L’épidémie de Covid-19 reste toujours inquiétante dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Les vacances de fin d’année vont-elles engendrer une troisième vague ? La crainte de nouvelles contaminations dû au repas de Noël est forte chez les professionnels de santé qui appellent au maintien de la vigilance et des gestes barrières. Dépistage massif, campagne de vaccination à venir, … Le point sur la situation épidémique avec le Dr Jean-Yves Grall, directeur de l’agence régionale de santé (ARS) Auvergne-Rhône-Alpes, invité de l’émission “Votre Santé” (BFM Lyon) ce jeudi 17 septembre.
Alors que la région Auvergne-Rhône-Alpes organise une vaste campagne de dépistage du Covid-19, les fêtes de fin d’année vont-elles engendrer un rebond de l’épidémie ? Actuellement, la situation sanitaire reste toujours sous tension, après plusieurs semaines où l’épidémie avait doucement ralenti. Avec la perspective d’un vaccin début janvier, les autorités appellent à ne pas relâcher la vigilance pour éviter une troisième vague.
Le point sur la situation sanitaire avec le Dr Jean-Yves Grall, directeur de l’agence régionale de santé (ARS) Auvergne-Rhône-Alpes, invité d’Élodie Poyade et Pascal Auclair dans l’émission Votre Santé (BFM Lyon) du jeudi 17 décembre.
Covid-19 : “nous ne sommes plus la première région touchée”
La région Auvergne-Rhône-Alpes a été l’une des régions les plus touchées par la seconde vague de Covid-19. Où en sommes-nous de l’épidémie ?
D’un point de vue général, l’année 2020 a été celle du Covid-19. Nous terminons l’année avec des éléments plus favorables que les mois précédents. Mais nous commençons 2021 avec une épée de Damoclès concernant une éventuelle reprise de l’activité épidémiologique. Actuellement, l’épidémie ralentit. Nous avons observé, sur les cinq semaines précédentes, une diminution nette des signes épidémiques ainsi que du nombre d’hospitalisés, avec un peu de délai. Nous ne sommes plus la première région touchée. En effet, la Bourgogne-Franche-Comté et le Grand Est ont dorénavant des taux d’incidences plus importants que nous. Toutefois, nous remarquons un arrêt de la baisse épidémiologique.
Notre capacité hospitalière reste surchargée avec, en même temps, des cas Covid et non-Covid. Nous disposons en ce moment de 900 lits ouverts en réanimation, sur une base de 560 lits, avec un taux de remplissage de près de 80%. La situation s’améliore donc mais elle est loin d’être réglée. Le taux d’incidence de la région s’élève à 164 pour 100 000 habitants. Enfin, si nous assistons effectivement à une diminution des hospitalisations de cas Covid, nous constatons une augmentation d’autres interventions médicales. Les patients reviennent pour se faire opérer et vont donc en réanimation post-opératoire. Tout cela amène à un remplissage toujours important de la capacité hospitalière de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
“Il ne faut absolument pas baisser notre vigilance” face au Covid-19
L’amélioration de la situation observée sur les semaines passées a permis un certain optimisme. Or, maintenant que nous sommes sur un plateau, la crainte revient peu à peu. Comment cela se fait-il que nous n’arrivons pas à avoir moins de 5 000 cas par jour ?
Plusieurs phénomènes expliquent cela. Tout d’abord, l’amélioration considérable est dû aux effets du couvre-feu et du confinement. Malheureusement, il a été observé sur ces dernières semaines un certain laxisme général par rapport à la situation. Il ne faut absolument pas baisser notre vigilance. Nous sommes sur la bonne voie mais des signes laissent à penser qu’il faut continuer l’effort. Plus particulièrement, sur les gestes barrières et la prévention face au Covid-19. Une responsabilité qui appartient à chacun d’entre nous.
Disposons-nous d’une explication quant au fait que certaines régions, dont la nôtre, sont plus touchées par l’épidémie qu’ailleurs ?
Malheureusement, non. Nous avons cherché à vérifier s’il existait une raison particulière à la flambée de cas dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Lors de la première vague, nous savions que la vague présente dans le Grand Est s’expliquait par le cluster de Mulhouse. Pour notre région, nous ne savons pas ce qui est à l’origine de cette crise sanitaire. Il est probable que cela soit multi-factoriel, avec plusieurs évènements qui se seraient déroulés en même temps.
Nous savons que la région a été touchée en deux temps. Premièrement, la partie centrale avec les métropoles ainsi que la partie Ouest. Deuxièmement, depuis plusieurs semaines, c’est la partie Est de la région, avec tout l’arc Alpin, qui est concernée. Les départements de l’Isère et de la Haute-Savoie restent actuellement des départements où le taux d’incidence est élevée. L’Isère a un taux s’élevant presque à 200, et la Haute-Savoie a un taux de 180.
Les vacances de Noël et Covid-19 : un cocktail dangereux ?
Les vacances de Noël commencent ce week-end. La soirée de Noël, le réveillon du 31, … Deux semaines à haut risque pour la gestion épidémique. Êtes-vous inquiet ?
Je suis à la fois inquiet et partisan de la vigilance. Effectivement, nous nous dirigeons vers des retrouvailles familiales qui vont entrainer un certain brassage de la population sur l’ensemble du territoire. Il faudra être très vigilant et continuer les dispositions actuelles. Lorsque nous verrons nos grands-parents, et les personnes âgées, il faudra être très prudents concernant les embrassades et retrouvailles.
De plus, le premier ministre Jean Castex a rappelé que la jauge indicative lors des repas de Noël est de six personnes à table. Le professeur Arnaud Fontanet, membre du conseil scientifique, a publié un rapport récemment. Celui-ci démontre que ce contexte familial est un moment hautement à risque pour la contamination. Ainsi, j’appelle à la prudence afin d’éviter de se retrouver en janvier, quinze jours après les retours, avec une explosion de cas.
Le dépistage du Covid-19, “essentiel pour éviter une troisième vague”
À l’approche de ces repas de Noël, que devons-nous faire ? Faut-il se faire tester avant de partir en vacances ou cela n’a pas d’efficacité concrète ?
Le test est le pilier de la stratégie Tester – Alerter – Protéger. Il faut impérativement tester ceux qui méritent de l’être de façon à pouvoir les isoler et casser ainsi les chaînes de contamination. En priorité, cela doit concerner les personnes qui sont à risques et également les personnes qui auraient été dans des situations laissant penser à une éventuelle contamination. Des tests sont rendus obligatoires par certaines compagnies aériennes pour partir en voyage, comme par exemple pour se rendre en Corse. Évidemment, toute personne avec des symptômes doit se faire tester. Enfin, au-delà des tests avant les départs, il faut garder en tête les tests qui seront mis en place aux retours des festivités. Tout cela est essentiel pour éviter une troisième vague.
La campagne de dépistage massive de la région Auvergne-Rhône-Alpes a commencé ce mercredi 16 décembre. Quel est le rôle de l’agence régionale de santé dans cette campagne et que pensez-vous de cette stratégie ?
Dès que Laurent Wauquiez a annoncé la mise en place de cette campagne de dépistage, nous avons travaillé avec ses équipes pour cadrer cette initiative dans la stratégie nationale. Celle-ci tourne de plusieurs mesures. Tout d’abord, un dépistage doit se faire avec un test antigénique homologué. Deuxièmement, cela doit se réaliser avec des professionnels qualifiés pour réaliser et analyser les tests. Tout cela doit s’accompagner d’une stratégie de contact-tracing. L’Assurance Maladie assure le suivi des personnes positives et identifie les cas contacts. Enfin, l’isolement est une disposition impérative. Les personnes testées positives doivent avoir la possibilité d’être isolées, soit chez elles soit dans un autre lieu.
Covid-19 : une campagne de vaccination sur six mois
Le prochain grand défi concerne la vaccination. Les premiers vaccins, selon Jean Castex, seront inoculés avant la fin de l’année 2020. La région Auvergne-Rhône-Alpes sera-t-elle parmi les premières à en bénéficier et sommes-nous prêts ?
La stratégie de vaccination va se dérouler sur six mois. Cela sera donc une montée en puissance progressive dans le temps et sur les populations. Les résidents des Ehpad et les personnels soignants seront prioritaires. Nous attendons, autour du 21 décembre, une autorisation de mise sur le marché du vaccin. Après cela, les dispositions permettront d’entamer les vaccinations dans toutes les régions, sans priorité géographique. Ce vaccin nécessite une logistique particulière. Il faut le conserver à une température de -80°. Nous mettons donc tout en oeuvre pour que le 4 janvier, nous entamions tranquillement, de manière rationnelle et régulière, la vaccination dans tous les départements.
Près d’un Français sur deux ne souhaite pas se faire vacciner. Comment rassurer dans ce contexte ?
L’autorisation de mise sur le marché permettra de témoigner de la fiabilité du vaccin. De plus, celui-ci se fait uniquement sur la base du volontariat. Toutefois, il est indispensable de faire vacciner les personnes âgées en priorité car elles sont les plus à risque. La campagne de vaccination se dérouler sur le temps long. Cela permettra de rassurer chacun.
Quel message souhaitez-vous faire passer à l’approche des fêtes de Noël ?
Les fêtes de Noël vont permettre de regagner un peu d’espoir et d’avoir du baume au coeur. Toutefois, il faut fêter avec prudence et conserver les gestes barrières. Gardons en tête l’idée de la distanciation sociale et du lavage des mains. Cela est simple et cela permettra, petit à peu, d’éviter une troisième vague.
Pour voir l’émission Votre Santé du 17 décembre en replay sur BFM Lyon.
À SAVOIR :
LA RÉGION AUVERGNE-RHÔNE-ALPES MET EN PLACE DU 16 AU 23 DÉCEMBRE UNE CAMPAGNE DE DÉPISTAGE DU COVID-19. 2,2 millions de tests antigéniques ont été commandés. CLIQUEZ ICI POUR CONNAÎTRE LE CENTRE DE TEST LE PLUS PROCHE DE CHEZ VOUS.