Un père se penche sur le ventre de sa femme enceinte.
Longtemps étouffé par de fortes convictions, le désir d'avoir un enfant a pourtant rattrapé Sébastien Duraffourg. © Freepik

En quelques années, la perception sociétale de la vasectomie a changé : elle est de plus en plus acceptée et le nombre de stérilisations masculines a été multiplié par quinze en douze ans, dépassant celui des stérilisations féminines. Le cas de Sébastien Duraffourg, un Annécien de 48 ans, en est le parfait reflet. En couple depuis deux ans, il envisage aujourd’hui d’avoir un enfant avec sa nouvelle compagne. Problème : en 2019, alors marié à une autre femme, il a décidé de subir une vasectomie. Témoignage.

À l’époque, la vasectomie de Sébastien Duraffourg, agent des finances publiques à Annecy, était motivée par plusieurs raisons. “Mon ex-femme souffrait de règles douloureuses dues à la pilule contraceptive. Et je souhaitais partager la responsabilité de la contraception.” Une enfance douloureuse, marquée par l’alcoolisme de son père, avait étouffé ses désirs d’enfants.

Ce pas déterminé vers la stérilisation, Sébastien l’a donc franchi dès le plus jeune âge : “L’idée de ne pas avoir d’enfant était ancrée en moi. Très tôt, j’ai réalisé que je ne voulais pas reproduire ma propre expérience familiale. Être parent est une tâche difficile, et je ne me sentais pas prêt à assumer cette responsabilité… Jusqu’à aujourd’hui.”

Cette volonté est pourtant restée inébranlable durant de nombreuses années, même lorsqu’il a expérimenté une certaine forme de paternité. “Mon ex-femme et moi ne voulions pas forcément d’enfant. Elle en avait déjà eu deux avant, que je considérais comme mes enfants par procuration. De plus, les pilules contraceptives lui causaient de fortes douleurs. Donc, nous avons pris cette décision. C’était une décision réfléchie, prise en accord avec mes propres valeurs et mes aspirations personnelles. Et puis, il a fallu deux ans de thérapie après notre séparation pour que les choses se dénouent et que j’apprenne à me connaître vraiment.” Deux années de thérapie post-divorce, qui lui ont permis de réaliser que cette intervention était aussi, pour lui, une forme d’autodestruction.

Sébastien Duraffourg a subi une vasectomie en 2019. © SD

“Lorsque je me suis décidé, tout s’est ensuite fait assez simplement.” explique Sébastien. Le fonctionnaire a d’abord consulté son médecin généraliste, qui l’a dirigé vers un urologue. “Le rendez-vous a été plutôt rapide” : en moins d’une demi-heure, le spécialiste a expliqué en détail l’intervention et ses implications.

Après cette consultation, il y a eu un délai de réflexion de quatre mois. Une période qui lui a permis de s’assurer pleinement de sa décision. “J’étais sûr de moi. Je trouvais que c’était un acte d’amour et en même temps militant.” Une fois ce temps écoulé, le quadragénaire est retourné voir l’urologue pour planifier l’intervention.

“Le jour de l’intervention, j’arrive le matin et je reçois trois cachets pour m’endormir”, décrit Sébastien. Ensuite, il est conduit au bloc opératoire où une petite incision est pratiquée au scrotum. Les canaux déférents, des tubes transportant les spermatozoïdes le long de la verge, sont coupés. “Cela signifie que lors des éjaculations, les spermatozoïdes ne peuvent plus atteindre leur destination et sont éliminés par l’urine. Cela rend la procréation impossible”, explique Sébastien. “Bien sûr, il y a toujours des risques. Il arrive que certaines personnes subissent l’opération et deviennent quand même parents, mais c’est extrêmement rare.”

Durant sa période de récupération, Sébastien n’a rencontré aucune complication. Pendant les trois semaines suivant l’intervention, il a simplement dû éviter tout frottement pour ne pas perturber la cicatrice.

“La première question que je me suis posée était de savoir si je pourrais être de nouveau un homme. Je reconnais qu’il s’agit d’une pensée assez primitive, mais cette opération a touché une partie assez importante de mon anatomie, qui représente l’homme que je suis.”

Ses interrogations métaphysiques digérées, Sébastien a surtout fait face aux réactions de son entourage : certains exprimaient des inquiétudes quant à sa capacité future à concevoir des enfants, d’autres les risques potentiels associés à l’intervention. “Tu as aussi ces pensées de certaines personnes qui t’expliquent que le but de l’homme, c’est de pouvoir faire des enfants. Cependant, les vrais proches, eux, ont été totalement favorables” confie l’Annécien.

Lorsqu’il a informé sa nouvelle compagne, Marilyn, de sa vasectomie, un défi de taille s’est présenté. “Au début, cela a été un choc pour elle”, confie Sébastien. À 42 ans, l’horloge biologique de son amie tournait inexorablement. “Elle avait ce désir profond d’être mère, tandis que je me trouvais dans une situation où la possibilité de concevoir semblait compromise.”

“Entre-temps, j’avais divorcé, donc je ne voyais plus mes beaux-fils tous les jours à la maison. Du coup, l’envie d’avoir des enfants m’est venue“. Face à cette réalité, une discussion ouverte et honnête s’imposait. “Je lui ai expliqué ma situation, que même avec ma vasectomie, il existait des alternatives”, explique-t-il. “Nous avons décidé de consulter une obstétricienne pour explorer nos options en Procréation Médicalement Assistée (PMA).”

Le couple avait initialement envisagé un programme d’adoption d’embryons. Une méthode complexe où des embryons congelés par d’autres parents seraient utilisés pour concevoir un enfant. Cependant, face aux défis et au taux de réussite limité de cette approche, le couple a suivi les conseils les orientant vers la FIV (Fécondation In Vitro).

“Une opération a été programmée pour récupérer mes gamètes, afin qu’elles soient utilisées pour la fécondation avec les ovocytes de Marilyn.” Cette approche leur offrait une chance réaliste de concrétiser leur désir d’avoir un enfant biologique ensemble. Aujourd’hui, le couple est doc engagé dans un parcours de FIV. “Marilyn vient de terminer les examens préliminaires, et nous attendons maintenant de pouvoir planifier mon opération, qui sera suivie de l’insémination”, partage Sébastien avec espoir. 

Cette expérience, en tout cas, a changé le regard de Sébastien sur la vasectomie. Et, surtout, sur son caractère quasi irrémédiable. “Si j’ai un conseil à donner à ceux qui envisagent une vasectomie, c’est d’accepter de faire congeler leurs spermatozoïdes. Ils peuvent être conservés pendant de longues années, sans perdre leur capacité fécondante” insiste le futur papa. “Moi, je ne l’ai pas fait, et aujourd’hui,  je suis obligé de passer par une opération pour aller chercher mes gamètes mâles”, complète-t-il avec regret. Un message qui porte, à l’heure où le nombre de vasectomies n’a jamais été aussi élevé

À SAVOIR

Une opération de réversibilité peut être envisagée après une vasectomie. Il s’agit de la vasovasostomie, qui consiste à rétablir la circulation dans les canaux déférents. Mais son efficacité reste aléatoire et c’est l’une des raisons pour laquelle les chirurgiens conseillent fortement de procéder à la conservation de spermatozoïdes congelés.

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Vincent Dallée
En troisième année de journalisme à l'ISFJ et créateur d'un petit média scientifique, Vincent Dallée développe ses talents rédactionnels pour Ma Santé, animé par la mission du journaliste d'informer les gens sur leur santé.

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