À 23 ans, Flora Mazarico vit en fauteuil roulant. À la suite d’un grave accident de la route, la jeune lyonnaise a perdu l’usage de ses jambes. Malgré son handicap et son parcours difficile de rééducation, elle a de nombreux objectifs en tête. Écrire un livre, sensibiliser le public au handicap mais surtout participer à la Course des Héros le 25 juin prochain à Lyon. Pour Flora, cette course est une façon de prouver sa capacité à surmonter des obstacles et prendre une revanche sur la vie. Elle partage son expérience, au fil d’un poignant témoignage. Rencontre.
En juillet 2017, la vie de Flora Mazarico a pris un tournant radical. Alors qu’elle se trouvait en voiture avec sa meilleure amie et les parents celle-ci dans le sud de la France, un véhicule a violemment percuté leur voiture. Après être tombée dans le coma, Flora, qui est originaire de Lyon, a été héliportée à Bordeaux, où elle est restée deux mois en réanimation. Elle a ensuite été transférée à Lyon, sa ville, puis dans un centre de rééducation situé dans sa proche périphérie, à Miribel, où elle a été prise en charge durant deux ans et demi.
Tout a basculé pour cette jeune lyonnaise lorsqu’elle a appris qu’elle serait paraplégique à vie. Après avoir lutté sans relâche, elle a toutefois choisi de transformer son handicap en une force positive. En s’engageant dans des défis sportifs, en accompagnant des personnes en situation de handicap, en sensibilisant le grand public… La jeune femme travaille aujourd’hui comme coach de vie et a monté son entreprise, Inspiravie.
Depuis plus de cinq ans, Flora se bat également pour réaliser son rêve : remarcher un jour, malgré les pronostics de la communauté médicale. Elle nous raconte son histoire.
Paraplégie : une rééducation difficile
Été 2017, quelques jours après l’accident. Le verdict est sévère. En plus d’être paraplégique, Flora a subi des dommages à plusieurs organes. La rate, le pancréas, un rein, et les trois quarts du foie ont été touchés. Elle a également souffert d’un pneumothorax qui a fortement diminué sa capacité respiratoire. « Je suis restée dans un hôpital de mes 17 ans à mes 19 ans. J’ai raté les meilleures années de ma vie », explique Flora. Elle a pris conscience de l’ampleur des changements dans sa vie lorsqu’elle est arrivée en centre de rééducation.
Au départ, elle était placée dans un centre de rééducation réservé aux enfants. Étant âgée de 17 ans, elle ne pouvait en effet pas être admise dans un centre pour adulte. Une véritable catastrophe pour elle. Elle n’a pas pu bénéficier d’un suivi psychologique adapté car la psychologue était habituée à travailler avec des enfants et non des adolescents. Par conséquent, elle se sentait complètement incomprise.
Flora était sous traitement médicamenteux important. Elle avait également des douleurs abdominales intenses. Ne voulant prendre aucun médicament, les médecins lui ont expliqué : « tu es paraplégique et tu le seras toute ta vie. Tu vas prendre des médicaments pour le restant de tes jours, donc tu n’as pas le choix”. Ces mots sont gravés dans sa mémoire pour toujours.
La colère qu’elle a éprouvée envers le corps médical persiste toujours aujourd’hui. Cependant, cette émotion est devenue une source de motivation qui l’encourage à aller encore plus loin et à relever de nombreux défis.
Paraplégie : “un combat que l’on mène seul”
C’est une histoire inspirante que celle de cette jeune femme, qui a su transformer son expérience personnelle en une mission pour aider les autres. En devenant coach de vie spécialisé dans l’accompagnement des personnes en situation de handicap, elle offre un soutien précieux à ceux qui traversent des situations similaires à la sienne. En partageant son témoignage, elle contribue également à sensibiliser le public, les associations et les entreprises sur les enjeux liés au handicap. Avec son auto-entreprise Inspiravie, elle souhaite également encourager une meilleure inclusion des personnes en situation de handicap dans la société. « Aujourd’hui, il existe beaucoup trop d’amalgames et de préjugés concernant le handicap et notamment la paraplégie ».
C’est une démarche courageuse qui montre comment chacun peut transformer son vécu en une source de force pour les autres. « Je souhaite accompagner les autres parce que je n’ai pas eu de soutien ni de compréhension lorsque j’en avais besoin. Pour moi, il est impossible que quelqu’un comprenne ce que l’on traverse, à moins qu’il ne l’ait vécu lui-même ». Elle ajoute : « l’accident m’a révélée. Aujourd’hui je sais qui je suis, j’ai confiance en moi et je connais mes valeurs ».
C’est un combat qu’elle a dû mener seule. Elle n’avait pas de référent qui avait vécu la même expérience et qui aurait pu la motiver à aller de l’avant. En l’absence d’un tel soutien, elle a dû elle-même apprendre à gérer les idées préconçues liées à son handicap, la paraplégie. Son objectif ultime est de pouvoir aider les patients dans les hôpitaux et les centres de rééducation en les rassurant quant à leur avenir après leur séjour.
Un objectif : remarcher
Flora s’est fixée comme objectif de participer à la Course des Héros, qui aura lieu le 25 juin 2023 au parc de Gerland à Lyon. Son but : réaliser une performance de marche de 2 km. Elle éprouve le besoin d’avoir des objectifs pour avancer et se motiver.
Elle souhaite se dépasser et relever un défi sportif. Bien qu’elle ai conscience qu’elle ne soit pas capable de parcourir les 2km prévus, elle a décidé de se fixer une série d’étapes plus courtes : 500m en fauteuil, 500m de marche, 500m de nouveau en fauteuil pour finir avec 500m de marche. « Aujourd’hui avec ma kiné je fais cinq pas. Donc 500m c’est énorme par rapport à ce que je fais actuellement ». Pour elle, atteindre cet objectif serait incroyable.
« Je le fais aussi pour toutes les personnes qui n’ont pas cru en moi. Je veux prouver que ce défi est possible malgré ma paraplégie ».
À SAVOIR
Flora Mazarico est également en train d’écrire un livre avec son père, dans le but de créer un ouvrage familial. Bien que cela soit difficile pour elle de se replonger dans son passé, c’est devenu un objectif important depuis janvier 2023. Initialement, cela est parti d’un défi qu’elle a lancé à son père. Malgré le caractère très pudique de son père, ce dernier a écrit trois cahiers de brouillon depuis l’accident. Pour les aider, ils ont fait appel à une co-écrivaine. Leur projet consiste à écrire chacun leur propre point de vue sur les évènements. Pour Flora, c’est important de relater les points de vue de toutes les personnes impliquées dans l’histoire, et pas seulement le sien.
