Une femme qui profite d'une cure thermale remboursée par la sécurité sociale.
En France, la cure thermale est officiellement reconnue comme acte thérapeutique depuis 1950. © Freepik

Le remboursement des cures thermales conventionnées est aujourd’hui pris en charge à hauteur de 65 % par l’Assurance Maladie. Face aux tensions budgétaires, l’exécutif envisage de réduire drastiquement ce taux. Une question s’impose donc : la cure thermale est-elle un soin bien justifié ou un luxe coûteux pour la collectivité ?

Chaque année, plusieurs centaines de milliers de Français partent en cure thermale. Un séjour prescrit, de 18 à 21 jours dans un établissement agréé. Actuellement, pour le « forfait thermal » (les soins), la prise en charge est de 65 %.

Le débat est aujourd’hui relancé : la Cour des comptes évoque l’idée d’un encadrement ou d’une suppression de la prise en charge, estimant le « service médical rendu » incertain. Pour les acteurs du thermalisme, la menace n’est pas seulement financière : elle est sociale et territoriale.

Pour qu’une cure soit remboursée, plusieurs conditions doivent être satisfaites : une prescription médicale pour l’une des orientations thérapeutiques reconnues (rhumatologie, voies respiratoires, phlébologie, appareil digestif, etc.), une durée légale (environ 18 jours de soins), et un établissement thermal conventionné.

Les soins, et non l’hébergement ou le transport, sont pris en charge par l’Assurance Maladie, à hauteur de 65 % du tarif forfaitaire de responsabilité. En 2024, plus de 472 000 Françaises et Français ont bénéficié d’une cure thermale conventionnée. 

Le thermalisme occupe alors un rôle fixé. Dans bien des cas, il s’inscrit comme un complément thérapeutique pour des pathologies chroniques, et non uniquement comme un séjour bien-être.

Par ailleurs, sur le plan territorial, les stations thermales se trouvent très majoritairement dans des communes rurales ou de faible densité. 71 % des communes thermales comptent moins de 5 000 habitants. Ce dispositif contribue donc aussi à l’économie de certaines zones délaissées.

Le raisonnement économique et politique

La France fait face à des défis budgétaires de taille dans le domaine de la santé. La Cour des comptes a explicitement mis en ligne de mire la prise en charge des cures thermales, indiquant que celle-ci pèse pour environ 0,14 % des dépenses de la Sécurité sociale.

Dans ce contexte, l’idée d’un rabot sur le taux de remboursement se fait jour. Certains amendements mentionnent une réduction possible du taux (par exemple, de 65 % à 50 %) pour les pathologies chroniques non ALD.

Les raisonnements sont multiples :

  • diminuer les remboursements pour alléger la contribution de l’Assurance Maladie,
  • exiger un « service médical rendu » plus strict pour continuer à rembourser,
  • engager une réflexion sur l’utilité sociétale et l’efficacité réelle des cures thermales.

En creux, la question est : dans un système de soins sous tension, comment distinguer ce qui relève du soin nécessaire de ce qui pourrait relever d’un « effet de mode » ou d’un recours non justifié ?

Que dit la recherche et quelle efficacité pour les cures ?

Le dossier n’est pas simple. D’un côté, le secteur thermal note que plusieurs études ont été conduites, que certaines orientations montrent des bénéfices mesurables (douleurs, qualité de vie, fonction physique). D’un autre côté, des analyses externes pointent : l’efficacité n’est pas toujours clairement documentée selon tous les types de pathologies, et le critère « service médical rendu » reste débattu.

Aucune institution indépendante ne s’est depuis longtemps penchée sur l’intérêt thérapeutique des cures thermales de façon exhaustive. Cela ne signifie pas que les cures sont inutiles. Mais que leur efficacité dépend fortement du contexte, de la pathologie, de la durée, du patient, et qu’il n’existe pas de consensus scientifique fort pour toutes les indications.

Par exemple, si l’on met en balance les coûts, on observe que le forfait de soins peut varier entre environ 320 € et 712 €, avec un tarif de responsabilité (TFR) de 272 € à 603 €. Pour les patients, le reste à charge (hébergement, transport, séjour hors forfait) peut devenir conséquent.

Pour les patients

Si le taux de remboursement chute, cela augmentera mécaniquement le reste à charge des curistes. Pour des pathologies chroniques, souvent chez des personnes âgées, la question de l’accessibilité se pose. Pourra-t-on encore parler de soin accessible ou bien d’un soin réservé à ceux qui peuvent payer ?

Le Sénat souligne que la suppression de la prise en charge « rendrait ces soins inaccessibles à nombre de patients, notamment âgés ou modestes ».

Pour les stations thermales et les territoires

Le thermalisme est aussi un vecteur économique local. Le dernier rapport de l’Observatoire national de l’économie des stations thermales (OESTh) estimait pour 2023 près de 4,5 milliards d’euros de richesse générés et environ 25 000 équivalents temps plein mobilisés.

Une baisse brutale du nombre de curistes conventionnés pourrait fragiliser ces établissements, leur capacité d’investissement, et, par ricochet, l’activité locale (hébergement, restauration, services).

Pour la collectivité

Economiser sur les cures thermales peut sembler une « petite économie » (0,14 % des dépenses de la Sécurité sociale).

Mais le risque est à moyen/long terme : si les patients renoncent à une cure utile, augmentent les traitements médicaux, consultations, ou hospitalisations, l’économie de départ pourrait être moindre que prévue.

Il est tentant de trancher. Mais la réalité est plus nuancée :

  • Oui, les cures thermales correspondent à un dispositif médicalisé existant, avec prescription, un cadre défini, et ont pour objectif de soulager des pathologies.
  • Oui, elles participent à l’équilibre territorial et à l’activité économique de certaines zones.
  • Non, elles ne sont pas la panacée : l’efficience pour toutes les indications n’est pas prouvée.
  • Non, leur accès ne peut pas être traité comme automatique, sans considération de coût, d’utilité ou de reste à charge.

Ainsi, les traiter comme « dépenses superflues » semble excessif. Mais les aborder comme « soins universels et inconditionnels » non plus. Le vrai enjeu est de définir quels patients, pour quelles pathologies, dans quelles conditions cette prise en charge doit être maintenue. Mais aussi, quelles économies sont légitimes, et à quel prix social et territorial.

À SAVOIR 

En 2024, la région Occitanie, première destination thermale de France, a accueilli environ 149 000 curistes conventionnés assurés sociaux dans ses 28 stations thermales, soit près de 32 % du volume national.

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

1 COMMENTAIRE

  1. Moi.il me faut absolument ma cure pour mes douleurs de fibromyalgie et dos ,épaules et cervicales sinon je dois êtres 3fois par semaines chez le kiné et prendre beaucoup d anti douleurs…ce qui coûte aussi beaucoup à la sécurité sociale…il faudrai plus contrôler car effectivement beaucoup de personnes y vont pour les vacances ou pour accompagner son conjoint ou conjointe…

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