En 2007, dans une campagne choc, l'actrice et mannequin Isabelle Caro avait posé nue pour sensibiliser les gens à la lutte contre l'anorexie. ©DR

Le monde la mode s’invite de manière impromptue dans le débat autour du projet de loi santé. Député de l’Isère et neurologue grenoblois, Olivier Véran va déposer deux amendements pour bannir des défilés les mannequins trop maigres, coupables à ses yeux de faire l’apologie de l’anorexie.

Au lendemain d’une manifestation du monde médical qui aura réuni près de 50 000 praticiens et patients à Paris, les députés auront l’occasion de débattre d’autre chose que de la généralisation du tiers-payant. Olivier Véran, député PS de l’Isère et neurologue au CHU de Grenoble,va déposer ce lundi deux amendements au projet de loi santé de Marisol Touraine. L’élu dauphinois souhaite notamment bannir des podiums les mannequins trop maigres et stigmatiser certaines pratiques de nature à faire l’apologie de l’anorexie.
«Il est intolérable que l’on puisse faire l’apologie de la dénutrition et que l’on puisse exploiter commercialement des personnes qui sont dans des situations mettant en danger leur santé», a expliqué Olivier Véran, confronté au quotidien à ces jeunes jeunes filles prêtes à mettre leur vie en danger pour ressembler à leurs idoles.
Concrètement, le député milite pour interdire aux agences de mannequinat le recours à des mannequins lorsqu’ils sont diagnostiqués en état de dénutrition. Dans cette optique, il propose de modifier le code du travail afin de contraindre les agences à attester pour chaque mannequin d’un certificat médical prouvant que son IMC (indice de masse corporelle) est supérieur à une valeur donnée.

Attention aux dénutrition sévères

«Cette valeur n’est pas encore déterminée. Elle devra faire l’objet de débats. Je propose que la Haute autorité de santé se prononce à son sujet», précise-t-il. Pour étayer son propos, le neurologue grenoblois note que certains pays comme Israël, l’Espagne, l’Italie, le Chili ou la Belgique, ont déjà réagi face à ce phénomène en prenant des dispositions législatives ou réglementaires.
«En France, on considère que l’on est maigre en dessous de 18,5. L’OMS retient un indice en dessous de 18 pour commencer à parler de dénutrition. En dessous de 17, c’est une dénutrition sévère. En dessous de 16, c’est considéré comme un état de famine». Selon le rapporteur de cet amendement, la sanction pénale proposée contre l’employeur contrevenant serait lourde: jusqu’à six mois d’emprisonnement et une amende de 75 000 euros.
Le deuxième amendement, déposé conjointement avec la délégation aux droits des femmes, vise à créer notamment un «délit de valorisation de maigreur excessive» en  interdisant notamment les sites internet qui font l’apologie de l’anorexie. «Ces sites expliquent aux jeunes filles de 12-13 ans qu’il faut avoir un écart de 15 centimètres entre les jambes pour être belle», déplore le député qui estime « entre 30 et 40 000 personnes » souffrent d’anorexie mentale en France.

A savoir

L’anorexie mentale est un trouble du comportement alimentaire essentiellement féminin, qui entraîne une privation alimentaire stricte et volontaire pendant plusieurs mois, voire plusieurs années. L’anorexie est très souvent associée à des troubles psychologiques.L’anorexie mentale se déclenche le plus souvent entre 14 et 17 ans, avec un pic de prévalence maximale à 16 ans. Elle peut néanmoins survenir plus tôt, à partir de 8 ans, ou plus tard après 18 ans (source: Inserm).

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Enfant des radios locales, aujourd'hui homme de médias, il fait partager son expertise de la santé sur les supports print, web et TV du groupe Ma Santé AuRA.

1 COMMENTAIRE

  1. On voit deux choses dans cette proposition de loi:
    _ premièrement une mesure de protection des travailleurs, visant à empêcher les employeurs de recruter des personnes malades, et ainsi encourager des personnes prédisposées à aggraver leur tendance anorexique,
    _ deuxièmement une tentative de censurer les blogs des anorexiques (car derrière les mots, c’est de cela qu’il s’agit).
    Les anorexiques sont déjà dans une situation assez pénible pour qu’on ne leur supprime pas en plus la liberté d’expression. Au lieu de les réprimer, on ferait mieux de discuter avec empathie avec elles. Des ex-anorexiques pourraient se charger de cela.

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