L’eczéma du bébé, comme celui de l’adulte (dermatite atopique), se traduit par des rougeurs, des démangeaisons et l’apparition de plaques. Comment traiter cette inflammation de la peau ? Les conseils du docteur Audrey Nosbaum, maître de conférence des universités, praticien hospitalier au CHU Lyon-Sud.
Faut-il éviter de se gratter lorsque l’on souffre d’eczéma ? Comment réagir ?
C’est un peu un cercle vicieux. Plus on dit de ne pas vous gratter, plus ça vous démange… Il faut surtout traiter la maladie. Pour cela, il faut d’abord traiter la peau sèche, qui, étant poreuse, va absorber tous les facteurs irritants. C’est ce qui est appelé l’»anomalie de la barriere cutanée». Dans ce cas, il faut recréer la barrière avec l’extérieur par l’application de crèmes grasses ou hydratantes (crèmes émollientes). La deuxième priorité est de lutter contre l’inflammation et les rougeurs avec des crèmes anti inflammatoires, des corticoïdes en crème et non par la bouche. Il existe d’autres traitements efficaces avec des immunosuppresseurs comme la crème Protopic.
Y a-t-il des précautions à prendre ? Peut-on prendre une douche en pleine crise d’eczéma ?
Il n’y a pas de régime alimentaire spécifique, ni aucune restriction particulière, pour combattre l’eczéma. Il faut avoir une vie normale, avec juste quelques petites précautions à prendre : la douche doit être courte, moins de 5 minutes, soit moins de deux chansons pour les enfants ! Surtout, pas de douche trop chaude car sinon, l’eau va enlever le bon gras que l’on veut garder à la surface de la peau poreuse.
Sport et eczéma
Le sport est-il contre-indiqué pour les personnes souffrant d’eczéma ?
Pendant longtemps, on a interdit aux enfants souffrant d’eczéma de faire du sport. C’était une erreur. Il faut au contraire faire du sport pour ne pas les frustrer, à condition de prendre ensuite une petite douche rapide, même sans savon, pour ôter la sueur qui peut être irritante.
Le stress est-il un facteur déclenchant ou aggravant ?
Le stress n’est pas la cause de l’eczéma mais il peut-être un facteur aggravant, influencer notre état cutané, comme pour toutes les autres maladies de peau.
Pourquoi ?
Parce que le stress active deux glandes situées au dessus du rein, les glandes surrénales, qui sécrètent les hormones du stress. Ces hormones peuvent influencer les cellules du système immunitaire qui génèrent l’inflammation de l’eczéma.
De nouveaux traitements contre l’eczéma
Peut-on attendre de nouveaux progrès de la médecine dans le traitement de l’eczéma ?
La recherche a déjà fait d’énormes progrès dans la compréhension du mécanisme de l’eczéma et le développement de nouvelles stratégies thérapeutiques. Si les traitements classiques ne suffisent pas, on peut désormais traiter par photothérapie ou avec des traitements systémiques pris en comprimés pour calmer l’inflammation. Seul problème, tout ces traitements n’ont pas tous pour l’instant l’autorisation de mise sur le marché pour l’eczéma atopique.
D’autres solutions thérapeutiques sont-elles envisagées à plus long terme ?
Oui, à l’avenir, on va voir se développer dans les prochaines années de nouvelles molécules issus de la biologie moléculaire pour cibler de manière spécifique le facteur déclenchant de inflammation. Ces « biomédicaments » ou biothérapie, ouvrent de nouvelles perspectives de guérison pour toutes les personnes souffrant d’eczéma.
Retrouvez la liste de tous les dermatologues et spécialistes de l’eczéma sur www.conseil-national.medecin.fr
A SAVOIR
En cas de démangeaisons intenses, quelques solutions existent pour éviter de trop se gratter. Parmi les astuces, l’hydratation et la pulvérisation d’eau thermale (passée auparavant au réfrigérateur) sur les zones touchées. La nuit, le fait de dormir avec des gants en coton voire des moufles pour les tout-petits permet de limiter les risques d’écorchures profondes.
