Si le terme “schizophrène” est souvent employé au figuré, on parle peu de la pathologie qui touche plus de 1% de la population. Une psychose qui relève davantage de la désagrégation de la personnalité que de son dédoublement. Le vrai du faux sur cette réalité médicale avec le Dr Jean-Pierre Salvarelli, psychiatre et chef de service au centre hospitalier Le Vinatier à Bron (Rhône).
Qu’est-ce qu’un schizophrène au sens médical du terme ?
Mot d’origine grecque, « schizophrène » signifie littéralement « esprit fendu ». Baptisée ainsi par le psychiatre zurichois Eugène Bleuler, en remplacement de la qualification de « démence précoce », cette pathologie débute le plus souvent à l’adolescence ou quand on est jeune adulte. Contrairement à une idée reçue, il ne s’agit pas de dédoublement de la personnalité. La réalité est plus complexe et il existe plusieurs formes de schizophrénie. La plus simple est caractérisée par l’inhibition, la bizarrerie, la discordance ; la plus sévère par les délires, les peurs insolites, les hallucinations, etc.
Il faut également distinguer la personnalité schizoïde du fait d’en être vraiment malade. Par exemple, la surconsommation de drogues peut favoriser le déclenchement de la pathologie et quelqu’un qui en aurait abusé peut en présenter certains symptômes. Dans tous les cas, la schizophrénie est révélatrice d’une souffrance intense qui entraine des troubles d’adaptation à la réalité et aux habilités sociales. Elle peut provoquer des crises suicidaires.
Les symptômes de la schizophrénie
Comment détecter la maladie et la prendre en charge ?
La maladie se manifeste le plus souvent par une rupture dans les habitudes avec des bizarreries comportementales : repli sur soi, sentiment d’étrangeté ou de persécution, idées délirantes, comme par exemple « mes parents ne sont pas mes vrais parents », « je suis le messie », hallucinations, etc. Afin de soulager sa souffrance, le sujet atteint tente d’aménager sa vision du monde. Il se retrouve marginalisé avec des difficultés d’insertion. C’est une affection que l’on pourrait qualifier de bio-psycho-sociale. Une pathologie très dure à supporter pour l’environnement familial mais plus elle est prise en charge tôt, meilleur sera le pronostic. Même si on n’en guérit pas, ça se soigne, à condition que le patient l’accepte, car le déni des troubles est parfois tenace. Les ruptures de traitement sont la première cause de rechute et de réhospitalisation. La prise en charge d’un patient schizophrène est à la fois médicamenteuse (prise de neuroleptiques, d’anxiolytiques, etc.), psychothérapeutique et sociale (aides à la recherche d’un logement et d’un travail adapté).
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A SAVOIR
En France, environ 500 000 personnes sont concernées par la schizophrénie et 300 000 font l’objet d’une prise en charge, ce qui en fait un des troubles psychiatriques les plus importants de notre pays.