En France, 71% des nourrissons sont allaités à la naissance. Mais ils ne sont plus que 50% à 1 mois, et 25% à 6 mois. Malgré ses bénéfices indéniables sur la santé du bébé, l’allaitement demeure difficile à mettre en place, notamment en raison du manque de soutien des mamans comme nous l’explique Gabrielle Lonjon, sage-femme à Clermont-Ferrand.
Allaitement maternel : les +
-L’allaitement maternel offre l’alimentation la mieux calibrée pour le nouveau né, en comparaison avec un lait artificiel qui est réalisé à partir de protéines de lait de vache. « Le lait maternel va apporter tous les nutriments nécessaires à la croissance du bébé. Il va aussi minimiser les risques d’allergies, alors qu’on observe une recrudescence de celles-ci », souligne Gabrielle Lonjon.
-En allaitant, la maman va transmettre ses anticorps, permettant au bébé d’éviter les infections comme la grippe ou la gastro-entérite. L’allaitement diminue aussi la fréquence des pneumonies, bronchiolites ou otites.
Un lien renforcé avec l’enfant
-L’allaitement revêt une dimension affective pour le bébé. Il reconnaît l’odeur de sa maman et écoute les battements de son cœur comme quand il était encore dans son ventre. « Ce sont de vrais repères qui vont le sécuriser », affirme la sage femme.
– Lorsqu’une maman allaite, elle secrète également une hormone appelée l’ocytocine. Celle-ci est surnommée l’hormone de l’attachement, et va renforcer le lien unique entre la maman et son bébé, « même si une mère est tout à fait capable de tricoter du lien avec son nourrisson sans l’allaiter », nuance Gabrielle Lonjon.
– Autre avantage : l’ocytocine favorise un bon rendormissement lors des réveils nocturnes. On rapporte aussi qu’elle aide à faire contracter l’utérus en renforçant le mécanisme des tranchées post accouchement qui va aider à remettre en place les organes.
L’allaitement, c’est pratique !
-Des études suggèrent que l’allaitement favoriserait la perte de poids après l’accouchement, celui-ci nécessitant l’emploi de beaucoup de calories. De fait, si une maman s’alimente moins qu’elle ne consomme de calories, sa balance énergétique devient négative.
-D’un point de vue très pratique, l’allaitement présente l’avantage de ne pas avoir à se soucier des biberons ou encore des doses de lait artificiel à transporter lorsque l’on est en vadrouille.
-Enfin, contrairement aux idées reçues, ce n’est pas parce qu’une maman allaite qu’elle doit automatiquement supporter toute la charge du nourrisson, notamment pendant la nuit. « La relation de soin est loin de se limiter à l’allaitement ! Le papa peut changer les couches mais aussi bercer le nourrisson pour le rendormir. Les bébés ont besoin d’être sécurisés et ils vont très vite identifier la figure du père si celui-ci est présent. Avoir un bébé est un projet de couple. Ce n’est pas parce que le papa travaille qu’il ne doit pas s’impliquer de jour comme de nuit », rappelle la sage-femme.
Allaitement maternel : les –
– À la maternité ou de retour à la maison, la mère allaitante va être confrontée à la diversité des discours de son entourage mais aussi des professionnels. Dans le cas d’un premier allaitement, cela peut grandement la déstabiliser car elle ne saura pas comment faire le tri face à ces informations contradictoires.
« Je conseille à mes patientes de ne prendre que les conseils qui leur semblent cohérents et qui vont dans le sens de l’allaitement qu’elles souhaitent mener. Ce qui importe avant tout, c’est que la maman soit à l’aise avec ses choix, qu’elle décide ou non d’allaiter. Mieux vaut un bébé nourri au biberon dans la sérénité qu’un allaitement vécu dans le stress, la contrainte et la frustration », affirme la sage-femme.
Allaitement : gare au baby blues !
– Les mamans qui allaitent peuvent se sentir stressées car elles ont le sentiment qu’elles sont les uniques garantes de la survie de leur bébé. À la clef ? Un risque de tomber dans le baby blues voire la dépression post-partum. « Je le répète sans cesse mais il faut bien se souvenir que l’allaitement est avant tout culturel. Ce n’est pas du tout inné ! Il est essentiel que la maman ne reste pas seule et soit entourée par des personnes bienveillantes, qui lui donnent confiance en elle », insiste notre experte.
– De nombreux allaitements échouent à cause d’une baisse de la lactation liée à l’épuisement de la maman. En France, les mères ne sont généralement que peu soutenues par leur famille et leurs proches dans ce grand chamboulement que constitue l’arrivée d’un bébé.
À l’inverse, sur d’autres continents, les femmes sont mises en « quarantaine » et reçoivent de l’aide de leur famille afin de pouvoir se concentrer uniquement sur leur bébé. Notre experte invite donc les mamans à ne pas refuser de l’aide, comme pour faire le ménage ou les courses. Pas question de porter les packs d’eau ou le cosy ! « N’oubliez pas que vous devez prendre soin de vous, vous êtes votre priorité », renchérit la sage-femme.
Savoir accepter l’échec de l’allaitement
– Parce que tous les bébés ne savent pas nécessairement bien téter à la naissance, certains allaitements peuvent être très difficiles à mettre en place. Avec à la clef un bébé qui ne prend pas de poids ou encore de terribles douleurs aux mamelons lorsque la prise du sein n’est pas bonne.
De plus, il est impossible de savoir ce qu’un bébé allaité a pris, ce qui risque d’engendrer encore plus de stress pour la maman. « Là encore, il ne faut pas rester seule face à ses questions. Il ne faut pas hésiter à solliciter une sage-femme, une conseillère en lactation ou encore la PMI ou les associations de soutien à l’allaitement », conclut Gabrielle Lonjon.
À lire également, l’interview du Dr Rachel Buffin, responsable du lactarium d’Auvergne-Rhône-Alpes à l’hôpital de la Croix-Rousse, à Lyon: tous les conseils pour allaiter votre enfant dans les meilleures conditions.
À SAVOIR
L’OMS recommande l’allaitement exclusif jusqu’à l’âge de 6 mois, puis de le compléter avec une autre alimentation jusqu’à 2 ans ou plus.