Une femme qui vient d'apprendre son diagnostic d'alzheimer précoce.
225 000 nouveaux cas d’Alzheimer sont diagnostiqués chaque année. Dans le lot, certains patients n'ont pas passé les 60 ans. © Freepik

La maladie d’Alzheimer touche désormais près de 1,2 million de personnes en France, selon France Alzheimer. Mais saviez-vous que certains malades ont moins de 60 ans au moment du diagnostic ? C’est ce que l’on appelle l’“Alzheimer précoce”. Rare, souvent méconnu, parfois confondu avec un simple épuisement professionnel, il bouleverse pourtant la vie des patients et de leurs proches.

La maladie d’Alzheimer reste la forme de démence la plus répandue en France. Elle se traduit par une détérioration progressive de la mémoire, du langage, du raisonnement et de l’autonomie.

À l’origine, la maladie est causée par des dépôts anormaux de protéines dans le cerveau, qui empêchent les neurones de bien fonctionner et finissent par les détruire.

Contrairement à l’image qu’on s’en fait souvent, Alzheimer n’est pas uniquement une maladie du “grand âge”. On estime que 5 à 10 % des cas concernent des formes précoces où les premiers symptômes apparaissent avant 60-65 ans selon France Alzheimer. Cela représente plusieurs dizaines de milliers de patients en France, parfois encore en pleine activité professionnelle, avec des enfants à charge et une vie sociale bien remplie.

Recevoir un diagnostic d’Alzheimer à 50 ou 55 ans reste un choc immense. Pour beaucoup, c’est l’incompréhension totale. La maladie est encore largement associée à la vieillesse, et l’idée qu’elle puisse frapper en pleine vie active paraît contre-intuitive.

Cette méconnaissance entraîne un retard dans la reconnaissance de la maladie, mais aussi dans l’accompagnement. Les dispositifs existants sont souvent conçus pour des personnes âgées, retraitées, dont le quotidien n’a plus les mêmes contraintes. 

Or, un jeune malade doit parfois faire face à des problématiques très différentes : 

  • maintien dans l’emploi, 
  • organisation de la vie familiale, 
  • éducation des enfants, 
  • gestion d’un crédit immobilier… 

Autant de réalités qui exigent des réponses spécifiques. Pourtant, le sujet reste tabou, car il confronte la société à une double difficulté. Reconnaître que la maladie n’est pas réservée aux plus de 80 ans, et adapter les politiques de santé et de solidarité à ces parcours de vie bouleversés.

Chez les personnes plus jeunes, les signaux d’alerte ne sont pas toujours les mêmes que chez les seniors. Et c’est bien là le piège.

  • Troubles de la mémoire récente : oublis répétés, perte du fil d’une conversation, rendez-vous oubliés.
  • Langage : difficultés à trouver ses mots, phrases incomplètes, hésitations inhabituelles.
  • Désorientation : confusion dans le temps, dans des lieux pourtant familiers.
  • Difficultés professionnelles : incapacité soudaine à gérer des dossiers complexes, erreurs inhabituelles, perte de concentration.
  • Altération du comportement : irritabilité, anxiété, apathie, perte de motivation.

Selon les spécialistes, ces signes sont souvent mis sur le compte du stress, d’une dépression ou d’un burn-out. Le diagnostic est alors retardé, parfois de plusieurs années.

Qui est concerné par l’Alzheimer précoce ?

La majorité des cas précoces apparaissent de façon “sporadique”, c’est-à-dire sans cause héréditaire identifiée. Mais, dans de très rares cas, l’Alzheimer précoce est d’origine génétique.

Il survient à cause d’une mutation dans certains gènes clés (APP, PSEN1 ou PSEN2) qui dérèglent la production de protéines impliquées dans les lésions cérébrales. Cette forme dite familiale peut provoquer l’apparition de la maladie dès 40 ou 45 ans. Elle reste exceptionnelle avec moins de 1 % de l’ensemble des cas, mais représente jusqu’à 10 % des formes précoces.

En France, ces situations restent marginales mais elles posent des défis spécifiques : comment annoncer un tel diagnostic à une personne encore en activité, comment organiser la vie familiale, comment gérer la perte progressive d’autonomie quand on est parent de jeunes enfants ?

Comment poser le diagnostic ?

Le parcours débute généralement par une consultation chez le médecin généraliste. En cas de suspicion, le patient est orienté vers une consultation mémoire.

Le diagnostic repose sur plusieurs étapes :

  • tests neuropsychologiques pour évaluer mémoire, attention, langage, raisonnement ;
  • imagerie cérébrale (IRM, PET-scan) pour observer d’éventuelles atrophies ;
  • analyses biologiques pour écarter d’autres pathologies ;
  • ponction lombaire dans certains cas, pour rechercher des biomarqueurs spécifiques ;
  • tests génétiques si l’on suspecte une forme familiale.

Ces examens permettent d’écarter d’autres causes (dépression, troubles métaboliques, maladies neurologiques apparentées) et d’obtenir un diagnostic plus fiable.

Chaque 21 septembre, la Journée mondiale de l’Alzheimer rappelle l’ampleur d’un défi de santé publique qui concerne 1,2 million de personnes en France et qui devrait toucher 2,2 millions de malades d’ici 2050 selon France Alzheimer. Trop souvent encore, la forme précoce reste dans l’ombre, alors qu’elle représente 5 à 10 % des diagnostics et qu’elle bouleverse la vie de familles entières, nécessitant une sensibilisation plus appuyée.

Mais au-delà de la sensibilisation, l’enjeu est éminemment politique et social. La recherche française, malgré des avancées notables, reste sous-financée par rapport à d’autres pays européens. Les dispositifs d’accompagnement, pensés pour des personnes âgées dépendantes, sont rarement adaptés à des malades de 50 ou 60 ans encore en activité professionnelle.

Adapter les structures, soutenir les proches aidants et renforcer l’accès aux consultations mémoire font désormais partie des priorités affichées dans le Plan Maladies neurodégénératives. 

À SAVOIR

En 2023, des chercheurs chinois ont diagnostiqué un cas d’Alzheimer chez un jeune homme de 19 ans, le plus jeune jamais rapporté. Ses examens montraient les lésions typiques de la maladie, sans mutation génétique connue, un cas d’une extrême rareté jusque-là observé seulement à partir de 27 ans.

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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