Un jeune homme qui refuse un verre d'alcool en soirée.
Les expérimentations d'alcool chez les jeunes ont chuté de 75,3 % en 2018 à 64,1 % en 2021. © Adobe Stock

La consommation d’alcool chez les jeunes Français est en nette diminution. Un phénomène qui interroge autant qu’il réjouit. Changement des mentalités, prévention renforcée, nouvelles tendances… Décryptage de cette évolution sociétale qui transforme les comportements et qui fait du bien à notre santé.

La consommation d’alcool chez les jeunes Français connaît une baisse historique. Alors qu’il était autrefois un incontournable des soirées et des moments festifs, l’alcool semble perdre du terrain auprès des 15-25 ans. 

Ce changement, largement documenté par les études récentes, ne relève pas du hasard : prévention renforcée, nouvelles valeurs, tendances de sobriété… autant de facteurs qui redessinent le rapport des jeunes à l’alcool.

L’image des jeunes en soirée, verre à la main, semble appartenir à une autre époque. Selon les dernières études de Santé publique France, la consommation d’alcool chez les 15-25 ans n’a cessé de diminuer au cours des dernières décennies. À titre d’exemple :

  • En 2021, seuls 21 % des jeunes de 17 ans ont déclaré consommer régulièrement de l’alcool, contre 34 % en 2001.
  • Les épisodes de binge drinking, ces ivresses ponctuelles massives, sont également en recul, passant de 50 % à 34 % entre 2014 et 2021 chez les lycéens.
  • L’âge du premier verre s’éloigne : il est désormais autour de 15 ans, contre 13 ans il y a encore 20 ans.

Ces chiffres illustrent un basculement générationnel. Mais pourquoi les jeunes se détournent-ils de l’alcool ? Et comment expliquer ce changement de comportement ?

L’impact des messages de santé publique

Le rôle de la prévention est indéniable. Les campagnes d’information sur les dangers de l’alcool ont profondément marqué les esprits. Les slogans comme “L’alcool, c’est 0 pour les mineurs” ou les initiatives de sensibilisation en milieu scolaire ont contribué à une meilleure compréhension des risques liés à la consommation d’alcool. Les jeunes savent aujourd’hui que :

  • L’alcool est responsable de 41 000 décès chaque année en France selon Santé Publique France.
  • Il augmente les risques de développer des maladies graves comme les cancers, les troubles cardiovasculaires ou encore les troubles du foie.
  • À court terme, il peut entraîner des accidents, des violences ou des comportements à risque.

Ces messages, souvent relayés sur les réseaux sociaux, touchent directement une jeunesse connectée et informée.

La sobriété : un choix valorisé

Au-delà de la prévention, le rapport des jeunes à l’alcool reflète une transformation plus large des mentalités. Aujourd’hui, la sobriété n’est plus perçue comme un frein social. Au contraire, elle devient un mode de vie revendiqué et valorisé. Les mouvements comme le Dry January ou encore la montée des mocktails (cocktails sans alcool) permettent de socialiser autrement, sans passer par l’ivresse.

Les réseaux sociaux jouent aussi un rôle clé dans cette évolution. De nombreux influenceurs prônent un mode de vie sain, où sport, alimentation équilibrée et bien-être sont mis en avant. Résultat : boire de l’eau ou un jus de fruits en soirée est presque devenu “tendance”.

Une génération plus pragmatique

Si certains redoutent simplement les lendemains difficiles, d’autres semblent plus pragmatiques quant aux conséquences réelles de la consommation d’alcool. Avec la hausse du coût de la vie, notamment des sorties, les jeunes d’aujourd’hui préfèrent éviter de dépenser leur argent dans des soirées arrosées.

Aussi, cette génération valorise davantage le contrôle de soi. Pour certains, l’alcool est perçu comme un facteur de perte de maîtrise, que ce soit dans leurs paroles, leurs actions ou leurs émotions. Cette volonté de rester maître de la situation contribue à expliquer pourquoi de plus en plus de jeunes choisissent la sobriété.

Le binge drinking : un phénomène encore présent

Le binge drinking, qui consiste à consommer de grandes quantités d’alcool en un laps de temps court pour atteindre l’ivresse rapidement, reste une pratique répandue chez certains jeunes, notamment lors des soirées étudiantes ou des fêtes de fin de semaine.

Selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), environ 33 % des jeunes de 17 ans déclarent avoir connu au moins une ivresse importante au cours des six derniers mois. Bien que ce chiffre soit en baisse par rapport aux années précédentes, il reste préoccupant. Les conséquences du binge drinking sont nombreuses :

  • Accidents : les risques d’accidents de la route ou de blessures augmentent fortement sous l’effet de l’alcool.
  • Violences : l’alcool peut favoriser les comportements agressifs ou les conflits interpersonnels.
  • Santé immédiate : l’intoxication alcoolique aiguë, ou “coma éthylique”, est une urgence médicale fréquente chez les jeunes.

Le basculement vers d’autres substances

La diminution de l’alcool ne signifie pas pour autant une absence totale de comportements à risque. Certains jeunes, tout en réduisant leur consommation d’alcool, se tournent vers d’autres substances psychoactives.

  • Le cannabis : sa consommation reste stable, voire en légère augmentation dans certains groupes d’âge, avec une normalisation progressive dans les discours sociaux.
  • La cigarette électronique : bien qu’elle soit souvent présentée comme une alternative au tabac, son utilisation chez les jeunes explose, notamment avec des liquides contenant de la nicotine. Cet engouement devrait d’ailleurs prochainement se traduire par l’interdiction de leur vente.

Ces substances peuvent parfois devenir des substituts à l’alcool pour échapper au stress ou se conformer à une dynamique sociale.

La diminution de la consommation d’alcool chez les jeunes est une excellente nouvelle pour la santé publique. Cette génération semble plus consciente des enjeux sanitaires et prête à redéfinir ses priorités. Cependant, les défis restent nombreux, et il est essentiel de continuer à accompagner ces changements.

Car si les jeunes boivent moins, c’est aussi à nous, en tant que société, de leur offrir des environnements propices à un épanouissement sans dépendance. Un pari gagnant pour eux, comme pour l’avenir.

Si les jeunes boivent de moins en moins, il est important de continuer à les accompagner dans leurs choix. Les campagnes de prévention doivent évoluer pour répondre aux nouveaux enjeux.

  • Renforcer l’éducation à la santé dès le plus jeune âge, pour ancrer les bons réflexes dans les comportements des adolescents.
  • Proposer des alternatives attractives aux jeunes, comme des événements festifs sans alcool, des activités sportives ou culturelles.
  • Surveiller les nouvelles tendances, pour éviter que la baisse de la consommation d’alcool ne masque une montée en puissance d’autres comportements à risque.

Ces efforts collectifs permettront non seulement de consolider la tendance à la baisse de la consommation d’alcool, mais aussi d’accompagner les jeunes vers des comportements sains et responsables dans l’ensemble de leur mode de vie.

À SAVOIR 

Le discours de prévention autour de l’alcool est aujourd’hui central, mais cela n’a pas toujours été le cas. Jusqu’en 1956, le vin était servi dans les cantines scolaires françaises, perçu comme une boisson bénéfique. Ce n’est qu’avec l’évolution des connaissances médicales que la perception des risques a profondément changé.

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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