
Selon une enquête de terrain réalisée en 2024 par 60 millions de consommateurs, plus des deux tiers des produits anti-poux vendus en pharmacie ou en supermarché seraient tout bonnement inefficaces. En cause ? Des formules obsolètes, des résistances de plus en plus fréquentes… et un bon paquet d’idées reçues. À l’approche de la rentrée scolaire, il est temps de faire le tri dans les flacons.
Chaque année, c’est la même rengaine. Les parents scrutent les têtes, armés de peignes et de sprays, tandis que les poux s’invitent dans les cours de récré sans même demander la permission. Rien qu’en France, près de 100 000 enfants sont concernés chaque mois en période scolaire. Un vrai business aussi : le marché des anti-poux représente plus de 80 millions d’euros par an dans l’Hexagone.
Mais, selon une étude publiée en juin 2024 par le magazine 60 Millions de consommateurs, seuls 8 produits sur 27 testés seraient réellement efficaces pour éliminer les poux adultes. Et aucun ne viendrait à bout des lentes, ces œufs collés aux racines qui font office de plan B pour ces indésirables coriaces.
Pourquoi ça ne marche pas (ou si mal) ?
Parce que les poux sont devenus résistants
Ce n’est pas un scoop, les poux se sont adaptés aux formules chimiques qu’on leur applique depuis des décennies. Les traitements à base de pyréthrinoïdes, longtemps plébiscités, sont aujourd’hui souvent inefficaces à cause d’un phénomène de résistance. En clair, les poux survivent tranquillement à la “douche insecticide” et continuent de pondre.
En 2020 déjà, des chercheurs français avaient démontré que près de 80 % des poux prélevés en France étaient porteurs d’un gène de résistance indique l’Inserm.
Parce qu’on traite souvent mal (ou pas assez longtemps)
Autre erreur classique, on applique un traitement une seule fois, on peigne vite fait, et on pense que c’est fini. Problème, les lentes éclosent au bout de 7 à 10 jours. Si on ne renouvelle pas le traitement à temps, la colonie repart de plus belle.
Et puis, il faut bien l’avouer, entre le manque d’informations claires sur les notices, les produits mal formulés et les gestes bâclés, on ne met pas toutes les chances de notre côté.
Poux résistants aux traitements : quels produits fonctionnent vraiment ?
Heureusement, tout n’est pas à jeter. Selon les experts et les tests publiés récemment, les traitements à base de diméthicone (un silicone qui agit mécaniquement en étouffant les poux) restent aujourd’hui les plus fiables. Parmi les marques testées, celles à base de diméthicone sont celles qui s’en sortent le mieux, à condition d’être utilisées rigoureusement.
D’autres solutions plus récentes montrent également de bons résultats, comme :
- Le spinosad, un insecticide d’origine naturelle, utilisé sur prescription
- L’ivermectine, en lotion ou par voie orale, également sur ordonnance
Mais attention, ces traitements ne doivent pas être banalisés. Ils peuvent entraîner des effets secondaires, et leur usage doit rester ponctuel, sous suivi médical.
Ce qu’il faut (vraiment) faire pour s’en débarrasser
- Traiter deux fois, à 7 jours d’intervalle : même le meilleur produit ne viendra pas à bout des lentes en une seule fois.
- Utiliser un peigne fin, sur cheveux humides, mèche par mèche : c’est fastidieux, mais c’est l’arme la plus efficace. Le peignage permet de repérer les poux, d’éliminer les lentes et de limiter les recontaminations.
- Nettoyer l’environnement : draps, bonnets, serviettes, brosses… Tout ce qui a pu être en contact avec la tête doit être lavé à 60 °C minimum ou mis au congélateur pendant 24h.
- Prévenir sans paniquer : les poux n’ont rien à voir avec une mauvaise hygiène. Inutile de raser la tête ou de culpabiliser un enfant. L’essentiel, c’est de traiter vite et bien.
Ainsi, devant l’inefficacité de nombreux produits, certaines voix appellent à un renforcement des contrôles sur les promesses des fabricants. En attendant, la vigilance reste de mise. Ne vous fiez pas au prix ou à la marque. Regardez les substances actives et vérifiez l’absence de résistances connues
À SAVOIR
Un produit peut tuer les poux adultes mais laisser vivantes les lentes. Or, il suffit d’une lente bien cachée pour relancer l’infestation. C’est pourquoi le renouvellement du traitement est indispensable, même quand on ne voit plus rien.







