Un confinement du Rhône paraît désormais inéluctable. Le taux d’incidence continue d’augmenter, dépassant largement le seuil d’alerte. Plus inquiétant, la plateforme de contact tracing de Villeurbanne constate depuis quelques jours une nette reprise de l’épidémie, avec plus de 6 700 cas positifs par semaine. Soit une hausse de plus de 60% en deux semaines. Quant aux services de réanimation, ils sont proches de la saturation.
Le reconfinement des habitants du Rhône est désormais proche. Une question de jours tout au plus, comme l’a confirmé le porte-parole du gouvernement. Alors que plusieurs régions ou départements français, dont l’Ile-de-France et les Hauts-de-France, sont déjà soumis à ce confinement “light”, les derniers chiffres en provenance de l’Agence Régionale de Santé Auvergne-Rhône-Alpes laissent peu de place au doute.
Idem du côté de Santé Publique France. Le dernier bulletin indique une hausse du taux d’incidence dans le Rhône. Ce taux atteint 386 cas pour 100 000 habitants.Dont 79% positifs au variant anglais.
Un sentiment d’inquiétude confirmé par les informations en provenance de la plateforme de contact tracing du Rhône. Implantée dans les locaux de la CPAM du Rhône, cette plateforme téléphonique constitue un excellent baromètre de l’épidémie. Et depuis quelques jours, le baromètre vire à la tempête… “Durant plusieurs semaines, on a connu une reprise molle de l’épidémie de coronavirus. Même si on restait sur un plateau de contamination assez élevé. Depuis la mi-février, le nombre des cas contacts est reparti à la hausse. Et, depuis fin février, on enregistre une augmentation régulière mais très sensible des cas positifs “, explique Estelle Coulet, sous-directrice de la maîtrise des dépenses de santé à la CPAM du Rhône et copilote de la plateforme de contact tracing.
Reconfinement du Rhône : des chiffres de contamination alarmants
De fait, les derniers chiffres sont éloquents et alarmants. Sur la première semaine de mars, la plateforme enregistrait 4158 cas positifs dans le Rhône. Une semaine plus tard, ce sont près de 5000 déclarations de contaminations qui étaient recensées. Et l’accélération de l’épidémie s’est confirmée la semaine dernière avec 6 700 cas positifs enregistrés en une semaine.
Quant aux cas contacts, ils ont été multipliés par deux en l’espace d’un mois : 13 600 la semaine dernière contre 6 700 mi février. “On voit clairement la nouvelle vague épidémique déferler sur le département“, constate, lucide, Estelle Coulet.
Un taux d’incidence en hausse dans le Rhône
Est-ce un relâchement dans les gestes barrières ou la rapide propagation du variant anglais ? Toujours est-il que tous les indicateurs se dégradent. Comme le confirme le taux d’incidence qui avoisine désormais les 400 000 cas/100 000 habitants. Alors que le seuil d’alerte est fixé à 250 cas/100 000 habitants. “Le variant anglais est devenu tellement prépondérant (Ndlr: plus de 70% des cas) qu’il n’est plus à proprement parler mesuré et tracé par nos équipes de tracing. En revanche, nous restons très vigilants sur les variants sud-africain et brésilien. Nous rappelons tous les patients atteints par ce variant pour des consignes renforcées afin de réduire les risques de transmission. A ce stade ces variants restent en proportion restreinte (moins de 5%) »?
Variants anglais, sud-africain et brésilien : des consignes renforcées
Pour rappel, ces consignes renforcées en cas de contamination avérée au variant anglais de la Covid-19 sont les suivantes :
- Isolement strict de 10 jours,
- visites d’un infirmier à domicile
- généralisation du contact warning : les cas contacts avertissent leurs propres cas contacts d’un éventuel risque de contamination
Ces consignes sont assorties, pour les patients atteints des variant sud-africain ou brésilien et leurs cas contacts, de règles supplémentaires dans les 7 jours qui suivent l’isolement :
- Réduction volontaire des contacts
- Port du masque chirurgical
- Autosurveillance et test au moindre doute pour les cas contacts
- Eviter les contacts avec des personnes à risques
- Eviter les transports en commun
Les plus jeunes victimes de la troisième vague
Dans ce contexte sanitaire dégradé, la plateforme de contact tracing de Villeurbanne se prépare à un prochain pic d’activité. Dans cette perspective, un appel à la mobilisation a été lancé. Après une pointe à 350 personnes fin octobre, au plus fort de la deuxième vague, ils sont aujourd’hui 300 à se relayer au téléphone. Et sans doute une vingtaine de plus la semaine prochaine.
“La situation est inquiétante. On se retrouve un peu dans la situation de début octobre, à la veille de la deuxième vague. Toutefois, selon les données de l’ARS, on enregistre moins de contaminations chez les plus de 80 ans. Mais beaucoup plus de malades dans la tranche 20-50 ans infectés en milieu professionnel. La stratégie vaccinale sera déterminante dans les prochaines semaines pour éviter la troisième vague dans le Rhône”, conclut Estelle Coulet.
A SAVOIR
Les dernières informations en provenance de la Haute Autorité de Santé comme de l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes ou des laboratoires laissent peu de place au doute. Après un court répit en début d’année, l’épidémie de Covid-19 connait un fort rebond avec l’arrivée du printemps. Dans les établissements des Hospices Civils de Lyon, le taux d’occupation des lits en réanimation avoisine les 95%. La situation se dégrade aussi rapidement dans la plupart des autres départements d’Auvergne-Rhône-Alpes, à l’instar de la Haute-Savoie, de la Loire, de l’Isère ou de l’Ain, avec des taux d’incidence partout supérieurs à 250/100 00 habitants.