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Pour la première fois depuis 2003, le nombre de jeunes ayant consommé du cannabis est en hausse en France. Quels sont les signes d’une dépendance ? Commenté réagir ? Les explications du docteur Anne-Sophie Ronnaux-Baron, médecin tabacologue, responsable Santé au CDHS du Rhône.

Le cannabis, dangereux tremplin vers les drogues dures

Etes-vous confrontée régulièrement à des problématiques liées à la consommation de substances illicites ?

Oui, lors des consultations de sevrage tabagique dans nos centres , nous constatons que de plus en plus de jeunes fument également du cannabis. Dans un premier temps, on évalue leur consommation quotidienne ou régulière. Si on estime qu’elle est important et qu’elle présente un danger pour la santé du jeune , on oriente vers des structures ou associations spécialisées (Point Accueil Ecoute Jeune, par exemple). Mais nous continuons à suivre ces jeunes pour les accompagner dans leur arrêt du tabac.

Avez-vous constatez une évolution de la consommation de cannabis dans les collèges et lycées ?

Oui, évidemment. C’est d’ailleurs une vraie préoccupation que l’on constate lorsque nous menons des actions de prévention et d’information/sensibilisation dans les collèges et lycées. Un problème aigu entre 15 et 25 ans. C’est une triste réalité. Cela dit, on constate souvent qu’à partir du moment où le jeune est sociabilisé, entre dans la vie active, se stabilise tant sur le plan familial que professionnel, sa consommation tend à se réduire, voire à s’arrêter.

A partir de quel moment est-il en situation de dépendance?

A partir du moment où il ressent le besoin de se “faire un joint” pour démarrer sa journée, aller au lycée ou au travail, ou le soir lorsqu’il a besoin de la drogue pour se détendre. C’est le même processus qu’avec la cigarette au saut du lit ou avec l’alcool, lorsque l’adulte a besoin de son verre de blanc à 10 heures du matin ou de sa bouteille, le soir, devant la télé. La différence avec l’alcool, c’est que le cannabis est la porte ouverte à d’autres drogues beaucoup plus dures car, au bout d’un moment, ses effets sont ressentis comme non suffisants. C’est un dangereux tremplin qui peut mener, à terme, à la consommation d’autres produits injectés par intra veineuses avec le risque d’une transmission de maladies comme le VIH ou les hépatites B et C . Ce danger guette notamment les jeunes en difficulté sociale, en désinsertion. Une population fragile qui faut préserver de telles dérives et qu’il faut accompagner .

Les techniques de sevrage au cannabis et à la cigarette sont-elles identiques ?

Oui, on peut utiliser une méthode validée et qui a fait ses preuves pour toutes les addictions : les thérapies cognitives et comportementales. Beaucoup d’entretiens avec des professionnels spécialisés pour que le jeune ne se retrouve pas dans la situation qui l’incite à sortir un joint, à cause de la dépendance physique et comportementale liée à la consommation de cannabis. De telles méthodes incitent à modifier ses habitudes de vie, ses repères , éviter les situations qui vont le faire fumer .

Comprendre les motivations du fumeur de cannabis

Quels conseils donner aux parents ?

Ils doivent être vigilants, à l’écoute de leurs enfants , de maintenir le dialogue et de rechercher avec son fils ou sa fille l’origine de son mal être au sein de la famille ou en dehors. S’ils constatent une baisse des résultats scolaires, une baisse de l’attention, un repli sur soi, ils doivent être en alerte et envisager de faire appel à des professionnels de santé, le médecin traitant ou des Centres d’accueil spécialisés. C’est par le dialogue, avec souvent des interlocuteurs extérieurs, que l’on parvient à comprendre pourquoi le jeune est tombé dans le cannabis. Ce cap est souvent difficile à franchir pour les parents mais il en va de la santé et de l’avenir de leurs enfants.

Le docteur Ronnaux-Baron met en garde contre le cannabis
Anne-Sophie Ronnaux-Baron, médecin tabacologue à Lyon ©DR

A savoir

Selon une étude de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), près d’un jeune de 17 ans sur deux avoue avoir déjà consommé du cannabis et ils seraient près de 10% à fumer au moins 10 « joints » par mois. Cette hausse, qui intervient après onze ans de baisse, s’explique notamment par une recrudescence de la consommation féminine.

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Enfant des radios locales, aujourd'hui homme de médias, il fait partager son expertise de la santé sur les supports print, web et TV du groupe Ma Santé AuRA.

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