Un chat malade de diabète de type 2 examiné parcson vétérinaire.
L'espérance de vie d'un chat diabétique, une fois le diagnostic établi par le vétérinaire, est généralement courte. © Freepik

44% des 15 millions de chats français sont en surpoids. Trop gâtés, mal nourris, ces félins s’exposent en vieillissant au développement de maladies chroniques, à l’image du diabète de type 2, ou ‘’diabète sucré’’. Si la prévention reste le premier remède, il existe un traitement efficace par injections. Mais sa lourdeur entraîne de nombreux abandons et le risque d’une issue fatale rapide pour l’animal. Un tiers des chats diabétiques sont en effet euthanasiés dans l’année suivant leur diagnostic. D’où l’intérêt d’un dépistage précoce et régulier, comme le confirme le Dr Jean-François Ravier, vétérinaire et directeur technique scientifique du Groupe Boehringer Ingelheim France, qui vient de mettre à disposition des vétérinaires un médicament buvable beaucoup plus facile à administrer au chat.

Pourquoi le risque de diabète est-il élevé chez les chats ?

Parce que près d’un chat sur deux, en France, est en surpoids ou obèse. Comme chez l’homme, l’obésité et la sédentarité favorisent la maladie, avec l’âge : le chat qui vit en ville, qui sort peu, est ainsi plus sujet au risque de diabète de type 2 en vieillissant, contrairement à celui qui vit à la campagne et qui a pour seule alimentation des souris, après qui il passe son temps à courir. Nous sommes face à un problème de société, avec des chats très proches de leurs propriétaires : si ces derniers ne bougent pas, les chats ne bougeront pas non plus.

Une alimentation trop riche est donc bien facteur de développement du diabète ?

Oui, d’autant que le chat ne mange pas à heure fixe, c’est un grignoteur. Si on lui donne sans cesse à manger, qui plus est des aliments très caloriques, il aura tendance à grossir. Et les chiffres sont sans appel : les chats deviennent en moyenne de plus en plus gros en Europe, ce qui entraîne une foule de problèmes tels que l’arthrose, la cardiopathie, l’hyperthyroïdie et, donc, le diabète de type 2 ou « diabète sucré ».

Quels sont les signes qui doivent alerter ?

Les premiers symptômes de diabète, assez classiques, sont un chat qui boit beaucoup et qui urine beaucoup (polyurie-polydispse). Les propriétaires ne le voient pas toujours immédiatement, car le chat n’a pas qu’une seule « maison ». Et ce délai va favoriser le retard de diagnostic d’un diabète.

Quels sont les autres symptômes alarmants ?

Il est courant de constater que le chat semble abattu, particulièrement fatigué. Il peut aussi maigrir, alors même qu’il mange. Et avoir une démarche un peu bizarre que l’on appelle plantigradie, qui le fait marcher sur les coudes de ses pattes arrière, un symptôme assez net de diabète avancé.

Tous ces symptômes doivent-ils pousser à rapidement consulter son vétérinaire ?

Bien sûr, mais il faudrait surtout instaurer des bilans annuels de santé du chat, à partir de ses sept ou huit ans, pour dépister plus rapidement la maladie. Ce dépistage est facile, il suffit de faire une prise de sang qui, en cas de glycémie élevée, donne une bonne indication. On peut aussi utiliser une méthode proche de celle de l’hémoglobine glyquée chez l’homme, en procédant à un dosage des fructosamines susceptible de révéler une glycémie élevée permanente et, incidemment,  un risque de diabète.

Pourquoi la mortalité est-elle si élevée en cas de diabète chez le chat ?

Cela tient surtout à la complexité de la prise en charge. Les propriétaires, souvent, baissent les bras : ils n’ont pas le cœur à faire une piqûre d’insuline deux fois par jour à leur chat, n’y arrivent pas convenablement… Et, parfois, le chat est tellement malade, avec une insulorésistance trop installée, qu’il est trop tard pour lancer le traitement. On estime qu’un tiers des chats diabétiques meurent rapidement : 10% sont euthanasiés au diagnostic, 10% dans le mois et 10% dans l’année. D’où l’intérêt d’un diagnostic précoce, d’autant que le traitement est très efficace !

Quel est l’intérêt de la nouvelle solution buvable disponible sur le marché ?

Jusqu’à présent, on n’avait que les injections, matin et soir, pour faire baisser la glycémie du chat. Aujourd’hui, on a un traitement qui se donne par voie orale, beaucoup plus facile à administrer et dont la finalité est de maintenir la glycémie du chat à la normale. La différence avec le médicament sous injection est qu’il s’agit d’un antihyperglycémiant : son rôle, en cas d’hyperglycémie du chat, est de ramener sa glycémie dans les valeurs physiologiques normales. C’est très important car jusque-là, lorsque l’on injectait de l’insuline à un chat, on risquait de le mettre en hypoglycémie et il se trouvait très mal ! La complexité était de lui donner de l’insuline, mais pas trop…

Une fois qu’un diabète est diagnostiqué, peut-on l’enrayer ?

La réponse est oui, mais il a de fortes chances de rechuter, et plus gravement, même en ayant changé son alimentation.

Le plus simple n’est-il pas de prévenir le diabète du chat ?

Comme pour l’homme, les meilleurs moyens de prévenir le risque de diabète sont de manger moins et de courir… Ce sont des conseils basiques, mais si la nourriture et le poids du chat sont contrôlés, il y a très peu de chance qu’il fasse du diabète. Mais le problème tient au poids de l’amour : les gens aiment leur animal et le gâtent généralement beaucoup trop. Ils ne se rendent pas compte qu’ils fabriquent des chats obèses. Pourtant, un chat n’ouvre pas tout seul un sac de croquettes : c’est bien le propriétaire qui est responsable de son alimentation.

Est-il facile de changer son alimentation ?

Généralement non. Habitué à manger ce qu’il aime, il risque de ne pas vouloir ses nouvelles rations. Mais c’est aussi le signe d’une gamelle un peu trop abondante. Car un chat ne se laisse pas mourir de faim : s’il n’aime pas, il prendra juste ce dont il a besoin. En revanche, si l’on remplace sa nourriture par quelque chose qu’il aime, il va instinctivement en prendre trop. Mais il faut tenir bon, car l’enjeu est important.

Quels conseils donneriez-vous aux propriétaires qui souhaitent préserver leur chat ?

Un propriétaire doit comprendre qu’un chat qui vieillit va mourir. Si l’on veut qu’il meure le plus loin possible, il y a des choses à faire. Il suffit de discuter avec son vétérinaire, qui va proposer des bilans réguliers, avec prise de sang et examen clinique, et réduire ainsi considérablement les risques de maladies, y compris de diabète. Cela coûte, car ce n’est pas remboursé, mais c’est un investissement qui n’est pas inutile. Car un traitement pour le diabète leur coûtera beaucoup plus cher !

À SAVOIR

Boehringer Ingelheim est une entreprise biopharmaceutique active dans la santé humaine et animale. Le laboratoire a développé une nouvelle solution pour le traitement du diabète de type 2 : un médicament à base de velagliflozine qui permet d’inhiber un transporteur du glucose au niveau rénal. Cette solution buvable, administrable une seule fois par jour, directement dans la gueule de l’animal ou dans sa nourriture, facilite le traitement des chats diabétiques de type 2 et permet aux propriétaires une meilleure prise en charge de la maladie tout en prolongeant l’espérance de vie de leur animal de compagnie préféré.

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Journaliste expert santé / Rédacteur en chef adjoint du Groupe Ma Santé. Journaliste depuis 25 ans, Philippe Frieh a évolué dans la presse quotidienne régionale avant de rejoindre la presse magazine pour mettre son savoir-faire éditorial au service de l'un de ses domaines de prédilection, la santé, forme et bien-être. Très attaché à la rigueur éditoriale, à la pertinence de l'investigation et au respect de la langue française, il façonne des écrits aux vertus résolument préventives et pédagogiques, accessibles à tous les lecteurs.

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