deux enfants qui ne mangent pas de légumes et préfèrent les pâtes.
Alors, votre enfant est-il si difficile que ça pour manger ? © Freepik

Quand un enfant fait la grimace à la simple vue d’un brocoli, beaucoup de parents se demandent s’il ne manquerait pas quelque chose à son alimentation. Alors, faut-il alors recourir aux compléments alimentaires ? 

Votre enfant est difficile à table, il refuse certains aliments, affiche des préférences très marquées et adopte parfois des habitudes alimentaires rigides.

Face à ces comportements, certains parents peuvent envisager les compléments alimentaires, pensant qu’une dose de vitamines pourrait compenser les manques éventuels. Mais cette solution est-elle réellement adaptée ? Et surtout, est-elle sans danger ?

Dans le langage des parents, un « enfant difficile » peut être mille choses à la fois. Celui qui repousse tout ce qui est vert comme si c’était radioactif, celui qui boude le même plat depuis des mois, ou encore celui qui n’accepte que trois recettes bien rodées et regarde toute texture inconnue comme une menace. Bref, une palette de scénarios qui donne parfois l’impression de jouer chaque soir un numéro d’équilibriste culinaire.

Mais être sélectif, aussi coriace soit-il, ne signifie pas automatiquement être carencé. Un enfant qui mange régulièrement du lait, du pain, des céréales, et quelques fruits ou légumes, peut très bien couvrir ses besoins essentiels. Les spécialistes insistent d’ailleurs sur ce point. Un enfant pointilleux à table n’est pas forcément un enfant en manque de nutriments… même si, côté parents, cela peut parfois en donner l’impression.

Selon l’enquête nationale INCA 3, réalisée par l’Anses entre 2014 et 2015, environ 14 % des enfants de 3 à 17 ans consommaient des compléments alimentaires. Ces produits se sont fait une petite place dans les routines familiales. Mais leur popularité ne signifie ni qu’ils sont indispensables, ni qu’ils sont sans risques, loin de là.

La France encadre strictement ces compléments. Les teneurs maximales en vitamines et minéraux sont régulées, des obligations d’information s’appliquent, et l’Anses rappelle régulièrement qu’une “consommation éclairée” est indispensable, surtout chez les plus jeunes. Ce n’est pas parce que c’est vendu en magasin que c’est anodin.

Et il existe un domaine où les autorités se montrent particulièrement vigilantes : la vitamine D. L’Anses et l’Ansm recommandent de privilégier les médicaments, plutôt que les compléments alimentaires, chez les nourrissons et jeunes enfants. Car des cas de surdosage ont déjà été signalés, parfois liés à des produits mal dosés ou mal utilisés. 

Quand les compléments peuvent-ils être utiles chez les enfants ?

Il serait tentant de jeter tous les compléments avec l’eau du bain, mais ce serait aller un peu vite. Dans certains cas bien, la supplémentation peut en effet avoir sa place. L’Anses rappelle notamment que certains régimes très restrictifs, comme un véganisme strict chez l’enfant, peuvent nécessiter une vigilance accrue, voire un apport complémentaire pour certaines vitamines ou minéraux essentiels. 

C’est aussi le cas des enfants présentant des troubles de l’absorption : maladie cœliaque non stabilisée, pathologies digestives rares, ou situations où l’intestin n’assimile pas correctement les nutriments. Et bien sûr, les nouveau-nés, pour lesquels certaines vitamines, dont la vitamine D, sont recommandées sous forme de médicament.

Concrètement, si un enfant consomme très peu, voire pas du tout, de produits laitiers, de poisson, de fruits ou de légumes, ou s’il présente une pathologie susceptible de limiter l’absorption des nutriments, alors il nécessite un bilan nutritionnel avec un professionnel de santé. C’est à partir de là, et seulement là, qu’un complément peut être envisagé, comme un outil parmi d’autres.

Pourquoi dans la majorité des cas, les compléments ne sont pas nécessaires

Un enfant peut très bien faire la fine bouche et rester longuement fidèle à trois ou quatre aliments sans pour autant manquer de nutriments. Lorsqu’il consomme régulièrement des aliments « de base » (du lait, du pain, des céréales, quelques fruits ou légumes, parfois même des produits enrichis) son organisme trouve généralement tout ce dont il a besoin.

Les travaux scientifiques disponibles ne montrent d’ailleurs aucun bénéfice notable chez un enfant en bonne santé qui reçoit un complément alors que son alimentation couvre déjà ses besoins. Pas de boost mesurable sur la croissance, pas d’effet spectaculaire sur l’immunité, pas de meilleure concentration documentée. 

Quels sont les risques d’un mésusage des compléments alimentaires ?

Même s’ils paraissent anodins, les compléments alimentaires présentent des risques réels chez l’enfant :

  • Surdosage : pour la vitamine D, des cas d’hypercalcémie (trop de calcium dans le sang), de néphrocalcinose (dépôts de calcium dans les reins) ont été rapportés ; certains compléments contenaient jusqu’à 10 000 UI par goutte, ce qui est beaucoup plus que ce qui est recommandé.
  • Cumul non maîtrisé : plusieurs compléments peuvent contenir la même vitamine ou le même minéral, ce qui fait dépasser la dose sûre totale. 
  • Produits mal étiquetés ou non conformes : un contrôle a montré que parmi 45 produits destinés aux enfants, 27 échantillons présentaient des non-conformités entre teneur annoncée et teneur réelle.
  • Faux sentiment de sécurité : “Je lui donne un complément, il va manger mieux”… Non : cela peut même détourner l’attention de ce qui compte : l’alimentation, le goût, l’expérience à table.

Quand un enfant se montre compliqué à table, mieux vaut éviter de sortir l’alarme rouge tout de suite. Prenez plutôt un pas de recul et regardez ce qu’il mange vraiment sur une semaine : un verre de lait au petit-déjeuner, quelques céréales, deux fruits (toujours les mêmes, certes), un légume glissé discrètement dans l’assiette… Très souvent, le tableau est moins catastrophique qu’il n’en a l’air, et ses besoins essentiels sont finalement assez bien couverts.

En revanche, si la liste des aliments se réduit à peau de chagrin, si les fruits et légumes semblent avoir disparu, ou si une pathologie ou un régime particulier complique la situation, un avis professionnel s’impose. Un pédiatre ou un diététicien pourra alors évaluer tout cela objectivement et vous donner un vrai cap.

À SAVOIR

Selon les repères alimentaires de l’ANSES, beaucoup d’adolescents n’ont pas des apports suffisants en calcium ou en fer. C’est le cas d’environ un garçon sur deux entre 13 et 15 ans, et de la grande majorité des filles de 16 à 17 ans pour le calcium. Pour le fer, une fille sur quatre entre 13 et 17 ans présente aussi un risque d’apport insuffisant.

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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