Un cerf atteint de la maladie débilitante chronique, ou maladie du cerf zombie.
Dans la (presque) totalité des cas, les animaux atteints de la MDC finissent par mourir. © Freepik

Elle fait frissonner l’Amérique du Nord et intrigue les scientifiques : la “maladie du cerf zombie”, ou maladie débilitante chronique (MDC), touche de plus en plus d’animaux sauvages. Mais cette maladie pourrait-elle un jour infecter l’homme ? Éléments de réponse. 

Un cerf qui titube, bave abondamment, perd du poids jusqu’à devenir une ombre de lui-même, le regard vide. Ce n’est pas le scénario d’un film d’horreur, mais bien la réalité de certains de ces cervidés atteints de la maladie débilitante chronique, plus connue sous le nom de “maladie du cerf zombie”.

Identifiée pour la première fois dans les années 1960 dans le Colorado, cette maladie neurodégénérative touche aujourd’hui des milliers de cervidés (cerfs, wapitis, élans, rennes) aux États-Unis, au Canada, et depuis quelques années, en Scandinavie et même en Corée du Sud.

Selon les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), la maladie est désormais présente dans 36 États américains. Elle continue de se propager dans la nature, sans traitement connu et avec un taux de mortalité proche de 100 % chez les animaux infectés.

La maladie du cerf zombie appartient à la même famille que celle de la vache folle : ce sont les encéphalopathies spongiformes transmissibles (EST), qui s’attaquent au cerveau. En cause : des prions, des protéines mal repliées qui déclenchent une réaction en chaîne dans le cerveau, provoquant des lésions irréversibles.

Chez les animaux atteints, les symptômes apparaissent lentement : apathie, isolement, perte de coordination, amaigrissement extrême. La salivation excessive et le comportement anormal ont alimenté ce surnom aussi sensationnaliste que révélateur : “cerf zombie”.

Ce qui rend cette maladie redoutable, c’est que les prions sont extrêmement résistants. Ils peuvent survivre dans le sol pendant plusieurs années, rendant des environnements entiers infectieux, même après la disparition des animaux malades.

Transmission : les cervidés en première ligne

Les prions sont transmis entre les cervidés par contact direct ou via les fluides corporels contaminés : salive, urine, fèces. Mais une fois dans l’environnement, ils peuvent aussi contaminer l’eau ou la végétation, ce qui augmente le risque de transmission aux autres animaux, même des années après.

Et comme la période d’incubation peut durer plus de 18 mois, un animal peut sembler sain tout en étant contagieux.

Et chez l’humain, que sait-on vraiment ?

C’est LA question qui inquiète : la maladie du cerf zombie peut-elle se transmettre à l’humain ? À ce jour, aucun cas humain confirmé n’a été recensé. Les chercheurs restent cependant prudents.

L’histoire de la maladie de la vache folle nous a appris qu’un saut d’espèce reste possible avec les prions. Ce type de transmission avait provoqué dans les années 1990 une crise sanitaire majeure au Royaume-Uni, avec plusieurs centaines de cas humains d’une variante de la maladie de Creutzfeldt-Jakob (une dégénérescence du système nerveux central).

Des études en laboratoire ont montré que les prions de la MDC peuvent dans certaines conditions interagir avec les cellules humaines. Une publication du National Institutes of Health (NIH) aux États-Unis, en 2024, a testé l’effet des prions sur des cellules cérébrales humaines pendant 180 jours. Résultat : aucune propagation observée, ce qui laisse penser qu’il existe une barrière d’espèce importante.

Mais les experts restent vigilants : d’autres recherches ont montré qu’en utilisant des modèles animaux (comme les singes ou les furets), une contamination était possible.

Aux États-Unis, entre 7 000 et 15 000 cervidés infectés seraient consommés chaque année, selon les estimations des CDC. D’où les recommandations de précaution pour les chasseurs :

  • Ne pas consommer la viande d’un animal malade ou dont le comportement est anormal.
  • Faire tester les carcasses dans les zones où la MDC est présente.
  • Éviter tout contact avec le cerveau, la moelle épinière et les organes lymphatiques lors de la découpe.

En France, la maladie n’a pas encore été détectée dans la faune. Mais avec la mondialisation et les échanges de gibier, les autorités sanitaires restent en alerte. L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) surveille de près l’évolution de la MDC à l’international.

Pas de panique, mais restons informés. La maladie du cerf zombie chez l’humain reste, à ce jour, hautement improbable, mais pas totalement exclue. Les scientifiques poursuivent leurs recherches pour mieux comprendre les risques.

En attendant, il est essentiel de sensibiliser les chasseurs et de surveiller la faune sauvage, surtout dans les régions où la maladie est déjà présente. Comme toujours en santé publique, mieux vaut prévenir que guérir.

À SAVOIR 

Depuis le printemps 2016, une épidémie inédite a commencé à toucher les élans et les rennes en Norvège. Au mois de mars 2018, c’était au tour d’un élan finlandais d’être atteint, suivi d’un élan suédois en mars 2019.

Inscrivez-vous à notre newsletter
Ma Santé

Article précédentAmnésie infantile : pourquoi ne se souvient-on pas d’avoir été bébé ?
Article suivantAcné : mangez mieux et dites adieu aux boutons !
Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici