Après plusieurs années de hausse en France, l’absentéisme des salariés du secteur privé aurait enfin baissé en 2023, selon le baromètre annuel de WTW. Alors que le déclin de la santé mentale des Français, au travail comme à la maison, inquiète de plus en plus, ce recul de l’absentéisme, le premier depuis 2016, est un signal perçu comme positif pour les entreprises. Il cache néanmoins des défis persistants.
Le baromètre WTW est une enquête annuelle sur l’absentéisme dans le secteur privé, réalisée à partir des données de milliers de salariés dans de nombreuses entreprises françaises. Il fournit des analyses et des tendances sur les taux d’absentéisme, les facteurs influents, et les évolutions dans différents secteurs et catégories professionnelles.
Pour cette sixième année consécutive, l’étude sur 420 000 salariés dans 2 000 entreprises montre que l’absentéisme a baissé à 4,8 % en 2023, contre 5,4 % en 2022. C’est la première baisse depuis 2016, à l’exception de l’année 2020, marquée par la crise sanitaire.
“Il faut néanmoins rester vigilant car l’année 2022 avait été marquée par la vague Omicron et nous notons une très légère hausse de l’absentéisme début 2024” constate Noémie Marciano, Directrice de l’activité Health & Benefits de WTW en France. “Outre le fait que les employeurs intègrent désormais le bien-être dans leur stratégie RH, ils commencent à mesurer le risque d’absentéisme, à identifier les populations les plus susceptibles d’être touchées, et à en comprendre les causes potentielles. Communiquer, former les managers, déployer des actions de prévention, proposer du soutien psychologique et du conseil en gestion budgétaire sont également des initiatives à favoriser pour poursuivre l’inflexion de l’absentéisme“.
Malgré la baisse de l’absentéisme en France, la santé mentale des Français reste une préoccupation majeure pour les entreprises. Les chiffres sont alarmants : trois personnes sur quatre rencontrent des problèmes de santé mentale liés à leur travail. Parmi elles, 70 % se désengagent de leur vie professionnelle en raison de ces difficultés, malgré les mesures de prévention des risques. En outre, 44 % des salariés sont en situation de détresse psychologique. En outre, ces problèmes contribuent également à des arrêts de travail prolongés et à une baisse de la productivité.
Absentéisme : un recul généralisé
Les salariés français sont moins absents. Cette tendance est visible dans toutes les catégories socio-professionnelles et tranches d’âge, mais avec certaines nuances tout de même :
- Femmes : un taux d’absentéisme légèrement réduit à 5,8 %.
- Hommes : une réduction du taux de 4,8 % à 4,2 %.
- Jeunes (20-30 ans) : affichent la plus grande baisse, avec un taux diminué à 3 % contre 3,6 % en 2022.
Malgré cette amélioration, certains aspects demeurent préoccupants. Le nombre d’arrêts longs, c’est-à-dire ceux dépassant 90 jours, a augmenté et représente maintenant 6 % des absences, contre 4 % l’année précédente. Ces arrêts prolongés contribuent à plus de la moitié des journées non travaillées.
Pour rappel, selon le baromètre Teale, les troubles de santé mentale chez les salariés représentent la première cause de ces arrêts de travail longue durée.
Baisse de l’absentéisme : des secteurs et des régions encore vulnérables
Certaines industries et régions restent particulièrement touchées par l’absentéisme, même avec la baisse générale :
Les secteurs les plus affectés :
- Santé humaine et action sociale : taux de 7,56 %
- Hébergement-restauration : taux de 7,39 %
- Transport-entreposage : taux de 6,18 %
- Les accidents de travail et les maladies professionnelles continuent d’affecter des secteurs comme la construction (6 % des arrêts)
Les régions les plus touchées :
- Grand-Est : taux de 6,36 %.
- Hauts-de-France et Bourgogne-Franche-Comté : également affectées.
Bien que le coût direct par salarié ait légèrement baissé à 1 535 € en 2023, il avait augmenté entre 2019 et 2022. Les congés payés accumulés pendant les arrêts ajoutent un coût supplémentaire pour les entreprises. Une simplification administrative prévue pour 2027 pourrait aider à alléger cette charge.
À SAVOIR
Le type de contrat de travail influencerait fortement le taux d’absentéisme : il est de 2,1 % chez les salariés en CDD, contre 5 % chez ceux en CDI, soit plus de deux fois plus élevé.