Une cure de thermalisme dans un établissement Valvital, en Auvergne-Rhône-Alpes.
65% des curistes en Auvergne-Rhône-Alpes sont des femmes, avec un âge moyen de 65 ans. © MegapixAiles

Ebranlé par trois années de crise sanitaire, le marché du thermalisme retrouve progressivement du tonus en Auvergne-Rhône-Alpes. Une résurrection associée à l’émergence de nouvelles pratiques et à la prise en charge d’autres pathologies. Le point avec Bernard Riac, vice-président du Conseil National des Etablissements Thermaux (CNETh) et président du groupe Valvital.

L’épidémie de Covid a marqué un véritable coup d’arrêt dans le développement du marché du thermalisme. Comment se porte ce marché quatre ans après le début de cette crise sanitaire inédite ?

Le thermalisme a été beaucoup plus touché par la crise Covid que d’autres secteurs comme le tourisme par exemple. Cela étant, la situation est très contrastée car il y a deux marchés bien distincts. Concernant le marché des cures médicales, il n’a pas redémarré aussi vite que prévu après la crise Covid. On est sur un recul de 21% en 2023 par rapport à 2019, année de référence avant la crise sanitaire.

En revanche, le marché du bien-être en milieu thermal se porte bien. Il a vite rebondi après la pandémie puisque l’on dépasse les chiffres de 2019.

Comment expliquer cette frilosité sur le marché des cures conventionnées ?

Bernard Riac, président du groupe Thermal Valvital et vice-président du Conseil national des établissements thermaux.
Bernard Riac © Valvital

Dans le thermalisme, l’âge moyen se situe autour de 68 ans. Les curistes les plus âgés, ceux qui ne sont pas venus durant deux ans en raison du Covid, n’ont pas retrouvé le chemin des stations. La plupart des personnes âgées viennent chaque année. Elles ont leurs habitudes, leurs repères qu’elles ont perdus.

Résultat, après deux ans d’inactivité, ces anciens curistes sont plus fatigués… et le fait de ne pas repartir en cure les affaiblit encore plus. C’est notamment vrai pour la tranche la plus âgée de nos curistes, ceux entre 70 et 80 ans, qui représentent entre 15 et 20% de la fréquentation des stations thermales.

Pour compenser en partie cette perte, avez-vous réussi à attirer une nouvelle génération de curistes ?

Oui, le niveau des primo-curistes, ceux qui viennent donc pour la première fois en cure, est comparable à 2019. C’est plutôt rassurant. C’est la preuve que le marché n’est pas en train de disparaître mais il est en mutation.

Au-delà de ce constat, la région Auvergne-Rhône-Alpes figure-t-elle toujours parmi les places fortes du thermalisme en France ?

Oui, car la région dispose de multiples stations avec des orientations très différentes. On a aussi la chance d’avoir un Conseil Régional qui soutient activement la filière. Un deuxième plan d’investissement est en cours.

Sans ces aides, la plupart des projets ne pourraient voir le jour car le thermalisme n’a pas une rentabilité suffisante pour supporter de tels investissements immobiliers. Imaginez, par exemple, que sur Royat, on est parti sur un plan d’investissement de 32 millions d’euros. Impossible d’amortir avec une approche purement capitalistique d’investisseur privé.

Quels sont les atouts d’Auvergne-Rhône-Alpes par rapport aux régions concurrentes ?

D’abord le nombre puisque la région recense 24 stations thermales, ce qui situe Auvergne-Rhône-Alpes dans le top 3 national. L’autre force, c’est la diversité des orientations thérapeutiques que l’on soit en Auvergne ou dans les Alpes.

La rhumatologie reste notre atout numéro 1 puisque cela attire 80% des curistes. Même si la filière des voies respiratoires est en perte de vitesse, l’expertise régionale reste forte dans ce domaine. Enfin, la phlébologie progresse bien, surtout en seconde orientation.

Quel est le profil du curiste en 2024 ?

65% des curistes sont des femmes, avec un âge moyen de 67 ans depuis le rajeunissement post-Covid.

Et la provenance des curistes ?

Plus la station est petite, plus elle recrute localement. Cela peut aller jusqu’à 80% de curistes locaux pour les plus petites stations. En revanche, dans les grandes stations, comme Aix-les-Bains, qui accueille plus de 25 000 curistes par an, le recrutement se fait sur toute la France avec une offre d’hébergement en adéquation. Dans ces grandes stations, les régionaux ne représentent que 20 à 30% de la fréquentation.

Quelles sont les grandes tendances à l’aube de cette nouvelle saison ?

Compte tenu des réservations, sur les cures médicales, on table sur une progression de 5% par rapport à 2023. Sur le marché de la remise en forme, les signaux sont très positifs. On espère une hausse de 8%. Pour cela, on a imaginé de nouveaux forfaits d’une semaine, donc six jours de soins, avec des thérapies ciblées pour traiter, par exemple, la fibromyalgie, ou des cures post-cancer du sein.

Quels sont les prochains grands défis à relever ?

Il y a deux grands défis. Le premier, c’est de répondre à une problématique de désertification médicale. Il devient de plus en plus difficile d’avoir des médecins thermaux. Il faut savoir que dans le cadre d’une cure conventionnée, un médecin doit effectuer trois visites : au début, au milieu et à la fin de la cure. C’est un vrai problème car on manque de praticiens dans la plupart des stations.

On a aussi une problématique de ressources humaines sur les massages. On ne trouve plus de kinés pour masser dans les établissements thermaux. On milite donc pour la création d’un nouveau diplôme sur deux ans, et non plus sur cinq ans. Un diplôme de physiothérapeute. L’autre grand défi concerne le développement de nouveaux champs de compétences.

Dans ce domaine, on travaille avec la Sécurité Sociale pour que nos médecins et infirmières puisse diagnostiquer à l’avenir les personnes en situation de faiblesse. Cette approche préventive est au cœur de la réflexion du ministère de la Santé. Nous sommes prêts !

À SAVOIR

Créé en 2002, le CNETh (conseil national des établissements thermaux) regroupe la totalité des établissements thermaux français. Sa vocation est de travailler, en cohérence avec les pouvoirs publics, à l’amélioration et à une meilleure reconnaissance de la médecine thermale. 
Fondé en 1989, le groupe Valvital rassemble quinze stations thermales dont quatre en Auvergne-Rhône-Alpes (Aix-les-Bains, Thonon-les-Bains, Montbrun-les-Bains et Royat).

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Enfant des radios locales, aujourd'hui homme de médias, il fait partager son expertise de la santé sur les supports print, web et TV du groupe Ma Santé AuRA.

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