Une foule de gens apeurée par la reprise épidémique de la bronchiolite en Île-de-France.
Le virus de la bronchiolite a fait une offensive précoce à Paris © Freepik

La bronchiolite s’invite plus tôt que prévu. À la veille de la Toussaint, les nourrissons parisiens sont les premiers… à tousser. Selon Santé publique France, l’Île-de-France est désormais classée en phase épidémique, alors que le reste du pays reste encore provisoirement à l’abri. Alors, faut-il craindre une flambée épidémique après les vacances ? 

Nous ne sommes pas encore en hiver. Mais les virus, eux, ne connaissent pas le calendrier. Dans le dernier bulletin de Santé publique France, l’Île-de-France est passée officiellement en phase épidémique de bronchiolite selon le rapport hebdomadaire sur les infections respiratoires aiguës.

Dans le reste de la France métropolitaine, l’épidémie est latente mais sous surveillance. Bref, le calme avant la tempête.. La preuve ? Les indicateurs soient déjà en augmentation chez les enfants de moins de 5 ans. En clair, la machine se remet en marche doucement, et la région parisienne ouvre la (triste) danse.

La bronchiolite est une infection virale des petites bronches, souvent due au virus respiratoire syncytial (VRS). Chaque hiver, elle touche près de 30 % des enfants de moins de 2 ans, selon Santé publique France. La maladie se manifeste d’abord comme un banal rhume : nez qui coule, toux, fatigue. Puis, chez certains nourrissons, le virus descend dans les bronchioles et provoque une gêne respiratoire parfois impressionnante.

Dans 9 cas sur 10, la bronchiolite guérit sans hospitalisation, mais elle reste la première cause d’admission à l’hôpital chez les bébés de moins d’un an. En moyenne, 2 à 3 % des nourrissons de cette tranche d’âge sont hospitalisés chaque année.

Lors de la saison 2024-2025, l’épidémie avait commencé plus tard, mi-novembre, et s’était révélée d’intensité modérée. Cette année, tout semble démarrer avec deux à trois semaines d’avance, ce qui laisse présager une activité plus soutenue dans les prochaines semaines.

Épidémie de bronchiolite : pourquoi Paris avant les autres ?

Pourquoi l’Île-de-France avant la Bretagne, la Normandie, Auvergne-Rhône-Alpes ou la région PACA ? D’abord, parce que le virus adore la promiscuité. Dans une région dense, où les crèches, transports et écoles maternelles sont saturés, le VRS trouve un terrain idéal. Il suffit d’un bébé enrhumé dans une salle de jeux pour qu’une dizaine d’autres toussent la semaine suivante.

Les mouvements de population jouent aussi un rôle. Les trajets quotidiens en transports collectifs, les retours de vacances de la Toussaint, les fratries scolarisées… tout cela crée des passerelles virales. Une sorte d’autoroute à virus.

Le bulletin de Santé publique France évoque aussi la circulation d’autres virus respiratoires, notamment les rhinovirus, souvent responsables des premiers rhumes automnaux, qui peuvent induire des bronchiolites chez les plus jeunes.

Une reprise épidémique précoce, certes, mais rien d’alarmant

Entre le 20 et 26 octobre 2025, la bronchiolite a représenté 11,7 % des passages aux urgences pour les enfants de moins d’un an et 21,5 % des hospitalisations dans cette tranche d’âge. Sur la semaine, 1 498 bébés ont été vus aux urgences pour bronchiolite, dont 468 ont été hospitalisés, soit près d’un tiers. Il y a donc une progression à des niveaux proches de la saison précédente.

En Île-de-France, les urgences pédiatriques enregistrent déjà des afflux de nourrissons présentant les symptômes typiques : toux, respiration sifflante, difficulté à s’alimenter. Les pédiatres confirment que la bronchiolite est revenue plus tôt que d’habitude, mais pour l’instant, pas de forme plus grave que les années précédentes.

À La Réunion aussi, les urgences débordent

A la Réunion, les autorités observent également une recrudescence marquée. Selon La 1ère Réunion (29 octobre 2025), 160 nourrissons ont été pris en charge aux urgences en deux semaines.

« Nous sommes sur une tendance haussière, avec une intensité déjà forte », précise l’Agence régionale de santé locale. La saison y commence plus tôt chaque année, probablement en lien avec le climat tropical, propice à la circulation continue du VRS.

Pour les parents, la bronchiolite est souvent une source d’angoisse. Voir son bébé peiner à respirer est terrifiant. Pourtant, dans 95 % des cas, la maladie reste bénigne. « Il n’existe pas de traitement miracle », rappellent les autorités sanitaires. La prise en charge repose surtout sur des mesures de confort : 

  • lavage du nez, 
  • hydratation, 
  • fractionnement des repas, 
  • surveillance rapprochée.

En revanche, il y a des signes d’alerte à ne pas négliger : 

  • respiration très rapide, 
  • creusement entre les côtes (le « tirage »), 
  • refus de s’alimenter, 
  • lèvres bleutées,
  • fatigue excessive. 

Dans ces cas-là, il faut consulter en urgence. Les pédiatres insistent : pas besoin de sur-médicaliser la bronchiolite, mais il faut savoir la reconnaître quand elle devient sérieuse.

Épidémie de bronchiolite : ce que chacun peut faire

C’est le chapitre le plus simple, et le plus efficace. Les gestes barrières classiques restent redoutablement utiles :

  • se laver les mains souvent,
  • aérer les pièces,
  • éviter les bisous quand on est enrhumé,
  • ne pas partager les tétines ni les couverts,
  • et surtout : éviter les lieux clos avec un nourrisson de moins de trois mois.

Le tabagisme passif est un facteur aggravant majeur. Un seul mégot fumé à la fenêtre suffit à augmenter les risques de bronchiolite sévère.

Côté prévention médicale, la France dispose désormais de deux outils :

  • Le vaccin Abrysvo®, recommandé aux femmes enceintes entre la 32ᵉ et la 36ᵉ semaine de grossesse, pour transmettre des anticorps au bébé avant la naissance ;
  • Le Beyfortus® (nirsevimab), un anticorps monoclonal administré aux nouveau-nés à risque, qui réduit les formes graves de bronchiolite.
    Ces dispositifs, intégrés depuis 2023 dans la stratégie nationale, permettent déjà de limiter les hospitalisations chez les plus fragiles.

Une pression à surveiller dans les hôpitaux

Ce qui inquiète aujourd’hui les soignants, ce n’est pas tant la virulence du virus que la pression hospitalière qui l’accompagne. À chaque pic de bronchiolite, les urgences pédiatriques débordent, les lits manquent, et le personnel s’épuise. 

En 2022, certaines régions avaient dû déclencher des plans d’urgence hospitaliers. Depuis, le système est mieux préparé, mais reste sous tension.

Le syndicat des pédiatres d’Île-de-France appelle d’ailleurs à une meilleure coordination entre hôpitaux et médecine de ville : « La majorité des bronchiolites peuvent être suivies par les médecins généralistes. Il faut réserver les urgences aux cas graves. »

Cette année, les autorités sanitaires comptent aussi sur une large adhésion à la vaccination pour limiter les les cas sévères et ainsi réduire la pression hospitalière.

À SAVOIR

L’an dernier, la bronchiolite avait été plutôt clémente. La saison 2024-2025, qui s’est étendue sur environ huit semaines (de la mi-novembre à la mi-janvier), a été jugée modérée par Santé publique France. Selon le ministère de la Santé, plus de 450 000 bébés ont été protégés d’une forme grave lors de la campagne de vaccination. 

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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