À Lyon, une génération de crèche ”plein air” inédite profite de la reconversion de l’ancienne clinique mutualiste Trarieux pour voir le jour. Tournée vers l’extérieur, cette structure ultra-connectée à la nature entend développer une nouvelle approche pédagogique basée sur les multiples bienfaits d’une vie au grand air, sur le plan physique comme psychologique. D’autres projets du même type devrait être initiés par la municipalité écologiste dans les prochaines années.
Une crèche d’un genre nouveau va voir le jour sur le site de l’ancienne clinique Trarieux, dans le quartier de Montchat à Lyon (3e arrondissement). Cette crèche ”nature” a un objectif: reconnecter les enfants à l’univers extérieur et, incidemment, à tous ses bienfaits pour la santé.
Adopté de longue date au Danemark ou encore au Canada, le concept serait une première en France. Il est le fruit de la volonté de la mairie écologiste de Lyon de repenser de manière plus vertueuse le projet de requalification de la Clinique Trarieux, fermée depuis plus de deux ans (lire À SAVOIR). Cette reconversion en parc immobilier a fait des vagues auprès des habitants du quartier, qui ont en partie obtenu gain de cause : “ce dialogue constructif a permis d’améliorer de façon significative le projet initial en le rendant moins dense et plus vertueux d’un point de vue environnemental et sociétal”, expliquent dans un communiqué commun le propriétaire des lieux, la Mutualité Française Rhône Pays de Savoie, et le constructeur, Adim Lyon, filiale du groupe Vinci.
Crèche plein air : “renforcer la pédagogie autour de la nature”

Un immeuble en moins, 131 nouveaux arbres, un refuge LPO… Le nouveau projet porte bien la marque des nouveaux acteurs politiques de la ville et de la métropole lyonnaise. Mais il s’accompagne également de cette évolution remarquée du projet de crèche qui doit voir le jour. “La crèche intégrera ainsi une partie de gestion de plein air permettant de renforcer la pédagogie autour de la nature”, explique ainsi la Mutualité Française, qui au sein de ses nombreux services assure notamment la gestion d’une quinzaine de structures petites enfance dans la région lyonnaise.
Le principe est simple : il part du constat désolant d’une vraie déconnexion des enfants à la nature, avec quelques effets potentiels désastreux pour leur santé. Ce “syndrome du manque de nature” a été décrit par l’Américain Richard Louv dans son ouvrage Last Child In The Wood. L’auteur y dépeint, pêle-mêle, toutes les conséquences psychologiques de cette déconnexion, entre stress, troubles du comportement ou encore altération des aptitudes cognitives. Il y déplore également les effets du manque d’activités physiques, qu’une vie au grand air va naturellement favoriser.
Crèche plein air : moins de bruit… et moins de virus !
Les crèches plein-air entendent ainsi inverser la tendance, en reconnectant les enfants à la nature dès le plus jeune âge. Bien couverts et bien encadrés, ils ne risquent ni coups de froid, ni blessures particulières, deux des principales inquiétudes parentales. En revanche, ils optimisent leur motricité, gagnent en liberté, favorisent leur éveil et cultivent leur champs sensoriel. Autres avantages de l’extérieur, des nuisances sonores largement atténuées et une circulation des virus moindres, ce qui n’est pas neutre en ces temps épidémiques.
En France, la démarche reste embryonnaire et les exemples sont rares. D’où le côté novateur d’un projet qui pourrait bien s’avérer précurseur à Lyon : “D’autres projets sont à l’étude à Gerland, à la Tête d’Or, au Parc Blandan…”, illustre Steven Vasselin, adjoint au maire chargé de la petite enfance et ardent défenseur du principe. “Toutes les nouvelles crèches lyonnaises suivront ce modèle, qui va devenir référence”.
À SAVOIR
Ouverte en 1935, la clinique mutualiste Eugène André était l’un des sites hospitaliers historiques de Lyon. Baptisée Trarieux en raison de son emplacement dans la rue éponyme, la clinique avait fait l’objet de plusieurs aménagements successifs. Elle est fermée depuis le transfert de ses activités médicales au Médipole Lyon Villeurbanne, en janvier 2019. Le site, avant son déménagement, regroupait 300 professionnels de santé autour des activités de médecine, chirurgie, maternité et pédiatrie.