Un groupe de jeunes qui utilisent leur téléphone de façon intensive et se retrouvent donc régulièrement exposés aux ondes qu’il émet.
Finalement, les ondes du téléphone ne nous rendent pas malades ! © Freepik

Après une décennie passée à fouiller des centaines d’études sur les radiofréquences, l’Anses publie son grand verdict 2025 : il n’y a aucune preuve que nos téléphones portables provoquent des cancers. Ouf. Mais l’agence ajoute quelques nuances, notamment pour les jeunes, et rappelle que notre vie numérique intense n’est pas totalement sans conséquences. Alors, faut-il s’en inquiéter ou pas ? On vous explique.

Si le sujet revient régulièrement dans les conversations, c’est bien parce qu’il touche à quelque chose de très intime : notre quotidien connecté. On glisse le smartphone dans la poche, on le garde sous l’oreiller, on l’a presque greffé à la main… Alors forcément, quand on parle d’ondes, d’antennes et de santé, ça interpelle.

L’Anses, l’agence sanitaire française, vient justement de passer dix ans à examiner tout ce que la science a produit de sérieux sur les ondes radio et le cancer. Près de 1000 nouvelles études depuis 2013, et une sélection d’environ 250 articles scientifiques jugés robustes pour établir une synthèse solide.

Les données disponibles ne permettent pas d’établir un lien de cause à effet entre l’exposition aux ondes des téléphones portables et la survenue de cancers chez l’humain. Pas de hausse significative des tumeurs cérébrales, pas d’augmentation des neurinomes, pas de signal statistique inquiétant dans les grandes cohortes européennes comme COSMOS, qui suit plus de 250 000 utilisateurs.

Les ondes de nos mobiles sont des radiofréquences non-ionisantes, c’est-à-dire des ondes incapables de casser l’ADN. Rien à voir avec les rayons X ou les rayondes gamma qui, eux, peuvent provoquer des cancers. Alors, à ce jour, le smartphone n’est pas désigné comme coupable.

Des effets biologiques observés en laboratoire

Certaines études expérimentales ont mis en évidence des réponses biologiques chez des cellules ou chez des animaux exposés à des radiofréquences : variations de stress oxydatif, modifications de l’expression de certains gènes, ou apparition de tumeurs chez les rongeurs dans des protocoles très précis.

Mais ces effets sont observés dans des conditions d’exposition très éloignées de l’exposition humaine réelle.

  • Intensité du signal extrêmement élevée.
  • Durées d’exposition inhabituelles (parfois des heures par jour).
  • Chauffe localisée que ne produit pas un smartphone régulé.

L’Anses qualifie ces données de “preuves limitées”. Limitées, car les résultats ne sont pas systématiques ni reproductibles dans toutes les études ; limitées, car les protocoles ne reflètent pas les conditions de vie réelles.

Ce n’est donc pas suffisant pour conclure à un risque pour l’humain, mais c’est assez pour justifier une poursuite active de la recherche.

Les enfants et ados : un public tout de même plus fragile

Sur les plus jeunes, l’Anses se montre particulièrement vigilante. Leur organisme est encore en développement, leur crâne plus fin, et ils utilisent aujourd’hui le smartphone plus tôt, plus souvent et plus longtemps que la génération précédente.

Même si les études disponibles, comme le projet européen MOBI-Kids, n’ont pas montré de risque accru de tumeur cérébrale, nous manquons encore de recul sur une exposition qui commence dès l’enfance et se prolonge sur des décennies.

Par précaution, l’agence recommande donc de limiter les appels longs avec le téléphone contre l’oreille chez les enfants et les adolescents.

Le monde change, nos expositions aussi

En dix ans, notre environnement électromagnétique s’est profondément transformé :

  • déploiement de la 5G, 
  • multiplication des objets connectés, 
  • antennes plus nombreuses et plus proches des zones de vie. 

Rien d’alarmant en soi. Les niveaux d’exposition restent largement en dessous des valeurs limites fixées par les autorités sanitaires, mais il est indéniable que nous sommes exposés plus souvent et de davantage de sources qu’auparavant.

Cette évolution rapide justifie une surveillance continue des niveaux d’exposition réels, des les usages, et poursuivre les études à long terme. 

La 5G est devenue malgré elle la grande accusée dès son arrivée. L’Anses rappelle pourtant que la 5G repose sur les mêmes types de radiofréquences non ionisantes que la 3G ou la 4G. À ce jour, aucune donnée scientifique ne montre un risque sanitaire supplémentaire lié à cette nouvelle génération de réseau.

La nuance, en revanche, vient de son déploiement massif. Davantage d’antennes, davantage d’appareils connectés, donc plus de sources d’exposition dans notre quotidien. Rien d’inquiétant en l’état, les niveaux restent bien en dessous des limites réglementaires, mais suffisamment nouveau pour mériter une surveillance continue.

L’Anses ne prône ni l’angoisse ni la déconnexion totale, mais une forme d’hygiène numérique plus saine. Quelques gestes permettent déjà de réduire l’exposition, sans changer radicalement nos habitudes :

  • Privilégier le kit mains libres ou le haut-parleur, ce qui éloigne naturellement le téléphone de la tête.
  • Éviter les appels en zone de mauvaise réception, moment où l’appareil émet à pleine puissance.
  • Limiter les appels longs chez les enfants, dont l’organisme est encore en développement.
  • Et, de temps en temps, poser son smartphone, ne serait-ce que pour souffler un peu.

Alors, oui, notre exposition change, nos usages évoluent, et les plus jeunes méritent une attention particulière pour assurer un avenir numérique plus serein.

À SAVOIR 

En 2011, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), rattaché à l’OMS, a classé les radiofréquences des téléphones portables comme “peut-être cancérogènes pour l’homme” (groupe 2B). Cela ne signifie pas qu’un risque est établi, mais que les données scientifiques disponibles étaient alors jugées limitées, justifiant une surveillance régulière.

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Ma Santé

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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