De plus en plus de Français n’ont pas – ou plus – de médecin traitant, faute de praticiens disponibles. Un état de fait inquiétant, illustration des lacunes de notre système de santé. Face à ce constat alarmant, de nouvelles solutions doivent être explorées. L’analyse du Dr Pierre Wolff, médecin généraliste et président de Mutualp.
Aujourd’hui, en France, 15% de la population n’a pas de médecin traitant. Quelles sont les solutions pour améliorer l’offre de soins des généralistes, première porte d’entrée de notre système de santé ?
Malheureusement, quel que soit le remède proposé, la démographie médicale est telle que nous ne retrouverons pas un niveau acceptable de praticiens avant, au plus tôt, 2032. Donc, il n’y a qu’une solution : partager le temps médical, décharger les médecins d’une partie de leurs tâches pour les transférer à de nouvelles professions.
Dans cette perspective, les assistants médicaux peuvent-ils contribuer à redonner du temps médical au praticien ?
Oui, en partie. Les 6 000 assistants médicaux en activité sont en partie financés par la Cnam (Caisse nationale d’assurance maladie). Ils s’occupent notamment des tâches administratives, de la gestion de la carte vitale, de la tenue des dossiers. Ils peuvent aussi pratiquer quelques actes médicaux simples comme un électrocardiogramme, lu ensuite par le praticien.
La création de médiateurs de santé va-t-elle aussi dans le bon sens ?
C’est un nouveau métier encore peu développé mais très important. En effet, le médiateur de santé va accompagner le patient en situation médicale ou sociale difficile dans un parcours de soins de plus en plus complexe. Il est financé par l’ARS (Agence Régionale de Santé) ou les collectivités locales comme, dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, à Givors (Rhône).
Pour combattre les déserts médicaux, le gouvernement milite aussi en faveur des IPA (infirmiers en pratique avancée). Est-une solution cohérente et pérenne ?
Oui, c’est même la solution la plus contributive. L’IPA, après trois ans d’exercice, complète son cursus par deux ans de formation universitaire. Avec ce master en soins, il peut remplir des tâches médicales pures, notamment le suivi de maladies chroniques (asthme, diabète, Alzheimer, certains cancers).
Par exemple, un diabétique peut faire appel à un IPA pour voir si son diabète est équilibré, se faire prescrire des médicaments ou renouveler une ordonnance. À la clé, une seule visite chez le médecin par an au lieu de trois ou quatre auparavant. Et donc la possibilité pour le praticien de prendre de nouveaux patients au cabinet. Maintenant, il faut que les IPA soient plébiscités par les médecins et qu’ils soient correctement rémunérés…
Plus globalement, ne faut-il pas redonner aux jeunes le goût des professions de santé ?
Si, c’est même le grand défi. La filière santé ne fait plus envie. Trop complexe. Résultat, beaucoup d’étudiants jettent l’éponge au bout d’un, deux ou trois ans. Il faut donc rendre les études et la profession attractives. Vaste sujet qui n’est pas du tout abordé par nos dirigeants…
À SAVOIR
MUTUALP : « La santé pour tous ». Créée en 1968 à l’initiative d’entrepreneurs lyonnais, Mutualp rassemble des salariés et retraités de tous horizons. Elle fédère plus de 10 000 adhérents qui bénéficient d’un service et de couvertures santé adaptées aux besoins de chacun, calculées au juste prix. Ses valeurs : solidarité, entraide, responsabilité. Vous voulez adhérer ? Rendez-vous sur www.mutualp.fr