Les écrans occupent une place de plus en plus importante dans la vie quotidienne des enfants. Télévision, ordinateur, tablette ou encore smartphone… Les enfants sont souvent attirés par ces dispositifs qui offrent divertissement et interaction. Cependant, cette hyperconnexion a des conséquences terriblement néfastes sur leur développement et sur leur santé mentale. Pourquoi faut-il s’en inquiéter ? Quels sont les dangers ? Comment protéger nos enfants ? Plus d’explications avec le Dr Pierre Fourneret, médecin psychiatre à l’Hôpital Femme Mère Enfant de Lyon-Bron (Rhône).
On le sait, les écrans remplacent désormais trop souvent les jouets traditionnels. La généralisation de l’utilisation des écrans par les enfants est un sujet controversé, qui génère de nombreux débats parmi les parents, les éducateurs et les professionnels de la santé. Certains voient dans les écrans des opportunités d’apprentissage et de divertissement. Tandis que d’autres, toujours plus nombreux, soulignent les effets négatifs d’une hyperconnexion sur la santé et le bien-être des enfants.
Les risques de l’excès d’écrans chez les jeunes
Le temps que les enfants passent devant les écrans a drastiquement augmenté ces dernières années. Selon une étude de Santé publique France, un enfant de deux ans passe en effet en moyenne 56 minutes par jour devant un écran. Et cette moyenne atteint 1h34 pour les enfants de cinq ans et demi.
L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) tire la sonnette d’alarme de longue date. Ses recommandations préconisent aucun écran avant l’âge de trois ans, et une heure maximum par jour par la suite. Un conseil face auquel la plupart des parents font la sourde oreille. Seuls 13,7% d’ente-eux, souvent soucieux d’avoir la paix, respectent cette recommandation du « aucun écran » avant l’âge de deux ans.
Un risque d’obésité
L’utilisation excessive des écrans peut entraîner de nombreux problèmes sur la santé de l’enfant. À commencer par sa santé physique. Un mode de vie sédentaire peut conduire à l’obésité et à d’autres problèmes de santé liés à l’inactivité. En effet, une surconsommation d’écrans peut entraîner une réduction du temps consacré aux activités physiques et favoriser le grignotage, ce qui, combiné, mène vite à une prise de poids.
Détérioration des capacités cognitives et exécutives
Dans le contexte de la surutilisation des écrans chez les jeunes, il est de plus en plus évident qu’une corrélation existe entre cette pratique et une baisse de la concentration, de la mémoire et de l’attention. Un lien entre le temps passé devant les écrans et les fonctions exécutives, qui jouent un rôle essentiel dans la prise de décisions et la gestion de situations nouvelles. Ces fonctions aident les jeunes à contrôler leurs réactions impulsives, comme des comportements agressifs inappropriés, et sont également liées à la réussite éducative, au développement de compétences sociales et à l’adoption de modes de vie sains.
Par ailleurs, une note de Santé publique France en 2020 souligne l’importance de ne pas laisser les enfants devant un écran avant l’école. Cela pourrait multiplier par trois leurs risques de développer des troubles primaires du langage.
Manque de sommeil
Il peut également y avoir un impact significatif sur leur sommeil. La lumière bleue émise par les écrans retarde la libération de la mélatonine, une hormone essentielle à l’endormissement. Les jeunes sont particulièrement sensibles à cette lumière car leurs yeux ne la filtrent pas aussi efficacement que ceux des adultes. En soirée, l’utilisation des écrans perturbe donc leur sommeil.
En outre, l’attrait des activités en ligne comme les jeux, les médias sociaux et les vidéos poussent certains jeunes à retarder leur heure de coucher. Ce comportement est encore plus courant chez les adolescents, dont l’horloge biologique tend à se décaler naturellement, les maintenant éveillés plus tard en soirée et rendant leur réveil matinal plus difficile.
La dépendance
Les activités en ligne peuvent créer une dépendance similaire à celle de l’alcool et des drogues en activant le « circuit de la récompense » dans le cerveau des jeunes. En recherchant et recevant fréquemment des récompenses, comme des likes sur les réseaux sociaux, ou en jouant à des jeux vidéo, les jeunes deviennent accoutumés à la dopamine libérée par ces interactions. En conséquence, ils peuvent perdre de l’intérêt pour des activités qui ne génèrent pas autant de dopamine, comme jouer à des jeux de société ou écouter en classe. Ils éprouvent un état de « manque » lorsqu’ils sont privés de ces stimulations en ligne.
Un danger pour les enfants… mais pas que
Pourquoi les jeunes enfants sont-ils vulnérables aux écrans ?
le cerveau en développement des enfants les rend plus vulnérables aux techniques de marketing en ligne et aux effets néfastes de l’hyperconnectivité. Leur manque d’autocontrôle, de jugement et de maturité peut avoir un impact sur leur utilisation des écrans.
Et les adolescents et jeunes adultes ?
En raison de leur impulsivité et de leur propension à prendre des risques, les jeunes de ce groupe d’âge peuvent être plus exposés aux conséquences négatives. Leur cerveau en développement jusqu’à l’âge de vingt-cinq ans peut les rendre moins en mesure de trouver un équilibre entre la vie en ligne et hors ligne.
À SAVOIR
Afin de prévenir les effets négatifs des écrans sur la santé des jeunes, il est essentiel d’établir quelques règles simples :
– Limiter l’utilisation des écrans le matin
– Éviter les écrans pendant les repas pour favoriser les échanges familiaux
– Aucun écran dans la chambre des enfants
– Pas d’écran avant de se coucher