Chaque mois de septembre, les services d’urgences pédiatriques connaissent la même situation : un afflux d’enfants asthmatiques en crise. Et ce n’est pas une impression. Les données de Santé publique France confirment que la rentrée scolaire s’accompagne d’un véritable pic de passages aux urgences et de consultations SOS Médecins pour asthme. Explications.
En 2025, la semaine de la rentrée a enregistré une augmentation de 12 % des passages aux urgences pour asthme chez les moins de 15 ans, et de 17 % d’appels SOS Médecins, par rapport à la semaine précédente.
En 2024, le phénomène avait été encore plus spectaculaire : +98 % de passages aux urgences, +75 % de recours à SOS Médecins et +35 % d’hospitalisations, selon Fréquence Médicale.
Ces chiffres traduisent une réalité inquiétante. L’asthme, qui touche environ 10 % des enfants en France (Inserm), reste l’une des maladies chroniques les plus fréquentes de l’enfance, et la rentrée scolaire en constitue une période à haut risque.
Pourquoi l’asthme fait-il aussi sa rentrée en septembre ?
Les virus respiratoires en première ligne
La cause principale pointée par les spécialistes est la circulation accrue des virus respiratoires. En septembre, les enfants retrouvent leurs camarades de classe, partagent la même salle, les mêmes jouets, les mêmes transports scolaires. Ce retour à la vie collective est un terreau idéal pour les infections virales comme le rhinovirus, le virus respiratoire syncytial (VRS) ou encore les premiers virus grippaux.
Ces infections, souvent bénignes chez les enfants en bonne santé, peuvent être redoutables chez ceux souffrant d’asthme. Elles irritent les bronches déjà fragiles, provoquent de l’inflammation et déclenchent des crises parfois sévères.
L’été, une pause dangereuse pour le traitement
L’autre explication, plus insidieuse, se trouve dans les habitudes estivales. Pendant les vacances, les familles ont tendance à relâcher la vigilance sur les traitements de fond, souvent à base de corticoïdes inhalés. L’enfant respire mieux, il joue dehors, les symptômes se font rares… et beaucoup arrêtent ou réduisent leur traitement.
Mais en septembre, cette protection pharmacologique n’est plus assurée. Les bronches sont donc beaucoup plus vulnérables face aux virus et aux allergènes. Les pédiatres le rappellent donc avec insistance, la régularité du traitement est la clé pour éviter les hospitalisations.
L’air des salles de classe sous surveillance
Au-delà des virus et des traitements, l’environnement scolaire joue aussi un rôle majeur. Une étude Inserm/UPMC portant sur 108 écoles primaires en France a montré que près d’un tiers des enfants étaient exposés à des niveaux trop élevés de particules fines, de dioxyde d’azote (NO₂) ou de formaldéhyde dans les salles de classe. Ces polluants sont directement associés à une augmentation des symptômes respiratoires et des crises d’asthme, en particulier chez les enfants allergiques.
La rentrée coïncide aussi avec le retour d’allergènes tels que les acariens, les poussières ou, dans certaines régions comme l’Auvergne-Rhône-Alpes, les pollens d’ambroisie. Ces déclencheurs, cumulés aux polluants intérieurs, créent un environnement défavorable pour les bronches fragiles des enfants asthmatiques.
Le stress et le changement de rythme
Enfin, il ne faut pas négliger la dimension psychologique et organisationnelle. La rentrée scolaire signifie un changement brutal de rythme : lever plus tôt, journées plus longues, activités scolaires et extrascolaires à reprendre. Autant de facteurs qui perturbent le sommeil, fragilisent l’équilibre immunitaire et compliquent la prise régulière des médicaments.
Le stress lié à la rentrée (peur de la nouveauté, appréhension de l’école, fatigue) peut lui aussi contribuer à déclencher une crise.
Que faire pour éviter ce pic de septembre ?
Le pic de septembre n’est pas une fatalité, insistent les spécialistes. Pour réduire les risques de crise, il est essentiel de maintenir le traitement de fond tout au long de l’été, sauf avis médical contraire, afin que les bronches restent protégées à la rentrée.
Une consultation avant la reprise des cours permet d’ajuster la prise en charge et de mettre à jour le plan d’action personnalisé. L’information de l’école est également primordiale. Enseignants et infirmières doivent savoir comment réagir en cas d’urgence. Enfin, quelques gestes simples comme aérer régulièrement les salles de classe et rester attentif aux premiers signes d’alerte peuvent éviter que les symptômes ne s’aggravent.
À SAVOIR
En France, l’asthme est l’une des principales causes d’absentéisme scolaire chez l’enfant. C’est aussi la première maladie chronique pédiatrique, rappelle l’Inserm.