposés aux jurys.