Entre dépistage Covid, vaccination contre la grippe et suivi des patients, les infirmiers libéraux d’Auvergne-Rhône-Alpes tirent la sonnette d’alarme. En cause ? Une surcharge de travail qui ne cesse de s’amplifier face à la situation sanitaire critique. Une situation critique illustrée par l’épuisement de quelques infirmières de Modane, commune frontalière de Savoie.
Alors que l’épidémie progresse de manière affolante, les professionnels de la santé sont soumis à des tensions toujours plus fortes. En effet, le taux d’incidence en Auvergne Rhône-Alpes ne cesse d’augmenter malgré les restrictions sanitaires adoptées. Une situation plus qu’inquiétante selon les principaux concernés qui expriment leurs préoccupations grandissantes.
Si le personnel hospitalier et les médecins sont sous le feu des projecteurs, les infirmiers libéraux demeurent les éternels oubliés de la crise selon l’URPS Infirmiers libéraux AuRA. Une situation qui rappelle leurs revendications, en juin dernier, face à l’absence de représentants d’infirmiers libéraux à la Ségur de la santé (voir plus bas).
Loin des métropoles de Lyon, Saint-Etienne et Grenoble, ce sont pourtant les infirmiers libéraux qui prennent le relais des laboratoires. Et ce afin d’offrir une offre de dépistage la plus complète possible. Mais dans ces métiers déjà sous-tension d’ordinaire, la crise sanitaire constitue une vague impitoyable. Parfois destructrice.
L’appel à l’aide des infirmiers libéraux : “une surcharge proche du burn-out”
En dépit des annonces gouvernementales promettant de « réduire drastiquement les délais » de dépistage Covid, les laboratoires restent pour l’instant surchargés. En une semaine, ce sont plus de 220 000 tests PCR effectués en Auvergne Rhône-Alpes. Un chiffre qui doit son envergure aux laboratoires mais également aux infirmiers libéraux qui participent dans une moindre mesure.
Test Covid-19, vaccination saisonnière contre la grippe, suivi et soins des patients réguliers… De quoi attester d’une surcharge de travail éprouvante pour les infirmiers libéraux. Ainsi, l’URPS Infirmiers libéraux AuRA témoigne d’un « contexte particulièrement rude » d’exercice de la profession. Plus particulièrement, les infirmiers ruraux sont les principales victimes de cette crise. En cause ? Le manque de laboratoires ruraux pour subvenir aux besoins de dépistage.
À tel point que les infirmières libérales de Modane, petite commune de moins de 3 000 habitants en Savoie, rapportent des conditions de travail insoutenables. « Vendredi dernier, j’ai travaillé de six heures du matin à 21h sans faire de pause. Je n’ai même pas eu le temps de manger », témoigne Sophie. « Dans un contexte libéral déjà difficile à tenir, l’épidémie de coronavirus est un poids de trop. En outre, gérer le départ à la retraite d’une collègue et l’arrivée d’une remplaçante se fait au milieu d’une cohue de patients ». Dès lors, la surcharge de travail s’apparente à l’ombre d’un burn-out qui menace.
Face à la vague Covid-19, la crise du dépistage
Pire que la surcharge de travail, les patients en crise. En effet, l’injonction de certaines personnes à se faire dépister immédiatement est devenue la terreur des infirmiers libéraux. « Les patients téléphonent pour obtenir un test PCR au plus vite. Mais face à la surcharge de demande, les attentes sont parfois de quelques jours. Suffisant pour leur faire perdre leur calme », explique ainsi Sophie, l’infirmière savoyarde.
Dès lors, les appels téléphoniques se prolongent pour raisonner les patients. Une perte de temps supplémentaire alors que les messages s’enchaînent. « Parfois, ce sont des cas contacts de cas-contacts qui insistent pour un dépistage rapide. Malheureusement, avec l’afflux des demandes, impossible de les tester. Malgré notre bonne foi et nos explications, ils ne comprennent pas cette décision et haussent le ton ».
Une plaie à vif dans l’empathie des soignants éreintés. Mais quelles solutions face à cette crise du dépistage ? « Il faudrait que les personnes comprennent cet afflux massif et nos limites, que les médecins trient d’avance les patients à dépister », propose Sophie. Appel à la responsabilisation et entraide professionnelle seraient donc les seules clés disponibles pour enrayer cette crise du dépistage.
Les infirmiers libéraux, oubliés de la crise
Par ailleurs, la colère des infirmiers libéraux d’Auvergne Rhône-Alpes gronde. Alors que l’URPS Infirmiers libéraux AuRA demandait en juin dernier des mesures d’aides à leur profession, l’absence de représentants au Ségur de la santé a pesé dans leur silence. « Les infirmiers libéraux sont laissés de côté », déclarait Lucien Baraza, président de l’URPS Infirmiers libéraux AuRA.
« À l’heure actuelle, ce sont les médecins libéraux qui parlent en notre nom », affirme Lucien Baraza. Un rappel de l’importance hiérarchique accordé aux médecins qui exaspère l’URPS des infirmiers libéraux. « Les infirmiers libéraux ne demandent qu’à parler en leur nom propre ». Une revendication soutenue et maintenue par l’ensemble national des URPS Infirmiers libéraux.
Désormais, les infirmiers libéraux espèrent une reconnaissance de leur profession et un soutien de la population à leur surcharge de travail. Les nouvelles mesures sanitaires à venir cette semaine permettront peut-être de soulager leur quotidien…
À SAVOIR
La Ségur de la santé s’est déroulée du 25 mai au 10 juillet 2020. Son but ? Revaloriser les métiers de la santé et mettre en œuvre des plans d’actions pour soutenir hôpitaux et professionnels de santé. Si sa conclusion promet 8,2 milliards d’euros consacrés à la revalorisation des métiers des établissements de santé et des EPHADs, il n’est fait état d’aucune mention réservée à l’exercice des infirmiers libéraux.
Ça ne vous rassurera pas mais nous sommes aussi en burn out en Bretagne entre les test pcr les vaccins, les gens à gérer, les pansements et prises de sang du cabinet à répartir pour ne pas mélanger tout ce monde ,et le gros du travail à domicile qui ne cesse de s’allonger avec les gens que l’on ne garde plus à l’hôpital et la demande d’adminstratif qui se complexifie et rallonge le temps alloué au fur et à mesure des nouvelles décisions. Des journées de 14h00 à dépoter (des tournées et des patients) comme on vidrait un camion chargé de sacs:de pommes de terres (la comparaison à ses points communs ) le plus vite possible avec de moins:en moins le temps pour le faire et tout å dos d’homme sans la moindre compassion et l’empathie qui nous a fait épouser ce métier..Cette empathie qui d’ailleurs disparait au fur ét à mesure de ce travail à la chaine .C’est un peu de notre âme, de qui on est, de notre substantifique ADN que l’on laisse sur le métier ainsi que notre ėnergie , nous voila vidé de notre conscience et de notre énergie physique broyé par ce système. Pas sûr que la nouvelle génération nous remplacera avec la même conscience envers les hommes et les femmes dans la détresse et le besoin de relationnel. Quel solution reste il : tout arrêter et ne plus jamais penser à tout cela, a notre état d’être à nos familles incapables de nous sortir du puits dans lequel on tombe un peu plus chaque jour, Quel autre issue nous reste-t-il? Je pense à la même que vous….l’éternité comme seul repos.