À 32 ans, la capitaine de l’Olympique Lyonnais est l’une des meilleures footballeuses de la planète. Diététique, soins du corps, prévention, gestion du stress et du mental… L’athlétique défenseure centrale livre ses recettes pour conserver sa forme physique et durer au top niveau. Entretien.
Comment garder une excellente forme physique quand on évolue au haut niveau ?
Rester en forme est un effort quotidien. Je pratique un sport qui sollicite beaucoup mon corps, qui est mon outil de travail. Je dois donc en prendre soin au quotidien si je veux continuer à performer. J’en ai pris conscience très jeune : on ne peut pas faire n’importe quoi quand on est sportif de haut niveau, il faut le comprendre pour rester au sommet. Dans mon club, tout est réuni pour performer, avec des docteurs, un staff compétent, des chefs pour nos repas. Le travail que l’on effectue en plus est important, le travail invisible, aussi. En rentrant chez soi, on doit conserver cette ligne de conduite. C’est beau d’avoir des rêves, mais lorsqu’on les a atteints, il faut comprendre qu’il y a une forte exigence pour parvenir à rester au haut niveau.
Cette exigence a-t-elle changé depuis le début de votre carrière ?
Ce n’est plus du tout le même contexte que lorsque j’ai débuté, en 2006. Mais les choses ont évolué grâce aux efforts de notre président (Jean-Michel Aulas, NDLR). Cela nous a porté vers les sommets, en comparaison avec de nombreux autres clubs féminins qui n’ont pas le même niveau d’exigence. L’un de nos combats est d’avoir un championnat plus professionnel, ce qui passe par une prise de conscience de ce qu’il faut faire pour durer au haut niveau. À Lyon, depuis le début de cette belle aventure, il y a toujours des joueuses compétitrices, des filles qui aimaient gagner, qui travaillaient plus pour y parvenir. D’une certaine manière, nous avons été déterminantes dans cette évolution : on a montré la voie.
Un emploi du temps rythmé autour du physique
Vous aviez déjà les bons réflexes santé ?
J’ai compris très tôt quelle exigence il fallait avoir. Et j’ai eu la chance d’être bien entourée à mon arrivée à l’OL, en provenance de la Martinique. C’était la grande époque du club, et si j’étais encore très jeune, tous les joueurs que je croisais, les Wiltord, Malouda, Abidal, Essien, Diarra, Hartock… me donnaient beaucoup de conseils sur leur préparation physique, leur soin accordé à leur corps. J’ai grandi avec cette vision très professionnelle. C’est une chance que j’ai saisie. Et c’est ce que j’essaie de transmettre aussi aux nouvelles générations.
On s’entraîne tous les jours. En arrivant au club, on débute par 45 minutes d’exercices en salle avec des préparateurs physiques, pour préparer notre corps et nos articulations. On fait du vélo, des exercices de déverrouillage, de souplesse, de renforcement musculaire. Après la séance prévue par notre coach, on peut prévoir du renforcement spécifique en fonction des déficits révélés par les tests que l’on passe tout au long de la saison avec les kinés ou les préparateurs physiques. Il y a toujours un temps de récupération avec les kinés : on sollicite beaucoup note corps, et l’on a souvent des courbatures que l’on essaie de prévenir avec des crèmes, des massages…
“Si on va au fast food tous les jours, cela a vite des conséquences…”
Avez-vous un régime alimentaire particulier ?
Le matin, je prends un petit déjeuner adapté, avec des aliments qui m’apportent de l’énergie comme l’avocat, les œufs, pour me donner du pep’s et nourrir mes muscles. C’est important dès le réveil de prévoir d’avoir les bons apports. On déjeune au restaurant du club, où une diététicienne élabore les menus en concertation avec les chefs, et de manière adaptée aux séances du jour. Cela nous offre les apports immédiats après ce que l’on vient de dépenser.
De quoi est-il le plus dur de se priver ?
Nous n’avons pas à observer un régime strict. On a le droit de se faire plaisir, ce qui fait du bien à l’esprit, à la régénération mentale. Rien n’est vraiment interdit, mais si on va au fast food tous les jours, cela a vite des conséquences ! Le tout est d’avoir une alimentation équilibrée : personnellement, venant des îles j’adore le poisson, et comme je porte bien mon nom j’aime aussi beaucoup le poulet !
Comment prévenir les blessures ?
En alimentation comme dans d’autres domaines, on sait ce qu’il faut éviter et ce qu’il faut privilégier pour éviter les blessures, les déchirures musculaires… Contractuellement, nous avons des restrictions : le ski nautique, la plongée ou la moto, ce sera pour l’après carrière ! Pour garder un bon niveau, il faut de bons apports nutritifs, une récupération adaptée, un bon sommeil. Et prendre soin de sa santé : si je tombe malade, je ne peux plus travailler. Donc je veille à rester couverte quand il fait froid, pour limiter les risques ! C’est un ensemble de choses dont on doit prendre conscience. Et je ne prends pas ces exigences comme des restrictions, car j’ai du plaisir à faire ce que je fais et je sais que c’est nécessaire pour perdurer.
Des efforts pour rester aussi en forme mentale
Sollicitez-vous des professionnels de santé extérieurs pour vous accompagner au quotidien ?
Depuis quelques temps, je suis en effet suivie par une nutritionniste personnelle. J’ai passé la barre des 30 ans et je veille à m’entourer des bonnes personnes pour rester au top le plus longtemps possible. D’autant plus quand on est une femme. Je mesure aujourd’hui l’importance de mieux suivre mes cycles et anticiper les dérèglements qui en découlent. C’est un sujet sur lequel il y a du retard dans le sport de haut niveau en France, mais on progresse ! J’ai aussi beaucoup recours à l’homéopathie, depuis toujours. Je suis les conseils de mon médecin homéopathe pour traiter mes problèmes de santé éventuels. Et l’avantage, lorsque l’on est soumis à des contrôles anti-dopage comme tout sportif de haut niveau, est que c’est absolument sans risque !
Prenez-vous soin également de votre mental ?
Bien sûr, c’est très important pour supporter le rythme des grands matches, les échéances, la pression, l’exigence du haut niveau… Cela fait quelques années que je travaille avec un coach mental. On essaie de rester avec soi-même, avec les valeurs que nous ont transmis nos parents. Mais on vit dans un monde où les réseaux sociaux, par exemple, ont un rôle prépondérant. Tout le monde dit ce qu’il pense, et c’est parfois dur. Si l’on n’est pas solide mentalement, si l’on n’a pas la tête sur les épaules, on peut vite partir en dépression, commettre un geste déplacé…
Née en Martinique, Wendie Renard a effectué toute sa formation et sa carrière à l’Olympique Lyonnais. Défenseure centrale, elle compte l’un des plus beaux palmarès du foot féminin français. Elle a en effet remporté le championnat de France chaque année de 200 à 2020, puis à nouveau en 2022. Avec son club, elle a aussi raflé 9 coupes de France et, surtout, 8 ligues des champions. Elle compte également 141 sélections en Équipe de France, dont elle est rapidement devenue l’un des piliers. En février dernier, elle a toutefois annoncé sa mise en retrait de la sélection nationale, du fait vraisemblablement de profonds désaccords avec la sélectionneuse de l’Équipe de France, Corinne Diacre, démise de ses fonctions le 9 mars 2023.
