Un rayon de supermarché qui ne propose que des produits pleins d'édulcorants.
Une étude NutriNet-Santé a montré que les boissons édulcorées augmentent aussi le risque cardiovasculaire. © Adobe Stock

Une nouvelle étude internationale publiée dans Neurology relance le débat sur la consommation d’édulcorants artificiels. Longtemps présentés comme des alliés minceur et une alternative « plus saine » au sucre, ces additifs pourraient en réalité être liés à un vieillissement prématuré du cerveau. Que faut-il en penser ?

On les retrouve dans les sodas « zéro », les yaourts allégés, les chewing-gums sans sucre, et même dans certains plats préparés. Les édulcorants sont devenus nos alliés supposés contre le sucre et les kilos superflus.

Mais une étude publiée le 4 septembre 2025 dans la revue Neurology (American Academy of Neurology) vient semer le doute : consommés régulièrement, ils pourraient être associés à un déclin cognitif plus rapide.

Les édulcorants accélérerait le vieillissement cérébral

Les chercheurs brésiliens ont suivi 12 772 adultes d’âge moyen (52 ans) pendant huit ans, dans le cadre de la cohorte ELSA-Brasil. Leur objectif est de mesurer l’impact de la consommation de sept édulcorants différents, dont l’aspartame, la saccharine, l’acésulfame-K, l’érythritol, le sorbitol et le xylitol, sur les performances cognitives des participants.

Les résultats sont parlants :

  • Les personnes consommant le plus d’édulcorants (environ 191 mg/jour) ont vu leurs capacités de mémoire, de réflexion et de langage décliner 62 % plus vite que celles qui en consommaient très peu (≈ 20 mg/jour).
  • Ce rythme correspond à un vieillissement cérébral d’1,6 an supplémentaire en moyenne.
  • Fait surprenant : cet effet est apparu plus marqué chez les moins de 60 ans que chez les plus âgés.

Un lien, mais pas encore une preuve

Avant de vider vos placards de toutes boissons light, rappelons-le : il s’agit d’une étude observationnelle. Cela signifie qu’elle met en évidence une corrélation, mais pas une relation de cause à effet. Comme le souligne l’Association internationale des édulcorants (ISA), rien ne prouve que les édulcorants soient directement responsables du déclin cognitif observé.

Autre limite : la consommation a été mesurée grâce à des questionnaires auto-déclarés, ce qui comporte toujours un risque d’erreur. Et tous les édulcorants commercialisés n’ont pas été étudiés.

Les chercheurs eux-mêmes appellent à la prudence : ces résultats doivent être confirmés par des études complémentaires, notamment via l’imagerie cérébrale, pour comprendre les mécanismes biologiques en jeu.

Plusieurs pistes sont avancées :

Cependant, ces hypothèses restent à confirmer dans des recherches futures.

Que disent les autorités de santé ?

En France, l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire) et l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) considèrent encore aujourd’hui que les édulcorants sont sûrs dans les limites des doses journalières admissibles. 

Mais ces nouvelles données relancent un débat déjà ancien : les édulcorants sont-ils vraiment une alternative plus saine que le sucre ?

Alors, faut-il arrêter les édulcorants ?

Le message n’est pas de céder à la panique. Comme le rappellent les chercheurs, c’est la consommation élevée et régulière qui semble poser problème. Un soda light occasionnel ne va pas vous faire perdre la mémoire.

En revanche, cette étude s’ajoute à une longue série de signaux d’alerte sur les effets métaboliques, cardiovasculaires et neurologiques possibles des édulcorants. Elle plaide pour un usage modéré et raisonné.

Quelques alternatives simples existent :

  • Sucrer légèrement avec du miel, du sirop d’érable, du sucre de coco ou même de la compote de pomme dans les préparations maison.
  • Rééduquer progressivement son palais pour réduire l’attrait du goût sucré.
  • Privilégier l’eau, les infusions, et limiter les boissons sucrées ou « zéro ».

Vous l’aurez compris, en matière de santé cérébrale comme de nutrition, le maître mot reste la modération.

À SAVOIR

En France, l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire) ne recommande pas de remplacer systématiquement le sucre par des édulcorants intenses. Elle encourage plutôt une réduction générale du goût sucré dans l’alimentation, estimant que les boissons sucrées et édulcorées ne doivent pas être considérées comme substituts de l’eau.

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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