Le statut d'aidant toujours mieux reconnu
De plus en plus reconnu par le grand public, le statut d'aidants doit encore ĂȘtre valorisĂ©, Ă  travers plus de soutiens : financier, formations, aide au rĂ©pit... ©Prostooleh Freepik

C’est paradoxalement l’un des principaux enseignements du dernier baromĂštre de la Fondation April sur la situation des aidants en France. Alors que leur reconnaissance grimpe en flĂšche auprĂšs du grand public, prĂšs de 60% des aidants ne se considĂšrent pas comme tel et passent Ă  cĂŽtĂ© de l’aide prĂ©cieuse dont eux-mĂȘme pourraient bĂ©nĂ©ficier dans leur quotidien dĂ©volu au soutien d’un ou plusieurs de leurs proches.

Vieillesse, handicap, maladie, solitude… En France, ils sont onze millions Ă  consacrer une grande partie de leur temps Ă  une ou plusieurs personnes dĂ©pendantes. Certains, trĂšs nombreux, sont aidant sans mĂȘme s’en rendre compte. Plus de la moitiĂ© des aidants se dĂ©vouent en effet naturellement, sans mettre un nom sur leur statut. C’est ce que rĂ©vĂšle le dernier baromĂštre des aidants publiĂ©s par la Fondation APRIL et l’Institut BVA, Ă  l’aube d’une nouvelle journĂ©e nationale des aidants, le mardi 6 octobre 2020.

“6 sur 10 s’ignorent, c’est ce que nous avons constatĂ© avec notre observatoire qualitatif des aidants. Il faut souvent plusieurs mois voire des annĂ©es pour se reconnaitre comme tel”, confirme Fabienne Ernoult. Pour la directrice gĂ©nĂ©rale de la Fondation APRIL, “il reste du chemin Ă  faire pour la prise de conscience des aidants eux-mĂȘmes, de leur condition”. Si le soutien moral et l’aide domestique (mĂ©nage, repas, courses…) sont les plus courantes avec l’assistance administrative et les dĂ©placements, la simple veille (visites, coups de fil…) fait partie des tĂąches faisant de leur auteur un aidant. Un rĂŽle primordial dont s’acquittent nombre de proches, sans forcĂ©ment, donc, y mettre une Ă©tiquette. Et sans, dĂšs lors, avoir connaissance de leurs droits.

Moral, travail, vacances: un aidant… a aussi besoin d’aide

Enfants, petits-enfants, neveux, amis, voisins… Le profil des aidants, en France, est variĂ©. La plupart ont moins de 65 ans (80%), et prĂšs des deux tiers sont en activitĂ© (62%). Avec pour certains de 20 Ă  40 heures passĂ©es au chevet de leurs proches, ces aidants guettĂ©s par l’usure ont besoin d’aide. C’est notamment la raison pour laquelle 7 des 17 mesures de la loi visant Ă  favoriser la reconnaissance des proches aidants, promulguĂ©e en mai 2017, Ă©taient directement destinĂ©es aux salariĂ©s aidants.

D’annĂ©e en annĂ©e, la situation des aidants s’amĂ©liore, de mĂȘme que leur reconnaissance au yeux du grand public. C’est sans doute la raison de l’Ă©volution de leur ressenti, toujours plus positif. La plupart nourrissent le sentiment que l’impact de cet engagement quotidien sur la santĂ© va en s’amenuisant progressivement. S’ils sont toujours 21% Ă  subir un manque de sommeil, ils Ă©taient encore 27% Ă  s’en plaindre en 2019. MĂȘme constat pour l’impact sur le moral (20% impactĂ©s en 2020, 27% en 2019) et sur la vie sociale (20% impactĂ©s en 2020, 31% en 2019). 85% d’entre-eux voient mĂȘme leur relation confortĂ©e avec leur proche aidĂ© (contre 77% en 2019).

Un congé spécial pour le proche aidant

TrĂšs isolĂ©s il y a quelques annĂ©es, en proie Ă  de profondes difficultĂ©s, les aidants ont gagnĂ© en qualitĂ© de vie. Pourtant, 85% ne s’estiment pas assez “valorisĂ©s dans leur rĂŽle par les pouvoirs publics” (contre 83% en 2019), chiffre qui grimpe Ă  90% chez l’ensemble des publics, aidants et non-aidants. Parmi les pistes principales avancĂ©es, des aides financiĂšres et matĂ©rielles (pour 60% des sondĂ©s), des formations dĂ©diĂ©es (54%) et un amĂ©nagement du temps de travail (52%).

Ce mardi 29 septembre, la ministre dĂ©lĂ©guĂ©e Ă  l’autonomie Brigitte Bourguignon a rappelĂ© l’entrĂ©e en vigueur d’une nouvelle mesure, celle du congĂ© du proche aidant. À compter de ce jeudi 1er octobre, chaque personne soutenant un proche, qu’il soit ĂągĂ©, handicapĂ© ou malade, pourra bĂ©nĂ©ficier d’un congĂ© indemnisĂ© (44€ par jour pour une personne en couple, 52€ par jour pour une personne seule). D’une durĂ©e de trois mois, ce congĂ© exceptionnel pourra ĂȘtre renouvelĂ©.

Lyon, un territoire engagé auprÚs des aidants

La notion de rĂ©pit, qui vise Ă  donner les moyens Ă  l’aidant de faire une pause, prend de plus en plus d’ampleur. Alors que 27% d’entre eux rechignent, par culpabilitĂ©, Ă  prendre du temps pour se reposer ou passer du temps en famille par culpabilitĂ©, la journĂ©e nationale des aidants 2020, organisĂ©e le 6 octobre, en a fait sa thĂ©matique centrale. Car oui, il reste du chemin Ă  parcourir aux cĂŽtĂ©s de tous ceux qui se dĂ©vouent au quotidien pour leurs proches.

C’est dĂ©jĂ  le cas Ă  Lyon, oĂč un dispositif pionnier a Ă©tĂ© initiĂ© cette annĂ©e. L’objectif du concept de mĂ©tropole aidante ? Rassembler en un lieu unique l’offre territoriale destinĂ©e aux 160 000 aidants de la mĂ©tropole lyonnaise. Soit prĂšs de 200 services et organismes (qui feront d’ailleurs l’objet d’une prĂ©sentation en live vidĂ©o lors de la journĂ©e nationale des aidants). C’est Ă©galement prĂšs de Lyon, Ă  Tassin-la-Demi-Lune, qu’a Ă©tĂ© inaugurĂ©e en 2018 par Brigitte Macron la premiĂšre maison de rĂ©pit dĂ©diĂ©e aux familles concernĂ©es par le handicap pu la maladie Ă  domicile, sous l’impulsion de la Fondation France RĂ©pit.

À SAVOIR

Le baromĂštre des aidants 2020, publiĂ© pour la sixiĂšme annĂ©e consĂ©cutive par la Fondation APRIL avec le concours de l’Institut de sondage BVA, Ă©claire chaque annĂ©e sur la situation des aidants en France, leurs difficultĂ©s quotidiennes, leurs besoins et, surtout, leur profil. Cette enquĂȘte annuelle sert de rĂ©fĂ©rence Ă  de nombreuses initiatives ministĂ©rielles en faveur des aidants.

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Journaliste expert santĂ© / RĂ©dacteur en chef adjoint du Groupe Ma SantĂ©. Journaliste depuis 25 ans, Philippe Frieh a Ă©voluĂ© dans la presse quotidienne rĂ©gionale avant de rejoindre la presse magazine pour mettre son savoir-faire Ă©ditorial au service de l'un de ses domaines de prĂ©dilection, la santĂ©, forme et bien-ĂȘtre. TrĂšs attachĂ© Ă  la rigueur Ă©ditoriale, Ă  la pertinence de l'investigation et au respect de la langue française, il façonne des Ă©crits aux vertus rĂ©solument prĂ©ventives et pĂ©dagogiques, accessibles Ă  tous les lecteurs.

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