Un enfant de moins de 3 ans scotché devant l'écran avec la télécommande à la main.
Selon l’Organisation mondiale de la santé, les enfants de moins de 2 ans ne devraient pas être exposés du tout aux écrans. © Freepik

La ministre de la Santé, Catherine Vautrin, souhaite instaurer dès l’été 2025 une interdiction des écrans pour les enfants de moins de 3 ans, y compris dans la sphère privée. Une mesure forte, inspirée des recommandations scientifiques, qui entend provoquer un électrochoc culturel. Que faut-il comprendre exactement ? Est-ce applicable ? Explications.

Télévision, smartphone, tablette, ordinateur… Des mots qui font désormais partie du quotidien familial. Mais pour les bébés et les enfants de moins de trois ans, le gouvernement veut désormais tirer le signal d’alarme.

À l’initiative de la ministre de la Santé Catherine Vautrin, un décret visant à interdire les écrans pour les moins de 3 ans sera présenté dès l’été 2025. Et il ne s’agit pas seulement des écrans à l’école ou à la crèche : l’interdiction concernerait aussi les écrans à la maison.

Une petite révolution dans nos salons, portée par des arguments de santé publique et un consensus scientifique solide. Alors, pourquoi une telle mesure maintenant ? Quels écrans sont concernés ? Comment sera-t-elle appliquée ?

Une mesure choc… mais pas punitive

C’est dit : “pas d’écrans avant 3 ans”, martèle le ministère. L’objectif n’est pas de verbaliser les familles mais bien de créer un choc culturel, à la manière de l’interdiction des fessées ou du tabac dans les lieux publics. “Il ne s’agit pas de venir mettre des policiers chez les gens”, a précisé Catherine Vautrin le 14 juin au micro de France Inter.

Ce décret, attendu pour l’été, vise à inscrire l’interdiction dans le Carnet de Santé, un peu comme une consigne officielle mais sans sanction légale. Le gouvernement espère ainsi faire évoluer les pratiques parentales, en s’appuyant sur la pédagogie, pas la punition.

Quels écrans sont concernés ?

Tous. Oui, tous. La mesure vise tous les types d’écrans : téléviseurs, téléphones portables, tablettes, ordinateurs. Que ce soit en crèche, chez une assistante maternelle ou dans le salon familial, le message est clair : les enfants de moins de 3 ans ne doivent pas être exposés aux écrans, même de manière passive (quand une télé tourne en fond sonore, par exemple).

Le cerveau, tout simplement

Les experts scientifiques sont unanimes. Avant 3 ans, le cerveau de l’enfant est en plein développement. Or, les écrans perturbent ce processus de manière irréversible. Selon les recommandations publiées en mai 2025 par cinq sociétés savantes françaises (pédiatrie, ophtalmologie, psychiatrie, etc.), les écrans favorisent les retards de langage, les troubles du sommeil, de l’attention et de la mémoire, surtout lorsqu’ils sont utilisés en substitution de l’interaction humaine.

“Ces retards sont massifs, avérés et surtout inégalitaires : les enfants des milieux populaires sont les plus touchés”, alerte la pédiatre Christèle Gras-Le Guen, présidente de la Société française de pédiatrie.

Une étude de l’Inserm (2023) révélait déjà que les enfants de moins de 3 ans exposés plus de 30 minutes par jour aux écrans présentaient jusqu’à 2 fois plus de retards de langage à l’entrée en maternelle.

Une nouvelle étape après les recommandations

Ce n’est pas la première fois que la France agit sur le sujet. Depuis le 1er janvier 2024, le Carnet de Santé indique déjà les règles suivantes :

  • 0 écran avant 3 ans
  • Utilisation encadrée et accompagnée entre 3 et 6 ans
  • Temps limité et adapté après 6 ans

La ministre souhaite désormais franchir un cap symbolique : transformer une recommandation en norme publique, afin de peser davantage sur les pratiques éducatives.

Une campagne nationale pour accompagner les parents

Pas question d’abandonner les familles dans le brouillard digital. Le gouvernement prévoit une grande campagne de sensibilisation, portée par la Caisse d’Allocations Familiales (Caf) et l’Assurance Maladie (Cnam). Objectif : informer, outiller, rassurer.

On parle de guides pratiques, de messages dans les applis Caf, de conseils chez les médecins généralistes, les PMI, etc. Le mot d’ordre : pas d’écran ? Très bien. Mais on propose quoi à la place ?

Mais que faire alors avec un enfant sans écran ?

Pas de panique. À 2 ans, votre enfant n’a pas besoin de « Petit Ours Brun » en streaming. Il a besoin de vous, de langage, de mouvement, de jeux simples.

  • Lecture de petites histoires
  • Jeux d’imitation (cuisine, marchande, animaux…)
  • Musique douce et comptines
  • Promenades, jeux d’eau, pâte à modeler…

Oui, c’est plus fatigant qu’un dessin animé. Mais c’est aussi plus efficace pour développer son cerveau, son langage et sa capacité à gérer ses émotions.

À SAVOIR 

Si les experts médicaux applaudissent la mesure, certains politiques ou éditorialistes l’accueillent avec prudence, voire scepticisme.

La journaliste Isabelle Saporta, sur RTL, y voit une mesure de communication plus que de prévention réelle. “ On est sur un signal politique. Cela permet aux politiques de se couvrir mais pas de réellement protéger”, a-t-elle lancé sur l’antenne de RTL.

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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