Connaissez-vous les chenilles processionnaires ? À l’approche du printemps, ces incestes nocifs font leur grand retour en France. Souvent méconnues par les propriétaires, elles représentent un réel danger pour la santé de nos animaux à cause de leurs poils urticants. Quels sont les risques et les symptômes ? Comment réagir ? Le point avec Caroline Bakhtiary, vétérinaire à Lyon (Rhône).
La curiosité est un vilain défaut… Pourtant, nos petites boules de poils adorent fouiner, renifler, et jouer, parfois en mettant en péril leur santé. Les chenilles processionnaires, appelées aussi « chenilles urticantes » sont très présentes en France et notamment dans la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Considérées comme toxiques pour l’homme, les animaux domestiques (chiens et chats) sont les premières victimes. Pouvant toucher les yeux et la langue, ces insectes provoquent des réactions sévères chez l’animal.
Chenilles processionnaires : un ennemi redoutable pour le chien et le chat
Qu’est-ce qu’une chenille processionnaire ?
En France, il existe deux types de chenilles processionnaires. La chenille des pins est la plus dangereuse. Elle se trouve généralement au sol, tandis que la chenille des chênes, restant dans l’arbre durant tout son cycle de vie, présente beaucoup moins de risques.
Mesurant environ 4 cm de long, les chenilles des pins sont de couleur brunâtre accompagnées de tâches orangées et de poils blancs. Elles sont appelées « processionnaires » en raison de la façon dont elles se déplacent : elles rampent en procession et avancent en file indienne. Au printemps, ces insectes quittent l’arbre pour muer et se transformer en papillon. C’est à ce moment-là qu’elles deviennent dangereuses pour les animaux.
Quels sont les dangers pour les animaux ?
Ces chenilles attirent naturellement les animaux comme le chien et le chat, poussés par leur curiosité. Ils ont tendance à vouloir les sentir, les lécher, et les attraper pour jouer avec. Malgré leur aspect inoffensif et même amusant par leurs mouvements, ces incestes sont connus pour leurs poils urticants extrêmement venimeux. Microscopiques et fragiles, ils se détachent lorsque l’animal se sent menacé. Lorsqu’ils se cassent, une substance toxique est alors libérée et peut avoir de graves conséquences pour l’animal.
Une urgence vitale
Quels sont les premiers symptômes ?
Les poils urticants des chenilles provoquent de sévères inflammations et irritations. Au moindre contact avec l’animal, les premiers symptômes apparaissent en quelques heures. Ils peuvent survenir au niveau buccal (langue, gorge, babines), sur le museau, dans les yeux et sur les pattes. Les conséquences dépendent donc de la zone de contact.
Provoquant une inflammation très importante, le risque premier est une réaction sévère au niveau de la langue. On peut alors constater une salivation importante, un gonflement de la langue et des vomissements. En cas de forte réaction, le contact avec une chenille peut entraîner l’étouffement ou une nécrose. « Il s’agit de la perte d’une partie ou de toute la langue, qui par la suite, va empêcher l’animal de se nourrir ou de boire. Les tissus de la langue meurent et tombent. », ajoute la vétérinaire.
Si la zone de contact se trouve sur la peau ou dans les yeux, d’autres symptômes violents peuvent apparaître : rougeurs, difficultés à ouvrir les yeux, démangeaisons importantes, ou encore difficultés respiratoires.
Comment réagir ?
Si vous repérez ces symptômes chez votre animal , il faut agir rapidement pour limiter les séquelles. Tout d’abord, pensez à vous protéger en portant des gants afin de ne pas propager les poils urticants.
Le premier réflexe est de vous rendre immédiatement chez votre vétérinaire. C’est une urgence vitale ! Celui-ci va réaliser un nettoyage de la zone touchée et prescrire des antidouleurs, des anti-inflammatoires, et un antiallergique pour combattre l’inflammation. En attendant, vous pouvez laver soigneusement la zone touchée par l’animal avec de l’eau froide ou tiède pendant au moins dix minutes. Cette action aide à réduire les démangeaisons et l’irritation, tout en retirant un maximum de poils.
Si la prise en charge est trop tardive, des dommages importants peuvent nécessiter une intervention chirurgicale pour limiter l’expansion de l’infection, notamment au niveau de la langue. Pour limiter la propagation de la nécrose, le vétérinaire peut avoir recours à une amputation d’une partie de la langue.
Certains animaux peuvent également faire de violentes réactions allergiques comme un choc anaphylactique. Dans les cas les plus graves, le contact avec une chenille peut engager le pronostic vital de l’animal, et parfois même entraîner son décès.
À SAVOIR
Les chenilles processionnaires ou « urticantes » peuvent également être dangereuses pour l’Homme. Les poils se détachent et se nichent sous la peau, provoquant une violente éruption cutanée (petits boutons) et de fortes démangeaisons.
D’autres symptômes plus graves peuvent parfois apparaître : vomissements, vertiges et fièvre. Il est alors conseillé de se rendre rapidement chez un médecin ou à l’hôpital.