Mélanie est assistante maternelle depuis 8 ans dans le quartier de La Croix-Rousse. ©ElodieJoly

L’accès aux tests PCR n’est pas toujours un parcours de santé. Entre temps d’attente interminable, démarches frustrantes ou encore peur d’être contaminée, nous avons suivi la course au test de Mélanie, assistante maternelle à La Croix-Rousse et enceinte de sept mois.

Tous les jours, ce ne sont pas moins de 138 000 personnes qui sont testées en moyenne en France. Un chiffre en constante augmentation depuis la généralisation au mois d’août du test PCR gratuit. Si ces mesures sont bénéfiques à la lutte contre le Covid-19, le personnel médical semble avoir du mal à suivre et les temps d’attente pour se faire tester sont de plus en plus longs. Une situation qui peut mettre certaines personnes dans une position délicate… C’est le cas de Mélanie, assistante maternelle à Lyon.

Une demande de test de son employeur

Mélanie est assistante maternelle dans le quartier de la Croix-Rousse, où elle garde Océane* depuis maintenant 2 ans. Depuis une dizaine de jours, elle, ainsi que plusieurs membres de sa famille, “toussotent” : “cela n’est probablement rien de grave et d’ailleurs cela fait quelques jours que je ne tousse plus” explique-t-elle. Ce qui n’est surement qu’un simple rhume se transforme alors en sujet d’inquiétude pour la mère d’Océane : il faut que Mélanie passe un test PCR pour continuer son activité.

En attendant que l'”ass mat” passe le test, les parents de la petite Océane se sont tous les deux mis en télétravail et assurent sa garde. Mélanie aimerait se faire tester le plus vite possible pour éviter que cette situation inconfortable ne perdure. “Je suis censée reprendre le travail dans 3 jours mais je ne suis pas sûre d’avoir mes résultats d’ici là…” s’inquiète la jeune femme.

Une appréhension à se faire tester 

Bien que le test PCR ne soit pas très agréable, c’est l’éventualité de se faire contaminer qui gène le plus Mélanie… Enceinte de 7 mois, elle a entendu aux informations que le virus du Covid-19 pouvait avoir des répercutions sur le foetus, voire provoquer une fausse couche.

C’est pour cette raison qu’elle souhaite se faire tester dans un lieu privé : “je pense que je risque moins de me faire contaminer dans une clinique que dans une queue de 500 personnes“, raisonne-t-elle. Il est vrai que si les opérations de dépistage sont de plus en plus nombreuses dans la capitale des gaules, elles connaissent une affluence démesurée. Avec des temps d’attente extrêmement longs (jusqu’à 3 ou 4 heures) et des distances de sécurité parfois non-respectées, on peut comprendre les appréhensions de la future maman.

Pourtant l’idée d’aller faire un test dans un cabinet médical ne l’enchante pas non plus : “dans un lieu clos avec autant de personnes qui sont potentiellement porteuses du virus je ne suis pas sereine.

Un parcours du combattant

La jeune femme a mené une véritable bataille pour se faire tester rapidement : “on m’a dit de regarder sur le site de l’ARS pour trouver un laboratoire qui faisait le test gratuitement mais il n’y en avait aucun autour des chez moi qui répondait…” Enceinte et sans voiture, il est compliqué pour elle de trop s’éloigner.

Une quantité de ressources limitée

Mélanie tente alors sa chance sur la plateforme de rendez-vous médical Doctolib, mais la plupart des laboratoires n’y sont plus : “il y avait des gens qui abusaient du système de la plateforme pour prendre rendez-vous 3 fois par semaine“, apprendra-t-elle plus tard par une laborantine.

Enceinte de 7 mois, la jeune femme déplore de ne pas être prioritaire pour les test PCR. ©ElodieJoly

Un peu désespérée, elle décroche son téléphone : “j’ai appelé le laboratoire de la Croix-Rousse mais ils avaient coupé les lignes… d’ailleurs la dizaine de laboratoires et de cliniques que j’ai appelé avaient tous fait pareil. J’ai dû me rendre sur place pour prendre rendez-vous.” Là, Mélanie constate des fils d’attente interminables devant les points de dépistage : “deux rues entières étaient noires de monde, des personnes étaient là depuis 8h alors que les points commençaient les tests à 11h.”

“Je ne comprends pas que les femmes enceintes ne soient pas prioritaires”

Elle parvient finalement à prendre rendez-vous le lundi pour le jeudi suivant au laboratoire Canut. L’assistante maternelle aurait préféré un rendez-vous plus tôt : “je ne comprends pas qu’en tant que femmes enceintes on ne soit pas prioritaires…” déplore-t-elle.

Une fois sur place, la jeune femme de 29 ans attend patiemment son tour : “nous étions 3 à attendre et les soignants venaient nous chercher un à un.” Le test se passe bien, “ce n’est pas très agréable” dit-elle en riant, “mais au moins c’est fait.” Les laborantines lui avancent un délai de 72h mais les laboratoires assurent plutôt une remise des résultats à 6 jours du test pour les personnes non-prioritaires comme Mélanie. Le temps d’attente est une source d’appréhension pour elle : “je suis censée reprendre le travail lundi mais j’ai peur de ne pas avoir les résultats d’ici là…

L’ARS déclare vouloir intensifier sa stratégie de dépistage 

Ce 22 septembre, l’ARS (agence régionale de santé) assure : “une réduction des délais pour l’accès au prélèvement et le rendu des résultats pour les situations les plus critiques afin de mettre en place rapidement les mesures d’isolement des cas confirmés et des personnes identifiées comme « contacts à risque ».” L’agence régionale de santé déclare vouloir fluidifier d’avantage l’accès au test pour les personnes prioritaires à travers “une démarche avec les professionnels de santé libéraux (via les Unions régionales des professionnels de santé) médecins, biologistes, pharmaciens et infirmiers, afin de soutenir l’ouverture de centres de prélèvements à visée « diagnostique » qui ont vocation à prendre en charge les personnes prioritaires.

*Le prénom a été modifié.

 

À SAVOIR

Les risques de fausses couches à cause du Covid-19 sont très faibles selon France Assos Santé. En effet, elles peuvent survenir dans des cas très rares et très graves de la maladie. Dans ce cas, ce n’est pas le Coronavirus qui menace directement le foetus, mais les symptômes qu’il engendre. Par exemple, une forte fièvre peut provoquer des contractions à l’origine de naissances prématurés ou de fausses couches.

Ainsi, dans le cas où la femme enceinte contracterait la forme grave de la maladie, un accouchement prématuré est possible. la revue American Journal of Obstetric and Gynecology a mis en avant des chiffres assez significatifs. Sur une cohorte de 64 femmes américaines atteintes du Covid-19, près de la moitié (29) ont accouché prématurément. Les femmes qui étaient dans un état critique (détresse respiratoire aiguë, choc septique, défaillance multiviscérale etc.) ont accouché par césarienne.

Quant à la transmission du virus de la mère à l’enfant in-utero, elle semble possible mais extrêmement peu probable. On estime à ce stade le risque de passage du virus jusqu’au foetus à 1% environ.

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