Popularisée par la célèbre série américaine, la médecine interne est la discipline qui permet de comprendre les cas les plus inexplicables. A Lyon, le professeur Pascal Sève en dévoile les mystères à l’occasion d’une conférence, jeudi 8 novembre.
A 48 ans, le professeur Pascal Sève est l’une des incarnations lyonnaises de Hugh Laurie. Cet acteur anglais a joué huit années durant le premier rôle de la série Dr House, dont chaque épisode était consacré à la résolution d’une incroyable énigme médicale. Aux Hospices Civils de Lyon, 25 médecins internistes témoignent au quotidien que la fiction n’est pas si éloignée de la réalité. Chef du service de médecine interne à l’hôpital de la Croix-Rousse, professeur de médecine interne à la faculté Lyon-Sud, Pascal Sève lève le voile sur une spécialité énigmatique lors d’une conférence intitulée ”Médecine interne, la voie en cas d’errance médicale”, jeudi 8 novembre à 18h30 à la mairie du 7eme arrondissement de Lyon.
Qu’est ce que la médecine interne ?
Il s’agit d’une médecine hospitalière polyvalente, qui regroupe des praticiens qui ne sont pas spécialisés dans une discipline particulière, mais un peu dans tout, avec une fonction de diagnosticiens. Nous sommes amenés à prendre en charge des cas parfois complexes, de patients présentant des douleurs articulaires, de la fièvre, des problèmes de reins. On ne fera pas appel à un cardiologue, à un rhumatologue et à un néphrologue, mais à un médecin interniste qui va faire une synthèse sur la base d’un examen physique et clinique.
Nous sommes aussi sollicités en cas de maladies rares, à l’image du Lupus, une maladie auto-immune déclenchant une réaction inflammatoire et que l’on retrouve souvent dans Dr House.
Votre spécialité est-elle réellement similaire à celle du Dr House, très romancée ?
Il nous arrive en effet de rencontrer des cas vraiment exceptionnels, d’être confrontés à des maladies particulièrement rares. C’est ce que l’on retrouve dans la série, qui n’est pas née par hasard aux Etats-Unis, où les praticiens en médecine polyvalente sont beaucoup mieux reconnus qu’en France. Elle montre bien tout l’aspect diagnosticien de notre activité, la complexité du rapport entre le médecin et le patient… La plupart des épisodes sont bien sûr très éloignés de la réalité médicale et clinique, mais la série a eu le mérite de populariser notre spécialité.
Docteur House et la fibromyalgie
Pourquoi un tel manque de reconnaissance ?
La médecine interne est une médecine avant tout clinique, qui laisse la parole au patient. Elle est basée sur l’écoute, l’examen physique. Elle va en ce sens à contrecourant de la tendance à l’ultratechnicité de notre société. La médecine interne est en quelque sorte l’un des derniers remparts à cette tendance laissant penser que la technicité est supérieure au raisonnement.
Comment ces cas très particuliers se manifestent-ils ?
Nous sommes parfois confrontés à des maladies connues et fréquentes, mais qui affichent une présentation sémiologique inhabituelle. On peut aussi faire face à la conjonction de plusieurs phénomènes, indépendants entre eux mais qui peuvent aiguiller vers une maladie.
Une part importante de notre activité concerne les troubles somatoformes, pour lesquels aucune cause de symptômes n’a pu être identifiée. Le cas le plus connu est celui de la fibromyalgie, qui touche 1 à 2% de la population. Chez ces patients souffrant de fatigues chroniques, les investigations n’ont en effet pas révélé d’inflammations ou de désordres susceptibles d’expliquer une anomalie d’un point de vue organique. A nous de les dévoiler.
Dr House, faire face à l’inexplicable
Avez-vous été confronté à des cas apparemment inexplicables ?
Cela arrive régulièrement. Je cite en exemple le cas d’une dame d’un certain âge, qui toussait depuis un an. Cette toux invalidante l’avait conduit à consulter de nombreux spécialistes: un pneumologue, un allergologue, un gastro-entérologue, un ORL, un cardiologue…
Nous avons pu déterminer qu’elle souffrait de la maladie de Horton. Les apparences étaient pourtant trompeuses : cette maladie inflammatoire des vaisseaux se caractérise souvent par des maux de tête, ce qui en l’occurence n’était pas le cas pour cette patiente. D’où une longue errance médicale.
Le diagnostic a été confirmé et un traitement par cortisone a pu faire disparaître les symptômes. La maladie de Horton ne touche pourtant que 30 individus pour 100 000, après 70 ans. Sans être rare, nous n’en traitons qu’une dizaine de cas par an dans nos services.
Retrouvez la liste de tous les médecins et spécialistes de la médecine interne sur www.conseil-national.medecin.fr
A SAVOIR
La conférence “Médecine interne, la voie en cas d’errance médicale”, est organisée le jeudi 8 novembre à 18h30 (Mairie du 7eme arrondissement de Lyon), dans le cadre du cycle des Conférences Santé de la Fondation HCL. La Fondation Hospices Civils a pour vocation, grâce à la collecte de fonds, de soutenir financièrement des projets susceptibles d’améliorer l’accueil des patients en milieu hospitalier, d’accélérer les projets de recherche et d’accompagner les malades au-delà des traitements.
Pour soutenir la Fondation HCL : + d’infos ICI.