Le tensiomètre cardio fréquencemètre transmet les données depuis son domicile jusqu'au médecin ©P.Auclair

De juillet 2016 à mars 2017, une expérimentation en Auvergne Rhône-Alpes doit mesure l’impact des objets connectés sur l’activité des professionnels de santé. Pourquoi ? Pour quelles pathologies ? Explications du Dr Garrigou-Grandchamp, porteur du projet.

Quel est l’objectif de l’expérimentation menée en Auvergne Rhône-Alpes ?

Il s’agit de mesurer l’impact de l’usage des objets connectés sur l’exercice des médecins et l’activité des professionnels de santé. Cette expérimentation, qui s’inscrit dans le cadre du programme TSN (Territoire de Santé Numérique), est en quelque sorte le pendant de l’ »hôpital numérique » pour le secteur libéral. C’est aussi un bon moyen d’améliorer la communication entre tous les professionnels de santé, que ce soient les médecins, les pharmaciens, les biologistes, les infirmiers… tout en restant dans un cadre législatif strict.
 

Hypertension artérielle et insuffisants cardiaques ou rénaux

Quelles sont les cibles de cette expérimentation ? 

Schématiquement, on a défini deux scenarios pour deux types de patients majeurs. D’une part, des patients « malades », insuffisants cardiaques ou rénaux, qui souffrent d’une surcharge en sel et en eau. Le sel retient l‘eau dans l’organisme. Résultat, une augmentation du poids vérifiable de manière simple et instantanée grâce à un pèse-personne connecté. Le médecin va ainsi pouvoir ajuster rapidement et efficacement le traitement en fonction des données recueillies chaque matin. Actuellement, les patients insuffisants cardiaques ou rénaux ne vont consulter leur médecin qu’après avoir pris six ou huit kilos, qu’ils sont essoufflés. C’est souvent trop tard et le médecin n’a d’autres solutions que l’hospitalisation, alors qu’un traitement adapté aurait suffit si la prise de poids avait été détectée plus tôt.

Et l’autre scenario ?

Il s’inscrit plutôt dans une démarche préventive, ciblant surtout les personnes en surcharge pondérale ou souffrant d’hypertension artérielle. Pour ces dernières, par exemple, nous allons fournir un tensiomètre cardio fréquencemètre dont les données seront transmises et exploitables immédiatement via un hub et une plateforme sécurisée. Le médecin sera averti dès le franchissement de certains seuils d’alerte. On évitera ainsi l’effet « blouse blanche », en l’occurrence une poussée de tension instinctive à la vue du professionnel de santé. Mesurer la tension artérielle, dans de bonnes conditions, à son domicile, sera donc une avancée notable, sachant que 30 à 40% des personnes faisant l’objet d’un suivi sont soient sur traitées, soient sous-traitées. Nous allons enfin fournir à certains patients un traceur d’activités capable d’indiquer à distance le nombre de pas effectués dans la journée, les étages montés, la qualité du sommeil…

Généraliser l’usage des objets connectés dans la santé

Comment et quand se déroule cette expérimentation ? 

L’expérimentation, pilotée par l’URPS Médecins Libéraux d’Auvergne Rhône-Alpes, devrait débuter durant la première quinzaine de juillet, dès l’obtention des autorisations de la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés) et du CPP (Comité de Protection des Personnes). Elle s’achèvera en mars 2017. Durant cette période, nous allons délivrer deux cents kits d’objets connectés (tensiomètres, pèse-personne, traceur d’activités) dont les données seront exploitées par une cinquantaine de professionnels de santé volontaires (médecins, pharmaciens, biologistes, infirmiers…) situés sur le territoire du projet Pascaline, sur le Rhône et l’Isère, entre l’Est lyonnais et Bourgoin-Jallieu. A l’issue de l’expérimentation, le matériel, financé dans le cadre du programme TSN, sera conservé par les patients. L’usage des données recueillies sur la plateforme sera analysé, l’objectif à terme étant de généraliser l’expérimentation à l’échelle régionale puis nationale dans un cadre réglementaire. Restera à régler quelques points comme un éventuel financement du matériel par l’assurance maladie. Pour l’instant, par exemple, l’assurance maladie fournit à certains patients un tensiomètre mais cet objet n’est pas connecté, ce qui oblige le patient à transmettre les données à son médecin via une clé USB. Si on parvient un jour à généraliser le tensiomètre connecté, l’impact sur le traitement de l’hypertension artérielle sera vraiment très important. A la clé, un gain d’efficacité, un confort pour le patient et d’importantes économies pour l’assurance maladie…
 
Retrouvez la liste de tous les médecins généralistes de votre ville ou de votre quartier sur www.conseil-national.medecin.fr

A SAVOIR

Le territoire d’expérimentation de l’usage des objets connectés par les professionnels de santé s’étend sur les départements du Rhône et de l’Isère, à l’Est du Grand Lyon, sur les 3e et 8e arrondissement jusqu’à Bourgoin-Jallieu. Ce territoire englobe 27 communes, 235 000 habitants et 20 000 acteurs de santé.

1 COMMENTAIRE

  1. Bonjour !
    Super le projet Pascaline ! Il aurait été opportun de le réaliser avant que EDF ne fasse installer les compteurs Linky dans toute la région… qui sera de toutes façons inondée de ces compteurs connectés d’ici 2020, c’est-à-dire dans 4 ans !!! ce sera sans doute trop tard alors de faire “machine arrière” ….
    Cordialement

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici