Le PDG du groupe Vivalto Santé alerte sur les reports de soins liés au Covid.
La polyclinique Lyon Nord, à Rillieux-la-Pape, est l'une des deux implantations du groupe Vivalto Santé en Auvergne-Rhône-Alpes, avec la Clinique Générale d'Annecy. ©Vivalto Santé

Un an après le début de l’épidémie, le président du troisième acteur français d’hospitalisation privée, le groupe Vivalto Santé, dénonce le climat de psychose qui vide les hôpitaux des patients non atteints par le Covid. Selon lui, le report de soins lié à cette peur de l’hôpital a en effet entraîné une lourde accumulation de cas graves et causé de nombreux décès en 2020. Daniel Caille appelle aujourd’hui plus de sérénité pour juguler cette perte de chances, notamment face à la perspective d’une troisième vague.

Malgré la menace des variants, l’épidémie de Covid-19 semble stagner. Et alors que la campagne de vaccination bat son plein, la stratégie du gouvernement, qui a refusé un nouveau confinement, pourrait payer. Cet appel à vivre avec le virus est partagé par Daniel Caille, du Groupe Vivalto Santé. Le PDG du troisième groupe français de cliniques privées, qui témoigne de l’impact de l’épidémie sur le système de santé français, invite aussi les patients à reprendre enfin le chemin de l’hôpital. Selon lui, la peur d’y contracter le virus, encore réelle malgré la mise en place de précautions sanitaires rassurantes, ne doit pas empêcher la prise en charge des autres maladies graves.

Quelle est la situation dans vos hôpitaux ?

“Nous vivons une période relativement étrange, avec dans l’ensemble de nos établissements une situation qui n’est ni pire ni meilleure que celles que l’on a déjà connues. Nous ne voyons pas de vague alarmiste pour les jours qui viennent. Malgré ce que certains prétendent, le variant anglais n’est pas là en masse : il représente 20 à 25% de nos patients Covid, mais cela n’a pas alourdi la charge de nos services. Il est important de ne pas dramatiser: apprenons plutôt à vivre avec ce virus !”

Covid-19 : “il ne faut pas baisser la garde”

Serez-vous capables le cas échéant de supporter une reprise de l’épidémie ?

“Nous sommes prêts, le plan blanc est toujours d’actualité et nous sommes en mesure d’augmenter nos capacités de prise en charge. S’il faut remercier nos professionnels pour tout ce qu’ils ont déjà accompli, on leur demande aussi de continuer. Il ne faut pas baisser la garde: le phénomène existe, nous avons encore près de 350 lits Covid occupés. Nous avons encore besoin de tenir face aux mois qui viennent. Mais je le répète, nous n’avons pas d’inquiétude particulière, au contraire.”

Qu’est-ce qui vous permet d’afficher un tel optimisme ?

“La période est moins lourde qu’au printemps ou à l’automne dernier. Le personnel s’est aguerri et la vaccination, qui est l’élément le plus porteur d’espoir en cette période, se met en place. Elle rencontre une adhésion bien plus importante que prévu, notamment chez nos personnels soignants de plus de 50 ans. 60% d’entre eux sont déjà vaccinés, et on atteindra les 75% dans les semaines à venir. Il est essentiel que nous recréions ce climat de sécurité et de confiance pour que nos patients reviennent.”

Report de soins : “c’est une erreur d’attendre demain”

Avez-vous rapidement pris la mesure de cette peur de l’hôpital ?

“La deuxième vague a mis en évidence la nécessité de traiter à la fois des patients Covid, mais aussi des patients qui commençaient à avoir de vraies pertes de chances, du fait du non recours au soin. Les cas graves se sont accumulés.”

Est-ce toujours le cas ?

“Oui, et notre préoccupation première reste de faire venir les patients qui en ont besoin. On observe encore une vraie réticence à venir se faire soigner. On va pourtant vivre dans un univers Covid pendant encore quelques temps, quel que soit le délai de la vaccination. Les gens doivent donc venir se faire soigner: car ce retard de soin, nous allons tous finir par le payer.

Nous sommes en train de créer une psychose. Je pense que nous avons déjà tué beaucoup de gens en 2020 parce qu’ils ne sont pas venus se faire soigner. Avec les précautions que l’on prend désormais, venez vous faire soigner ! C’est une erreur d’attendre demain.”

“Le système de santé a souffert” face au Covid

Quel bilan tirez-vous un an après le début de l’épidémie ?

“Cette année a été marquée par de nombreux aspects positifs. Le monde de la santé a appris à collaborer ensemble. La collaboration public / privé a joué et ce qui était une anomalie est devenue la règle. Essayons de la préserver ! Nos Agences Régionales de Santé ont aussi appris à travailler avec le privé, plutôt que solliciter notre aide au tout dernier moment. Et enfin, nous avons su innover dans nos pratiques, à l’image de la télémédecine qui est entrée dans les moeurs de manière naturelle.”

Comment vos hôpitaux ont-ils traversé cette période ?

“Nous avons poursuivi notre croissance, à travers l’achat de cinq nouvelles cliniques. Ce qui porte à 41 le nombre d’établissements du groupe Vivalto Santé. Mais entre le report de soins et la déprogrammation, nous avons perdu 10% de notre chiffre d’affaires, qui s’est établi à 800 millions d’euros.

Plus globalement, le système de santé a souffert. L’activité a fortement chuté en 2020, de l’ordre de 35 à 40% notamment en chirurgie, du fait d’une déprogrammation massive. Les garanties de fonctionnement de l’État, distribuées à hauteur de l’activité 2019, ont permis aux établissements de tenir. C’était indispensable. Mais cela n’a pas empêché une activité faible, et ll faudra aussi rembourser ces avances. 2021 sera une année d’incertitudes.”

À SAVOIR

Le groupe Vivalto Santé a été fondé en 2009 par Daniel Caille, à travers le rachat de trois premières cliniques privées en Bretagne. L’entreprise compte aujourd’hui 41 établissements, dont deux en Auvergne-Rhône-Alpes: la Polyclinique Lyon Nord à Rilleux-la-Pape, dans le Rhône, et la Clinique Générale d’Annecy, en Haute-Savoie. Il s’agit aujourd’hui du troisième acteur français de l’hospitalisation privée, derrière les groupes Ramsay Générale de Santé et Elsan. En juin, elle seera la première entreprise française à bénéficier du statut “d’entreprise de mission”.

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Journaliste expert santé / Rédacteur en chef adjoint du Groupe Ma Santé. Journaliste depuis 25 ans, Philippe Frieh a évolué dans la presse quotidienne régionale avant de rejoindre la presse magazine pour mettre son savoir-faire éditorial au service de l'un de ses domaines de prédilection, la santé, forme et bien-être. Très attaché à la rigueur éditoriale, à la pertinence de l'investigation et au respect de la langue française, il façonne des écrits aux vertus résolument préventives et pédagogiques, accessibles à tous les lecteurs.

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