Le zona, maladie virale douloureuse qui touche particulièrement les seniors, est au cœur d’une recommandation récente : vacciner systématiquement tous les plus de 65 ans. Mais derrière cette mesure de santé publique, le débat fait rage. Que faut-il retenir ?
Le zona, ce n’est pas qu’une éruption cutanée qui démange. C’est une réactivation du virus varicelle-zona (VZV), celui même qui provoque la varicelle chez l’enfant. Une fois la varicelle guérie, le virus ne disparaît pas complètement, il se cache dans les ganglions nerveux. Chez certaines personnes, souvent avec l’âge ou en cas d’immunité affaiblie, il peut se réveiller brusquement, provoquant une inflammation nerveuse douloureuse.
Chaque année en France, on compte environ 400 000 cas de zona, dont une large majorité chez les plus de 50 ans. À partir de 65 ans, le risque augmente significativement : environ 10 cas pour 1 000 habitants, une incidence qui peut dépasser les 15 cas chez les plus de 80 ans selon la Haute Autorité de Santé.
Le principal souci, ce sont les complications, et surtout les névralgies post-zostériennes. Ces douleurs nerveuses, parfois intenses et persistantes pendant des mois voire des années, touchent jusqu’à 20 % des patients âgés selon l’Institut Pasteur. Imaginez vivre avec une douleur lancinante au bras ou au thorax, bien après la disparition des boutons. Un calvaire qui affecte la qualité de vie et l’autonomie.
Shingrix : un vaccin plus efficace, une recommandation élargie
Face à ce problème, la Haute Autorité de Santé (HAS) a mis à jour ses recommandations en janvier 2024, préconisant la vaccination avec Shingrix, un vaccin dit “recombinant adjuvanté”, pour tous les adultes immunocompétents de 65 ans et plus. Ce vaccin est une véritable avancée par rapport à l’ancien vaccin Zostavax, un vaccin vivant atténué, aujourd’hui délaissé à cause de son efficacité moindre et de ses contre-indications fréquentes.
La différence ? Shingrix affiche une efficacité remarquable :
- 79 % de protection contre le zona, en conditions réelles, contre 46 % pour Zostavax.
- 87 % d’efficacité contre les névralgies post-zostériennes, cette complication invalidante qui nous inquiète tant (HAS, 2024).
Le schéma vaccinal prévoit deux doses, espacées de 2 à 6 mois, avec une bonne tolérance généralement constatée. Cerise sur le gâteau, depuis le 14 décembre 2024, cette vaccination est remboursée à 65 % par l’Assurance Maladie, ce qui facilite l’accès à ce geste préventif important (Service-public.fr, 2024).
Pourquoi vacciner tous les plus de 65 ans ?
Une stratégie qui s’appuie sur des données solides
La question qui se pose est donc : pourquoi recommander cette vaccination à tous les seniors, et pas seulement à ceux présentant des facteurs de risque ? La HAS justifie cette généralisation par plusieurs arguments clairs :
- Le risque élevé et croissant du zona à partir de 65 ans. La fréquence, certes pas massive, est suffisamment importante pour justifier une vaccination de masse, avec un rapport bénéfice/risque favorable.
- La gravité des complications. En particulier, la névralgie post-zostérienne qui touche un patient sur cinq dans cette tranche d’âge, avec un impact majeur sur la qualité de vie.
- Le bon rapport coût-efficacité de la vaccination. Des études économiques intègrent les coûts directs (consultations, hospitalisations) et indirects (arrêts de travail, perte d’autonomie), montrant qu’investir dans la prévention est rentable pour la société.
- La volonté de simplifier le calendrier vaccinal des seniors, en regroupant les rappels de grippe, Covid, pneumocoque, tétanos et désormais zona.
Bref, vacciner massivement les seniors est une stratégie à la fois sanitaire et économique, qui s’inscrit dans la prévention globale des maladies liées au vieillissement.
Vaccination : un débat pas encore tranché
Mais tout n’est pas rose dans ce tableau. Plusieurs voix s’élèvent pour rappeler que la vaccination systématique n’est pas forcément adaptée à tous les profils.
Le Collège national des généralistes enseignants (CNGE) invite à la personnalisation de la vaccination, considérant que le bénéfice individuel peut varier. Certains patients très fragiles ou avec des antécédents particuliers peuvent ne pas être de bons candidats, et un accompagnement médical est essentiel. Pour faciliter ce choix, le CNGE a développé un outil d’aide à la décision destiné aux médecins, pour évaluer au cas par cas la pertinence du vaccin.
Effets secondaires : à quoi s’attendre ?
Le vaccin Shingrix est globalement bien toléré, mais comme tout vaccin, il peut entraîner quelques effets indésirables, généralement bénins et temporaires :
- Douleur, rougeur et gonflement au point d’injection (fréquent)
- Fatigue, maux de tête, courbatures
- Fièvre occasionnelle
Ces symptômes disparaissent en quelques jours et sont largement compensés par la protection offerte.
En pratique : que faire si vous avez plus de 65 ans ?
- Discutez-en avec votre médecin traitant : il évaluera votre état de santé général, vos antécédents, et vous guidera.
- Planifiez les deux injections : le délai entre les doses doit être respecté (2 à 6 mois).
- Vérifiez la prise en charge : la Sécurité Sociale rembourse à 65 % et les complémentaires santé peuvent compléter.
- Surveillez les effets secondaires et informez votre médecin en cas de doute.
Dans un monde où la prévention s’impose comme priorité, ce geste simple s’affirme comme une arme efficace contre une maladie souvent sous-estimée. À chacun de ne pas laisser le zona prendre le dessus.
À SAVOIR
Le zona peut aussi toucher les personnes plus jeunes dont le système immunitaire est affaibli, comme les diabétiques ou patients sous traitements immunosuppresseurs. Pour eux, une vaccination anticipée peut être recommandée après avis médical selon l’Institut Pasteur.








