Et si un simple prélèvement sanguin permettait de diagnostiquer la maladie d’Alzheimer plus tôt et plus facilement ? C’est désormais une réalité en plein essor. On fait le point.
La maladie d’Alzheimer touche près de 1 million de personnes en France, et plus de 225 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année. Pourtant, son diagnostic reste long, complexe et souvent tardif. Imagerie cérébrale, examens neuropsychologiques, ponctions lombaires… Autant de procédures parfois lourdes, coûteuses, et pas toujours accessibles.
Mais depuis quelques mois, une petite révolution est en marche : le test sanguin de détection d’Alzheimer. Plus rapide, moins invasif et bientôt remboursé ? C’est une véritable promesse pour des millions de patients et leurs familles.
Comment marche le test sanguin du dépistage d’Alzheimer ?
Des biomarqueurs dans le sang, comme un signal d’alerte
Dans le sang, certains marqueurs biologiques, appelés biomarqueurs, peuvent révéler la présence des lésions typiques de la maladie d’Alzheimer, bien avant l’apparition des symptômes.
Les deux principaux biomarqueurs recherchés sont :
- La protéine bêta-amyloïde : en cas d’Alzheimer, elle s’accumule anormalement dans le cerveau.
- La protéine tau phosphorylée : elle reflète la dégénérescence des neurones.
Selon l’Inserm, ces tests permettent de détecter de façon fiable les signes biologiques précoces de la maladie, souvent 10 à 15 ans avant les troubles de la mémoire.
Une précision de plus en plus fine
D’après une étude relayée par L’Internaute Santé, un nouveau test développé par des chercheurs australiens et américains permet non seulement de détecter Alzheimer, mais aussi d’évaluer son stade d’évolution, grâce à une simple prise de sang.
Ces tests affichent une fiabilité allant jusqu’à 90 %, ce qui les rend comparables aux examens d’imagerie cérébrale (comme le PET scan), mais avec un coût et une accessibilité bien moindres.
Selon l’Inserm, ces tests sont en train de passer du statut de recherche à celui d’outil clinique, avec une intégration progressive dans les centres mémoire et les protocoles médicaux.
Où en est-on en France ?
Une mise en place encore en cours
En France, ces tests ne sont pas encore disponibles à grande échelle, mais les choses bougent vite. À Bordeaux, le Pr Stéphane Epelbaum, neurologue engagé dans la recherche sur Alzheimer, milite pour leur intégration rapide dans le parcours de soin. Selon lui, “ces tests vont permettre un diagnostic plus précoce et une meilleure orientation thérapeutique“.
Une étude pilote est en cours dans plusieurs centres hospitaliers français pour tester l’intégration clinique de ces tests.
Pourquoi c’est une bonne nouvelle (et pour qui) ?
C’est un outil précieux pour les médecins et les patients pour plusieurs raisons.
- Moins invasif qu’une ponction lombaire
- Moins cher qu’un scanner cérébral (le coût d’un test sanguin pourrait se situer entre 100 et 300 euros)
- Plus accessible, notamment pour les zones rurales ou les personnes âgées isolées
Ce test pourrait notamment être utile pour :
- Les personnes à risque (antécédents familiaux)
- Les patients avec troubles cognitifs légers
- Les essais cliniques, pour repérer plus vite les patients éligibles à de nouveaux traitements
Vers un dépistage de masse ?
Les experts restent prudents : il ne s’agit pas de généraliser ce test à toute la population. Le but n’est pas de dépister systématiquement tout le monde, mais de proposer un outil fiable, rapide et accessible, dans un cadre médical rigoureux.
Selon l’Inserm, il faudra encore définir les protocoles d’utilisation, former les médecins et éviter les dérives d’un usage hors contrôle.
Mais l’avenir se dessine clairement : le test sanguin pour Alzheimer devrait devenir une pratique courante d’ici quelques années.
À SAVOIR
C’est en 2020 que le tout premier test sanguin détectant les protéines tau phosphorylées a été validé cliniquement, marquant un tournant dans la recherche sur Alzheimer. Cette innovation a été publiée dans JAMA, l’une des revues médicales les plus reconnues au monde.